Quota de stagiaires : l’urgent c’est d’attendre ?
Plus d’un stage (6 mois) après la promulgation de la loi sur l’encadrement des stages, le collectif Génération Précaire et tous les stagiaires attendent toujours d’être gratifiés du décret fixant un seuil maximal de stagiaires. Perdu dans les méandres du Conseil d’Etat, Génération-Précaire attend toujours sa publication au Journal officiel.
La jeunesse, priorité du candidat Hollande, semble avoir été oubliée en route. Serait-ce une mauvaise habitude ? De gouvernements en gouvernements, les décrets ont toujours tardé, été amputés ou n’ont tout bonnement jamais vu le jour. En 2011, déjà, la loi Cherpion avait été promulguée mais les décrets jamais publiés. Forte de ce constat, la loi Khirouni comprenait d’ailleurs des dispositions qui auraient dû être fixées par décret dans la loi précédente.
Que proposait la loi ? Un seuil maximum de 10% de stagiaires dans les entreprises de plus de 30 salariés et 3 stagiaires pour les entreprises de moins de 30 salariés.
Pourtant, à l’heure où le Gouvernement envisage de généraliser le recours au service civique, autre trappe à précarité, instaurer un quota de stagiaires par entreprise est une des mesures les plus importantes de la loi récemment votée. Elle oblige les entreprises à limiter le recours aux stagiaires dans leurs équipes et favorise ainsi l’ouverture d’emplois aux jeunes diplômés. Cette mesure permet également un meilleur accompagnement des stagiaires.
Les entreprises ont pourtant tout à gagner à mettre en place cette mesure. En améliorant l’encadrement des stagiaires au sein des services, c’est la fidélité des collaborateurs de demain que gagnent les entreprises. L’État, a lui aussi tout à gagner dans l’opération puisqu’il engrangerait ainsi des recettes tout en luttant contre la précarité.
Proposition de longue date du collectif Génération Précaire, cette mesure a l’avantage de lutter efficacement contre les abus en matière de stage sans rien coûter aux finances publiques. Il s’agit ainsi de lutter contre les « entreprises de stagiaires » qui créent une concurrence déloyale. Il s’agit aussi par ce biais de redonner au stage l’aspect formateur qu’il a depuis longtemps perdu, le nombre de stagiaires triplant ces dernières années pour un nombre d’étudiants stable.
Autre mérite de la mise en place d’un seuil maximal de stagiaires par entreprise: la revalorisation de la valeur travail, le Medef reconnaissant que les entreprises ne sauraient fournir des stages de qualité en nombre suffisant.