Le cinéma, c’est la vie ! Allez voir Squat et Donoma…
Pendant que les Indignés hexagonaux scandent leurs slogans sous la pluie du parvis de la Défense, les Verts et le PS marchandent sièges contre EPR… Palabres, palabres, novembre vous pèse ? Précipitez-vous dans les salles obscures pour voir Squat et Donoma. Ces deux films épatants, qui à coup sûr, vous rendront la pêche.
Reconquête urbaine
Mon premier est un documentaire : Barcelone, années 2000. Ce sont les années de la spéculation immobilière et de la gentrification à outrance de la capitale catalane. Les anciens du quartier populaire de la Barceloneta sont expulsés de leurs logements dits « insalubres » pour faire place nette à de juteuses opérations immobilières. Mais c’est sans compter sans la résistance d’une petite bande d’insurgés, les jeunes de « Miles des Viviendas » (des milliers de logements). Pendant huit ans, ils ont investi les immeubles vides, squatté au nez et à la barbe des autorités, tissé des liens de voisinage et de résistance avec les habitants historiques, et vécu une expérience de vie inoubliable.
Le film de Christophe Coello les suit au plus près, dans leur vie quotidienne, là où le collectif et les individualités se confrontent. Surprise, si les idéaux communautaires des squats historiques des années 70, comme celui la rue des Caves en France, ont disparu, la dimension politique, elle, est bien vivante. Les jeunes squatteurs de Barcelone s’organisent, pratiquent les mêmes actions spectaculaires dans l’espace public et ressentent le même besoin de tisser des liens avec leurs voisins pour lutter ensemble. Ils retrouvent les mêmes combines pour subsister et s’organiser, pratiquent avec le même enthousiasme l’art du maniement du pied de biche et de la rhétorique ! Bref, une belle histoire de vie et de luttes, dont on sort le sourire aux lèvres.
Le jour est là
Mon second est, d’après Djinn Carrénard, son réalisateur, un film guérilla. C’est surtout l’aboutissement d’une formidable envie de cinéma : Avec en tout et pour tout 150 euros en poche, sa rigueur morale et son charisme d’enfer, Djinn a réussi à entrainer dans une folle aventure de création une équipe de jeunes comédiens, tous formidables. Ensemble ils ont porté le projet, réalisé et autoproduit Donoma (« Le jour est là » en langue sioux) et assuré sa com en multipliant les flash mobs rigolotes et en créant le buzz via la page Facebook « Je veux voir Donoma » ! Le tout sans aucune compromission.
Résultat, un petit bijou de fraicheur et de vitalité qui nous raconte les vies et les envies d’une génération, celle des années 2010. Leurs histoires d’amour, de solitude, de pouvoir et d’amitié se mêlent, se croisent et se répondent, un peu à la manière d’un John Cassavettes, alliant une vraie liberté de ton à une grande liberté de forme. Les spectateurs des festivals où le film a été projeté (dont Cannes) ne s’y sont pas trompés : La profonde humanité des personnages servie par des impros hallucinantes filmées à l’épaule ont déclenché des réactions enthousiastes dans les salles obscures.
La bande de guérilleros a même réussi à remplir la salle du grand Rex le 5 novembre dernier pour une avant première mémorable, avant de partir en car faire un « Guerilla Tour » avec projections et rencontres au programme dans 30 villes de France. Alors un conseil : guettez leur passage, ou mieux, rendez-vous sur le site officiel du film
http://www.donoma.fr/
pour les dates de la caravane. Vous ne le regretterez pas, car pour paraphraser Vincent Lindon dans Pater, d’Alain Cavalier « Donoma, c’est un film de cinéma, donc c’est la vraie vie ! »
Donoma, de Djinn Carrenard, avec Emilia Derou-Bernal, Sékouba Doucouré, Salomé Blechmans, France, 2011, 2h13, sortie le 23 novembre.
Squat, de Christophe Coello, France, 2011, 1h34, sortie le 2 novembre.
www.squat-lefilm.com