Logement étudiant, la fièvre monte à El Studio
Pour les jeunes, la recherche d’un logement à Paris devient kafkaïenne. Pénurie de logements sociaux dédiés, coût prohibitif des loyers et pratiques douteuses des agences, c’est la galère assurée.
Triste record
En cette rentrée universitaire, Paris affiche un triste record : celui d’être devenue une ville hors de prix pour un jeune ou un travailleur précaire (CDD, stagiaire). (Lire aussi: « L’accès au logement : une exigence citoyenne, un choix politique ») . Pas étonnant que 46% de jeunes franciliens de moins de 29 ans choisissent, ou plutôt ne choisissent pas, de vivre chez leurs parents.
À Paris, les loyers des studios ont augmenté de 6,06% et ceux des 2 pièces de 3,85%, en un an. Aujourd’hui il n’y est pas rare de devoir débourser plus de 1000 euros pour un studio de 25 m2 ! Et côté logements sociaux, c’est la Bérézina : la Région Parisienne dispose de seulement 4 logements pour 100 étudiants bénéficiaires. Du coup, ils sont quelques 300 000 à se retourner vers le privé, en quête de la perle rare, à savoir un studio pas trop cher à Paris. Une aubaine pour les professionnels de l’immobilier, qui n’hésitent pas à en rajouter, selon une récente enquête de l’UFC Que Choisir, intitulée « Logement Locatif, des pratiques peu louables »
On y lit par exemple que dans 70% des 1056 agences visitées, les honoraires souvent très salés ne sont pas calculés en fonction d’une prestation de service, mais indexés sur le montant du loyer. C’est le bon vieux principe de la double peine qui s’applique ainsi au locataire : quand les prix de l’immobilier s’envolent, les honoraires d’agences qui lui sont demandés également.
Des pratiques inavouables
En outre, les agences en rajoutent une couche sur les garanties qu’elles exigent. Certaines demandent par exemple aux candidats à la location de gagner de 3 à 4 fois le prix de leur loyer. On imagine dès lors la difficulté des étudiants à intégrer la bonne pile de dossiers. Cela n’est pas légal, mais ne gène visiblement pas certains professionnels de l’immobilier. 62 % des testés demandent au moins un document interdit pour la constitution des dossiers (comme une attestation de l’employeur, une autorisation de prélèvement automatique, une photographie d’identité, un chèque de réservation…)
Sans parler des spécialistes de l’arnaque, ces marchands de liste qui font florès sur Internet. Chez 70% d’entre eux, le jeune aux abois se verra délesté de 200 à 300 euros pour l’obtention d’une liste de logements… Généralement déjà loués !
Et ces pratiques continuent d’années en années, sans réaction des pouvoirs publics, à part quelques récents effets d’annonces de Laurent Wauquiez, notre ministre de l’enseignement supérieur.
Un passeport logement étudiant cher payé
Afin de répondre à cette crise aigue du logement, il a récemment sorti de son chapeau un « passeport logement étudiant » réservé cette année aux seules académies de Lil le et Lyon. « Il s’agit de créer un fonds prenant en charge le dépôt de garantie que doivent débourser les étudiants à la location de leur logement. Ce fonds se portera également caution solidaire en lieu et place des parents » explique le ministre. Mais il en coutera 50 euros supplémentaires par an aux étudiants. Cherchez l’erreur, alors qu’il existe quelques mesures simples à prendre pour contrôler les pratiques douteuses des agences immobilières et encadrer enfin sérieusement les hausses de loyers au moment des changements de bail. C’est ce que demandent depuis des années les associations.
Le collectif Jeudi Noir, quant à lui a fêté la rentrée des classes en occupant festivement une agence immobilière, le 30 août dernier,
nous rappelant au passage qu’il faut absolument qu’une réflexion sur la politique du logement devienne l’un des thèmes forts de la campagne présidentielle qui s’annonce.
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