Jeudi 22 janvier 2009[Pour lire l’ensemble du discours : [http://www.elysee.fr/documents]]

«…/… Il y a quelques mois, avec le Premier ministre nous avons chargé Valérie PECRESSE, de coordonner la définition d’une stratégie nationale de recherche et d’innovation. Pourquoi ?

Parce qu’en l’absence d’une stratégie claire dans ce domaine et avec un système d’enseignement supérieur et de recherche inadapté aux défis de la connaissance et de la croissance du XXIème siècle, il ne fallait pas s’étonner que la France éprouve des difficultés à tirer son épingle du jeu.

Ce n’est pas parce que l’on a une stratégie qu’on réussit, mais honnêtement quand on n’a pas de stratégie on a assez peu de chance de réussir.

Et nous ne sommes pas aujourd’hui dans le peloton de tête des pays industrialisés pour la recherche et l’innovation. Il y a une raison à cela quand même, c’est parce que bien souvent on a reculé devant la nécessité de réformer nos universités et de nos organismes de recherche.

Je n’accuse personne, c’est un constat que chacun peut faire, il y a toujours des bonnes raisons de ne pas faire la réforme, mais au total ça fait des mauvaises raisons.

Il faut bien reconnaître que depuis des décennies, le conservatisme l’a toujours emporté…/… ».

« …/…Nulle part dans les grands pays, sauf chez nous, on n’observe que des organismes de recherche sont à la fois opérateurs et agences de moyens à la fois, acteurs et évaluateurs de leur propre action. Je vois que cela peut être confortable. Je pourrais en tirer quelques conclusions pour moi-même. C’est un système assez génial d’ailleurs, celui qui agit est en même temps celui qui s’évalue.

Qui peut penser que c’est raisonnable ? Cela peut provoquer un certain confort, un confort illusoire du moment parce que l’on voit bien les limites de l’exercice. Nulle part comme en France on a autant multiplié les instituts, agences, groupements et autres organismes microscopiques qui diluent les moyens, les responsabilités, tirent chacun à hue et à dia, et gaspiller temps et argent…/… »

« …/…Notre organisation « à la française » donne-t-elle de meilleurs résultats ? Est-ce qu’il suffit de dire que c’est une organisation « à la française » pour considérer que l’on a clos le problème, refermé le dossier, exploré toutes les pistes ? Je rappelle qu’elle repose sur des bases définies au lendemain de la seconde guerre mondiale, complétées à la fin des années 60, dont les archaïsmes et les rigidités ont été soigneusement figées au début des années 80. On a réfléchi en 1945, on a encore un peu réfléchi dans les années 60 et on a annoncé que l’on arrêté de réfléchir dans les années 80.

Nous sommes en 2009. Est-ce raisonnable ? Certes nos meilleurs chercheurs obtiennent des récompenses prestigieuses : un prix Nobel et un prix Turing l’année dernière, deux prix Nobel cette année. Nous avons des domaines d’excellence reconnus et enviés dans le monde entier, mathématiques, physique et aux sciences de l’ingénieur. Mais ces admirables chercheurs et ces points forts – j’ose le dire -ne sont-ils pas l’arbre qui cache la forêt ? Ne servent-ils pas parfois d’alibi aux conservateurs de tous poils, que l’on trouve à droite en nombre certain et à gauche en nombres innombrables.

Je dis innombrables à gauche car ils sont plus nombreux…/… »

« …/…La recherche serait-elle uniquement une question de moyens et de postes ? Comment donc expliquer qu’avec une dépense de recherche plus élevée que celle de la Grande Bretagne, plus élevée et environ 15% de chercheurs statutaires en plus, que nos amis Anglais, la France soit largement derrière elle pour la part de la production scientifique dans le monde ? Il faudra me l’expliquer !

Plus de chercheurs statutaires, moins de publications et pardon, je ne veux pas être désagréable, à budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50% en moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs.

Évidemment, si l’on ne veut pas voir cela, je vous remercie d’être venu, il y a de la lumière, c’est chauffé…… On peut continuer, on peut écrire. C’est une réalité et si la réalité est désagréable, ce n’est pas désagréable parce que je le dis, c’est désagréable parce qu’elle est la réalité, c’est quand même cela qu’il faut voir.

Arrêtez de considérer comme sacrilège celui qui dit une chose et voir si c’est la réalité.

C’est la réalité qu’il faut contester dans ce cas là. La valorisation et les transferts de technologie de la recherche vers les entreprises donnent en France – je veux le dire -des résultats médiocres, médiocres et ceci nous prive des centaines de milliers d’emplois que sont capables de créer les grands campus nord américains comme l’Université de Californie à Berkeley, ou même européens comme les campus néerlandais, britanniques et allemands qui génèrent à partis de clusters beaucoup d’emplois, beaucoup de valeur ajoutée et beaucoup de créations de richesse…/.. »

« …/…Pouvons nous nous satisfaire de l’organisation « à la française » du système de recherche et d’innovation ? N’y a-t-il pas urgence à en finir avec une organisation désastreuse, qui multiplie les structures et gaspille les moyens. N’y-a-t-il pas eu assez de rapports décrivant la situation ? Faut-il attendre encore ? Attendre quoi ? Que la situation se dégrade ? Que l’on prenne d’avantage de retard ? Que la crise passe ? Pour que l’on attende la suivante ?

C’est pour cela que nous mettons progressivement les universités autonomes au centre du dispositif de recherche et d’innovation et que les organismes de recherche doivent opérer leur transformation en agences de moyens.

C’est pour cela que nous allons simplifier l’organisation du CNRS en créant des Instituts internes qui seront des agences de moyens. C’est pour cela que nous allons restructurer, intégrer, simplifier l’organisation de la recherche dans les sciences du vivant et de la santé.

C’est pour cela que nous allons simplifier les règles de la propriété industrielle et que nous allons développer sur chaque site universitaire des structures uniques permettant à tous les acteurs de la recherche et de l’innovation, universités, grandes écoles, organismes de recherche et entreprises, de s’asseoir autour de la même table…/… »

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