Lancé en 2009 à Paris, le Réseau Education et Solidarité, initité par la Mutuelle générale de l’Education nationale, est entré dans sa phase active. Jean-Philippe Huchet, vice-président de la MGEN, explique la finalité de cette initiative.

Quelle est l’ambition du Réseau Education et Solidarité ?

La MGEN s’est associée à l’Internationale de l’éducation (IE), qui fédère plus de 402 syndicats nationaux dans 173 pays et territoires et à l’Association internationale de la mutualité (AIM), qui regroupe 41 fédérations nationales de 27 pays, pour créer en mai 2009 le Réseau Education et Solidarité. Celui-ci vise cinq objectifs : la création et le développement de mutuelles, l’éducation et la formation, le développement de solidarités concrètes, l’échange de bonnes pratiques et le partage des outils et des expériences, le plaidoyer et la communication en faveur des solutions de protection sociale solidaire.

Vous vous appuyez sur les réseaux d’enseignants…

Nous sommes partis d’un triple constat : près de 80% de la population mondiale ne bénéficie pas de protection sociale ; la demande en matière de santé et de protection sociale augmente sensiblement et les dispositifs obligatoires ou étatiques ne parviennent pas à satisfaire cette évolution ; l’influence des systèmes assurantiels à but lucratif s’accroît et contribue à accroître l’exclusion au détriment des solutions solidaires.

A partir de ce constat, et puisqu’il s’agit de développer les mécanismes de protection sociale solidaire, nous avons pensé à nous appuyer sur des réseaux d’enseignants. Quels meilleurs vecteurs de protection sociale en effet que les professionnels de l’éducation, au travers de leurs enseignements et des valeurs d’éducation, de civisme et de solidarité qu’ils véhiculent ?

Qu’entendez-vous par “solidarités concrètes” ?

Notre idée est bien de sortir des logiques un tantinet paternalistes pour actionner de véritables dynamiques mutualistes. Il s’agit de faire jouer la proximité entre des professionnels qui exercent le même métier afin de créer de la solidarité en matière de protection sociale. Proposons aux enseignants des pays du nord de donner un peu de leur cotisation pour faciliter l’accès à la protection sociale de leurs collègues des pays du sud et ce, dans le cadre d’un même système mutualiste.

L’originalité de ce système, est qu’il fonctionne sur du net, sans coûts de gestion. Les enseignants du nord pourraient cotiser à hauteur de 20 euros par an, prélevés et transférés en net par notre partenaire bancaire, la Casden, sur le compte de la mutuelle d’accueil. Un exemple : on étudie la possibilité de demander à 15 000 enseignants français de cotiser pour permettre à 15 000 enseignants burkinabés de bénéficier d’un véritable système de protection sociale.

Encore faut-il trouver les bons partenaires au Burkina Fasso…

C’est la difficulté : nous devons trouver une mutuelle qui s’engage à ne pas dépasser les 10% de coûts de gestion et à respecter les trois valeurs expliquées plus haut. Nous sommes ici aidés par le bureau international du Travail, notre partenaire technique.

Ce projet n’est pas fermé sur les mutuelles…

Il est ouvert aux coopératives comme à l’ensemble des acteurs agissants de l’économie sociale pour peu qu’ils respectent les trois obligations de non-lucrativité, de démocratie et de solidarité. Souci de lisibilité et d’opérationnalité oblige, nous nous sommes limités à ces trois principes fondateurs car ils sont faciles à expliquer et à comprendre notamment au niveau international.

Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

Catégorie(s)

SOLIDARITE

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