Le bio ne connaît pas la crise
Avec une progression de 24% en 2009, la filière bio affiche une belle santé. Mais le bio reste un marché de niche. Et reste trop dépendant des importations.
Avec 16 446 exploitations recensées en 2009, la filière biologique enregistre une progression de 23,7%. L’Agence Bio présentait le 19 mai 2010 les résultats d’un secteur que la crise semble épargner. “En 2009, Chaque mois, 300 nouveaux producteurs ont rejoint la filière», s’est réjouie Elisabeth Mercier, directrice de l’agence. A l’échelle des 621 agriculteurs qui ont décidé en 2009 de cesser la production bio, on serait donc sur un ratio très porteur.
La croissance du secteur se décline à l’ensemble des opérateurs : le nombre des transformateurs, distributeurs, importateurs est passé en un an à 25 203 (+21%). Elle concerne toutes les régions (entre +11% et + 36) et tous les secteurs de production (fruits, légumes, viande, œufs…).
Encore bien loin des objectifs du Grenelle
Si le Bio se développe à grande vitesse dans l’Hexagone, son poids relatif est loin d’atteindre les seuils fixés par le Grenelle, a rappelé la Elisabeth Mercier. Aujourd’hui, il représente 2,46% de la surface agricole utile (SAU), soit beaucoup moins que les 6% prévus pour 2012. Mais les écarts territoriaux demeurent importants :14 départements auraient d’ores et déjà une SAU supérieure à 6%.
Deux régions arrivent en tête : Provence-Alpes-Côte d’Azur (8,7 % de la SAU) et Languedoc-Roussillon (6,4 %). Le président de l’Agence Bio, Pascal Gury, a estimé que l’objectif du Grenelle était réalisable dans les deux ans. Plusieurs dispositifs de soutien ont été mobilisés, comme une aide à la conversion et le doublement du crédit d’impôts applicable aux exploitations bio.
Consommation en hausse de 20%
Quant aux consommateurs, ils en redemandent, affirme l’agence, qui situe la part du bio à 1,9% du marché alimentaire global, soit près de deux fois plus qu’en 2005. En 2009, la consommation bio a progressé de 19%, générant un marché de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Et ce, sans que les prix aient – en moyenne tout au moins- augmenté en 2009.
Ces bons chiffres, la consommation les doit notamment à la diversification des circuits de distribution. Les enseignes de grande distribution représentent à elles seules 45% des ventes, devant les magasins spécialisés (38%), la vente directe (12%) et le petit commerce de proximité (5%).
Paradoxe : le bio importe de plus en plus
Reste à régler un vrai problème… Si pour certains produits (volailles, viande bovine, œufs et vin), la production française suffit à satisfaire les besoins des consommateurs, 38% des produits bio sont encore importés, majoritairement des pays voisins (Espagne, Italie, Allemagne). Le déséquilibre s’est renforcé en 2009, la part des importations ayant augmenté de 8%. Un paradoxe pour un mode de production qui prône l’ancrage dans les territoires et la protection de l’environnement.
Le poids de l’import s’explique par l’augmentation de la demande, mais aussi par les contraintes de production. Il faut du temps pour convertir une exploitation ou un élevage au bio, de deux à trois ans, le temps que les produits chimiques jusqu’alors utilisés ne laissent plus de trace dans le sol. D’où, mécaniquement, un effet de tension que la filière peine à juguler.
Pourtant, les importations concernent pour un tiers des denrées qui pourraient être produites en France, notamment le lait, les céréales, les fruits et légumes, la viande porc.