La prospective ne concerne pas que l’univers macroéconomique. Bien au contraire, la prospective des villes et des territoires se trouve au coeur des enjeux de demain. Mais souvent à tort, la prospective est assimilée à la prévision ou la planification. Alors qu’il s’agit d’un exercice d’anticipation qui suppose de suivre certaines méthodes afin de préparer l’action.

C’est « une manière de penser et de mettre en œuvre le futur d’un territoire, se forger une vision d’avenir de ce territoire fondée sur une démarche collective »  explique Fabienne Goux-Baudiment, prospectiviste animatrice de ProGective, et co-auteur avec Ghislaine Soulet, Jacques de Courson, du livre «  Quizz pour conduire un exercice de prospective territoriale » (1).

Evidemment quand on parle de prospective territoriale, il faut se fondre dans la dynamique des systèmes locaux. Un exercice d’autant plus délicat que l’univers des collectivités locales est soumis aux échéances à court terme des élections. La prospective se situe dans un horizon de 15 à 20 ans, horizon de principe qui permet au moins de bien faire la différence entre le « penser demain» et le « penser après -demain ». Le plus souvent, la démarche intègre deux échelles de temps : 4-5 ans, l’échéance électorale et 10-15 ans.

« La prospective territoriale se singularise aussi parce que « l’accent est mis sur le rôle des acteurs locaux, sur la notion de projet, la concertation avec la société civile…» souligne l’auteur. Le monde associatif a donc toute sa place dans la prospective territoriale, puisque c’est une démarche entreprise par les acteurs du territoire.

Il s’agit de penser collectivement les enjeux majeurs du territoire, les hiérarchiser, et parvenir à répondre aux questions simples mais incontournables « où allons nous, où voulons nous aller et comment y aller ?… »

Comme le souligne ce livre la prospective territoriale  regroupe principalement deux formes de prospective : normative, elle a pour objectif de définir une vision d’avenir commune aux acteurs locaux ; et participative, le résultat recherché n’est pas tant dans le contenu de la réflexion que dans le processus lui-même, elle se focalise alors sur l’implication des acteurs.

Que peut on en attendre ? : « Un panorama des futures possibles, une mise en mouvement de la société locale, grâce à l’exploration de pistes, une vision de l’avenir souhaitable et enfin l’ensemble des actions à conduire pour atteindre l’objectif fixé » résument les auteurs.

Mettre en mouvement une société locale concerne d’un coté les acteurs des territoires -chefs d’entreprise, leaders syndicaux, responsables associatifs, acteurs culturels…- mais aussi les habitants. Les premiers « par leur brassage, impulsent une nouvelle dynamique, non seulement à la réflexion collective mais aussi à la vision à l’identité qui anime tout projet de territoire. Grâce à cet exercice ils peuvent se construire une vision commune … » observe-t-on. Du coté des habitants, l’expérience montre à quel point ils sont intéressés par le futur et que quand les démarches de prospective sont ouvertes au public, la participation est au rendez-vous. Lorsqu’il existe un espace public de débat, une dynamique de réseau se met généralement en place permettant une dimension de créativité collective. En résumé, la prospective territoriale sert à réfléchir collectivement, à trier parmi les avenirs souhaitables, entre l’essentiel et le secondaire, le faisable et l’irréaliste, et ainsi de donner du sens au territoire, mais aussi de l’espoir à ses habitants.

(1) édition du Certu

Au sujet de Estelle Leroy

Estelle Leroy-Debiasi est journaliste professionnelle, Diplômée en Economie, ex rédactrice en chef du quotidien économique La Tribune. Elle contribue régulièrement au site ElCorreo, site de la diaspora latinoamericaine.

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ETUDE, Sciences et société, VILLE & URBANISME

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