Quand des citoyens rêvent à l’Europe
Le groupe « Europe citoyenne » mobilise des citoyens européens autour de
deux questions : comment est-on européen au quotidien ? Et comment devient-on moteur de la construction européenne dans sa vie de tous les jours ? Pour y répondre, le collectif s’appuie sur une méthode prospective dite des scénarios ou comment dessiner collectivement l’Europe de ses rêves.
C’est en septembre 2003 que le collectif Europe citoyenne se constitue avec l’objectif d’aider de petits groupes de citoyens à élaborer leur propre vision du futur de l’Europe. Pour ce faire, la dizaine de membres actuels, originaires de trois pays européens, organise des réunions où la parole vient uniquement d’en haut, accaparée par des experts ; celles-ci sont certes passionnantes mais ne répondent pas tout à fait à leur attente. C’est en effet une approche plus culturelle qu’économique qui intéresse les membres d’Europe citoyenne.
Réfléchir sur l’identité européenne conduit seulement à faire un inventaire, jamais exhaustif, de traits communs. Au lieu de travailler sur ce thème « peu mobilisateur », les fondateurs décident « d’aller vers l’avenir » en orientant leur interrogation autour de deux axes : comment est-on européen aujourd’hui et comment devenir moteur de l’Europe au quotidien ? Manfred Ertl, l’un des fondateurs du groupe explique : « le processus de recherche de l’identité nous intéresse davantage que de la trouver ».
Pour Europe citoyenne, chaque citoyen est porteur d’une « politique de sa vie », élaborée à partir de ses propres valeurs, de ses expériences individuelles et de questions auxquelles il est confronté : « est-ce que je vois mes enfants dans une classe européenne ? », par exemple. De cette « politique à la première personne », une vision de l’Europe peut naître. Ce sont ces visions individuelles de l’Europe que le groupe souhaite faire émerger afin de les partager dans un espace politique à taille humaine.
Trois scénarios
Pour qu’il y ait espace politique, il faut une méthode de mobilisation de la parole : il s’agit alors de partager et de donner du sens à son appartenance européenne, de libérer la parole des citoyens et d’approfondir les raisons qui nous font « désirer l’Europe ».
Europe citoyenne propose deux activités aux groupes de citoyens souhaitant mener à bien cette réflexion : assister à des séminaires (6 ou 7 par an), animés par un expert, pour s’informer et alimenter le débat (les thèmes abordés sont la démocratie, la multi-appartenance, les droits sociaux, l’héritage culturel, etc.) et participer à une méthode de prospective, dite « des scénarios ».
Celle-ci permet de faire apparaître « en quoi notre appartenance européenne, à horizon de 2020, infléchira un aspect de la vie quotidienne choisi par le groupe (l’éducation ou la démocratie locale par exemple) », explique Manfred Ertl.
Le résultat de ce travail se concrétise à travers la rédaction de trois scénarios : un scénario « noir » prenant le parti de l’échec européen ; un autre « tendanciel », projection de la situation actuelle, et, enfin, un scénario « rose » présentant les rêves européens du groupe. D’après Jean-François Claude, un autre fondateur d’Europe citoyenne, ce genre d’exercice devrait permettre « de réaliser les utopies » dans l’Europe de demain. Objectif recherché : « proposer à chaque groupe de citoyens des éléments de méthode, des outils d’éducation et de mobilisation populaire afin de se former un langage commun sur l’Europe », poursuit Jean-François.
Le groupe a pour cible prioritaire des adolescents, des étudiants ou d’autres associations qui s’intéressent à l’Europe. Chaque groupe pourra à terme communiquer le résultat de son travail dans son propre environnement. « Europe citoyenne pratique la prospective comme levier à l’action politique. Si les citoyens ont conscience de l’Europe dont ils veulent, ils peuvent alors développer des stratégies, choisir les alliés pour la concrétiser et ainsi se constituer en tant qu’acteur politique », explique Manfred Ertl.
Europe Citoyenne ne veut pas rester un simple cercle de discussion mais bien mobiliser les citoyens sur l’Europe. Après avoir mis au point cette méthode, ce groupe est entré dans une « phase de recrutement » cosmopolite et cherche à augmenter le nombre de ses membres et des nationalités différentes participant à la réflexion. Autant de personnes invitées à rêver l’Europe de demain.
Place Publique publie les scénarios sur l’éducation et sur la démocratie locale
Contacts :
Le groupe, qui n’est pas encore constitué en association, se réunit un samedi matin, chaque mois, dans les locaux de Peuple et Culture (Association d’éducation populaire), à Paris.
Mails : manfred.ertl@numericable.fr ou claudejf@free.fr