Cécile Duflot présente, mardi 21 mai, un projet de loi l’habilitant à légiférer par ordonnances pour accélérer les projets de construction dans le secteur du bâtiment.

Très bien, mais voila qu’une malheureuse coquille s’est glissée à l’article 1 (6° c), permettant aux offices HLM de créer des filiales dédiées au “logement intermédiaire”, proposant des loyers entre ceux des HLM et ceux du marché.

Alors que les bailleurs sociaux sont encore très loin des objectifs de construction de 150 000 logements sociaux par an, ce projet de loi risquerait de détourner l’attention, les compétences, le foncier disponible et surtout les fonds propres des offices pour construire du logement destiné aux classes moyennes supérieures (par exemple, un couple avec un enfant gagnant plus de 58 000 euros par an).

Alors qu’il y a en France 1,1 million de personnes en attente d’un logement social selon la Fondation Abbé Pierre, et plus généralement 10 millions de personnes concernées par le mal-logement, le ministère ne doit pas perdre son bon sens : l’argent du logement social, pour le logement social : c’est là qu’il y a urgence.

Si l’on veut vraiment faire de l’intermédiaire, il reste une possibilité : tenir les promesses de François Hollande et Cécile Duflot, en forçant les investisseurs institutionnels, les fameux zinzins, à revenir sur le marché du logement. La fondation Terra Nova, vient de publier un excellent rapport qui démontre que l’on peut amener les zinzins à construire 50 000 logements intermédiaires par an en zones tendues, sans dépenser un euro d’argent public. Il suffit de conditionner les immenses avantages de l’épargne défiscalisée à la réorientation d’une part de ces actifs vers le logement. Pourcentage de ces actifs réorientés ? 0,3% par an. Dégradation des résultats des zinzins ? 0,016 % au plus ! Qu’est-ce qu’on attend ?

Enfin, dernier rappel : si l’écart entre les loyers HLM et les loyers de marché est si grand, c’est à cause de l’envolée des loyers depuis 12 ans. La solution est donc là aussi de respecter les promesses de campagne et d’organiser un miroir des loyers qui permette de baisser de 20 % les loyers des zones tendues.

Rendez-vous pour cela avec la loi Duflot 2 cet été…

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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