Un rapport du Conseil de l’Europe, émanant d’un groupe de personnalités*, dresse l’état des lieux des problèmes liés à la discrimination et propose des solutions pour mieux « vivre ensemble » dans la diversité

Le 11 mai 2011, Javier Solana Madariaga a présenté à Istanbul le rapport « Vivre ensemble » : Conjuguer diversité et liberté dans l’Europe du XXIe siècle à la session du Comité des Ministres au nom du Groupe d’éminentes personnalités. Dressant le bilan des problèmes que pose la résurgence de l’intolérance et de la discrimination en Europe, ce rapport analyse « la menace » et propose « la réponse » pour « vivre ensemble » dans des sociétés européennes ouvertes.

S’appuyant sur les principes de la Convention européenne des droits de l’homme, le Groupe met en évidence huit risques spécifiques menaçant les valeurs du Conseil de l’Europe : l’intolérance généralisée, la discrimination croissante (en particulier à l’encontre des Roms et des immigrés), le soutien de plus en plus affirmé que recueillent les partis xénophobes et populistes, les sociétés parallèles, l’extrémisme islamiste, la perte des libertés démocratiques, la présence d’une population virtuellement sans droits et la possibilité d’un clash entre « liberté de religion » et liberté d’expression.

Le rapport souligne certains des facteurs qui sous-tendent « la menace » : l’insécurité induite par la crise financière et l’impression d’un déclin relatif du Vieux Continent, une perception faussée de l’immigration, perçue comme massive, une image biaisée des minorités et des stéréotypes négatifs dans les médias et dans l’opinion publique et, enfin, un déficit manifeste de leadership qui se traduit par l’absence d’une vision claire de la destinée de l’Europe.

« La réponse » envisage 59 « propositions d’action », les 17 premières étant des « recommandations stratégiques » à l’intention des institutions européennes et de leurs Etats membres. Le Groupe énumère les principaux acteurs en mesure de faire évoluer les mentalités : les éducateurs, les médias, les employeurs et syndicats, la société civile, les cultes et groupes religieux, les célébrités et « modèles », les villes et cités, les Etats membres et les organisations européennes et internationales.

Parmi les 17 principes directeurs qu’il formule, le Groupe insiste sur le fait qu’il n’y a pas lieu d’exiger des immigrés qu’ils renoncent à leur foi, leur culture ou leur identité dès lors qu’ils respectent la loi.

« La diversité est donc là pour durer, a dit le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe Thorbjørn Jagland. Nous devons apprendre à vivre avec, à la gérer et à en tirer parti. Je suis convaincu que ce rapport sera suivi d’effet sur le plan politique, éventuellement avec un plan d’action pour suivre les questions soulevées par le Groupe »

*Le Groupe d’éminentes personnalités est présidé par l’ancien ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer et se compose d’Emma Bonino (Italie), Timothy Garton Ash (Royaume-Uni), Martin Hirsch (France), Danuta Hübner (Pologne), Ayşe Kadıoğlu (Turquie), Sonja Licht (Serbie), Vladimir Loukine (Fédération de Russie) et Javier Solana Madariaga (Espagne). Le rapporteur est Edward Mortimer (Royaume-Uni).

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

SANTE

Etiquette(s)

, ,