« Un p’tit vélo dans la tête » est une association grenobloise de 760 membres créée en 1994 pour promouvoir l’usage et l’image du vélo en ville. Elle se consacre au recyclage de vélos ainsi qu’à l’organisation de nombreuses animations promotionnelles. Un atelier professionnel en libre accés pour ses membres, un arsenal complet d’outils des plus communs aux plus exotiques, des conseils de spécialistes, un montant d’adhésion ridicule… l’association a déroulé le tapis rouge aux princes et rois de la petite reine.

01--tati.jpgC’est dans une rue discrète, presque secrète, de la ville de Grenoble que l’association « Un ptit vélo dans la tête » a pris refuge. Mais, le calme apparent en ce samedi matin n’est qu’un leurre. En franchissant l’imposante porte de l’atelier, on découvre en effet en arrière-fond une curieuse scène. Une poignée de personnes vétues de bleus de travail est en train de bricoler, concentrées, les ongles noircis et le nez collé sur des carcasses de vélos.

A cette heure si matinale, seul le brouhaha tonitruant de la radio étudiante locale qui diffuse les tubes rocks du moment tient tout ce petit monde réveillé. Ces bricoleurs du samedi sont les irréductibles de l’association qui préfèrent de loin la camaraderie des crasses matinées aux langueurs des grasses matinées.



Des vélos à l’abandon

C’est Pablo qui m’accueille et me présente l’association : « Un p »tit vélo dans la tête repose sur un concept simple et de bon sens : le recyclage des vélos, VTTs et autres vélocypèdes. Je suis actuellement le seul salarié mais nous réflechissons à la possibilité de recruter quelqun d’autre. Ne bénéficiant d’aucune subvention (à part celle de la ville de Grenoble pour payer le loyer), cela n’est pas évident. Pour l’instant, nous fonctionnons avec une dizaine de bénévoles actifs dont la plupart sont membres du conseil d’administration ».

Puisque ce sont dans les vieilles marmittes qu’on fait les meilleurs potages, c’est donc forcément avec les vieux biclous qu’on fait apparaitre les plus flamboyantes bicyclettes. L’association récupére ici et là des vélos abandonnés ou endommagés pour ensuite les mettre à disposition des bricoleurs amateurs de l’association qui leur redonneront une seconde jeunesse et quitteront les lieux avec le postérieur dessus. Un strip-tease intégral est donc effectué sur les machines par ces petites mains enthousiastes mais délicates. « Chuuuut… ne t’approche pas de là, je suis en train de recomposer une sonnette ! », conseille l’un de ses bricoleurs consciencieux. Chaque pièce démontée est méticuleusement classée : les selles s’empilent dans une caisse spéciale, une autre caisse accueille les pédales démontées, une troisième est réservée aux pédaliers. Les cadres de vélos et les jantes de roues ont quant à elles une place de premier choix : le plafond ! En suspension ! Sandrine qui n’était pas du tout une fondue de mécanique chez elle s’est pourtant rapidement découverte une nouvelle passion avec cette association : « Tous les outils professionnels (parfois trés chers pour un simple particulier) sont mis à la disposition des membres de l’association : dévoileur de jante, démonte-pédalier, … Ce qui nous rend vraiment autonome pour la maintenance de notre machine ». Comme les clés et pinces ont tendance à rapidement s’éparpiller, un message à la craie rappelle avec un humour un peu fataliste la règle de base de cet atelier collectif : « Toujours ranger plus d’outils que vous en avez utilisé ». Un peu plus loin sur le tableau, une autre phrase au parfum plus ironique : « Un jour, on fera la guerre pour des vélos »…





Le vélo, un pretexte

Plus la matinée avance, plus le local rentre en effervescence. Mais une personne semble plus affairée que les autres, sans cesse sollicitée : « Pablo ! Comment dois-je faire pour fixer le roulement à bille ? », « Pablo ! Quelqu’un au téléphone pour toi ! », « Pardon, c’est vous Pablo ? Je voudrais adhérer à l’association ». Pablo est un ancien étudiant en philosophie venu du Chili, son accent espagnol est l’ultime illustration pour nous convaincre, s’il en était encore nécessaire, de l’esprit « auberge espagnole » du local : une atmosphère conviviale et chaleureuse. « En tant qu’étranger, j’aime beaucoup travailler ici car de nombreux étudiants européens du programme ERASMUS viennent s’y retrouver. Le vélo est presque devenu un pretexte ».





Cadeau d’anniversaire

Si chacun vient au local avant tout pour travailler sur son propre vélo, les barrières tombent rapidement et chacun a vite le reflexe d’aider son voisin d’établi en prétant son outil, en suggérant un diagnostic ou même en y allant de sa petite démonstration. Ah! Le fameux « Bouge toi un peu de là, j’te montre ! ».


Ce jour-là, un groupe d’amis est venu finir de préparer un vélo pour l’offrir comme cadeau d’anniversaire à l’un des leurs, absent. « C’est son anniversaire et il vient de se faire voler son vélo voilà tout juste deux semaines ; depuis hier, on se relaie à plusieurs pour bosser sur une nouvelle carcasse afin de lui en faire la surprise ». Les tâches entre les différents protagonistes sont réparties de manière amusante : deux d’entre eux ont les mains dans le cambouis pour réaliser la réparation, un autre suit attentivement afin d’apprendre la leçon et le quatrième, les mains dans les poches, a la lourde charge de taquiner ses 3 amis plus consciencieux. Tout ce petit monde plongeant dans un profond silence au moment du test final… Ouf ! Ca marche ! Les chamailleries peuvent recommencer… Sur ces mots, la troupe d’amis part rejoindre les trottoirs. A la sortie de l’atelier, d’autres victorieux bricoleurs ne veulent pas s’arracher trop rapidement de la chaleur des lieux.







Ateliers de recyclage de vélo en France

  « Un ptit vélo dans la tête »

www.ptitvelo.net

contact@ptitvelo.net

5 bis rue de Londres.

38000 Grenoble.

Tél. 04 76 21 46 01.

  « Le recycleur »

www.fubicy.org/lyonrecycleur/

velo.lerecycleur@laposte.net

44 rue Burdeau

69001 LYON.

Tél. 04 72 00 23 57

 « Vélorution Toulouse »

http://velorution.free.fr/pagetemoignage.html#article2