Le jeudi 26 mai 2011, après seize années de cavale, l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie le Général Mladic, a été enfin arrêté . Un moment historique pour la justice internationale.
Rappelons-nous : Le 11 juillet 1995, la ville de Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine, décrétée zone de sécurité et placée sous la protection de l’ONU, tombait aux mains du général Mladic, chef de l’état-major de l’armée des Serbes de Bosnie.
S’ensuivait le plus impitoyable massacre, en Europe, depuis la deuxième guerre mondiale. Quelque 8000 hommes et jeunes garçons furent exterminés.
C’était il y a seize ans et cela fait seize ans que Ratko Mladic est recherché par la justice internationale
Seize ans de trop pour les familles des survivants, pour l’honneur de la communauté internationale qui s’est engagée formellement à leur rendre justice et pour tous les citoyens qui plaident en faveur du respect intégral et inconditionnel du droit international humanitaire.
Depuis seize ans, en protégeant le bourreau de Srebrenica, la Serbie qui réclame son adhésion à l’Union Européenne, a bafoué les principes fondamentaux de la construction européenne en refusant de coopérer avec la justice. En place d’une défense intransigeante de ses principes, à la fois européens et universels, l’Union Européenne qui avait conditionné une avancée dans l’intégration de la Serbie à une pleine coopération avec le Tribunal Pénal International, s’est contentée de réclamer la pleine coopération de Belgrade avec le Tribunal sans exiger comme préalable le transfert immédiat de Mladic à La Haye. Son indulgence à l’égard de la Serbie a permis à Belgrade de sursoir à ses obligations et profité principalement à Mladic, tandis que le TPI faisait justement savoir que les « efforts » de la Serbie pour arrêter Mladic n’étaient pas « suffisants »
Mais après seize ans, face au combat des familles de victimes, à l’engagement des associations de citoyens (dont Place Publique) et aux appels pressants de Serge Brammertz, le procureur du Tribunal Pénal International sur l’ex-Yougoslavie, l’intransigeance a payé.
L’arrestation de Mladic était une obligation légale internationale. Il incombait en effet à tous les Etats de faire respecter la Convention de 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide, ratifiée par l’ensemble des membres de l’UE. La Serbie a d’ailleurs été condamnée par la Cour Internationale de Justice (CIJ) le 26 février 2007 pour violation de cette même convention faute d’avoir transféré Ratko Mladic et sommée de « prendre immédiatement des mesures effectives pour s’acquitter de son obligation ». En outre, de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (elles aussi obligatoires) avaient commandé à la Serbie de procéder sans plus attendre à cette arrestation.
Aujourd’hui, c’est fait. Le criminel de guerre va être enfin jugé.
Serge Brammertz, Procureur du TPIY, a fait au sujet de cette arrestation la déclaration suivante
:
« Je me réjouis de l’arrestation de Ratko Mladić, survenue aujourd’hui en Serbie. Nous attendons actuellement que soient prises les dispositions nécessaires à son transfèrement à La Haye, où il sera jugé par le Tribunal pénal international pour l’ex Yougoslavie.
Nous saluons le travail réalisé par les autorités serbes, et notamment celui du Conseil national de sécurité et du Groupe d’intervention, pour appréhender Ratko Mladić. Nous les remercions d’avoir respecté leurs obligations vis-à-vis du Tribunal et de la justice. Nous saluons également les efforts qu’a consentis la communauté internationale pour apporter son soutien aux mesures qui ont permis d’obtenir cette arrestation.
En apprenant cette nouvelle, nous pensons avant tout aux victimes des crimes commis pendant les conflits en ex-Yougoslavie. Ces victimes ont connu des souffrances et vécu des atrocités inimaginables, dont le génocide de Srebrenica, et elles attendent depuis longtemps réparation. L’arrestation de Ratko Mladić est également particulièrement importante pour tous les habitants de l’ex-Yougoslavie. Nous estimons qu’elle peut avoir un effet positif sur la réconciliation dans la région.
C’est également un grand jour pour la justice internationale. L’arrestation de Ratko Mladić adresse un message clair illustrant l’engagement ferme en faveur de la justice pénale internationale. Les événements d’aujourd’hui montrent que les responsables de violations graves du droit international humanitaire ne peuvent plus compter sur l’impunité ».