Le chiffre du mois : 50 % de personnel scientifique en moins dans les 10 ans à venir
Les perspectives sont sombres pour la recherche française. Dans les 10 ans qui viennent, la moitié des universitaires, des ingénieurs, des techniciens et des chercheurs devront être remplacés. On constate aujourd’hui une baisse considérable du nombre des étudiants dans la plupart des filières conduisant aux métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche. Par rapport à 2002, le nombre de jeunes docteurs recrutés dans les universités et les organismes de recherche aura diminué de 1000 unités.
Les perspectives pour 2004 ne sont guère plus optimistes : 1 départ sur 2 ne sera pas remplacé, annonce le gouvernement. Les débouchés dans les autres secteurs plus directement liés à la production baissent aussi : 10 % environ des cadres et ingénieurs des secteurs publics et privés sont passés par la recherche dans le cadre de leur formation ; ce chiffre atteint plus de 50 % dans de nombreux pays développés.
Un horizon plombé par les mesures mises en place dans le budget 2003 programmant une baisse de plus de 30 % du budget de la recherche. Face à la mobilisation des chercheurs au mois d’avril dernier, Claudie Haigneré, ministre de la Recherche, a cherché à minimiser l’ampleur des dégâts en annonçant » solennellement que les EPTS (Etablissements publics à caractère scientifique et technologique) ne connaîtront en 2003 aucune nouvelle annulation de crédits de paiements et d’autorisations de programmes « .
Pour Francis-André Wollman, président de la section » Biologie végétale » du Comité national de la recherche scientifique, » par cet effet d’annonce, le ministère tente d’atténuer l’ampleur de la réaction des chercheurs et des organismes scientifiques. Les annulations des crédits non consommés au 31 décembre 2002 sont de fait supprimés du budget 2003, alors qu’ils correspondent à de vrais nécessités de gestion des labos, aussi bien pour leurs commandes en début du nouvel exercice budgétaire que pour l’achat d’équipement spécialisé « .
Dans tous les cas de figure, 10 % du budget sera au minimum amputé. » Dans ces conditions, il sera difficile à la recherche dans l’Hexagone de rester dans le peloton de tête des pays développés « , souligne Jean Pailhous, président de la CPCN (Conférence des Présidents du Comité national de la recherche scientifique).
Un appel des chercheurs vient d’être lancé demandant que » des mesures correctives soient prises pour que les crédits 2003 se situent au moins au niveau des crédits 2002 et que le budget 2004 marque une étape dans le processus devant porter, avant la fin de la décennie, à 3 % du PIB l’effort de recherche français « .