Laurence Régnier, ou la défense du droit à la culture pour tous
Laurence Régnier occupe depuis le mois de juin 2002 le poste d’animatrice pédagogique chargée des publics spécifiques au musée Condé, à Chantilly.
Son objectif : mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour que la culture ne soit plus un privilège mais un loisir accessible aux personnes atteintes de handicap physique ou mental.
Laurence travaille depuis plus d’un an au musée Condé, à Chantilly. La jeune femme, à l’allure simple et dynamique, est souriante. Avec son pantacourt, son T-shirt blanc et son maquillage discret, elle ne correspond pas à l’image d’Epinal du guide ennuyeux, répétant son texte jour après jour sans passion.
Et pour cause, Laurence Régnier a fait le choix généreux de partager son énergie et son amour de la culture avec ceux qui n’ont pas toujours la chance d’y accéder pour cause de handicap. Et malgré son jeune âge, 25 ans cette année, elle n’en est pas à sa première expérience.
Se destinant tout d’abord à l’enseignement des arts en milieu scolaire, c’est en deuxième année de Deug d’Arts plastiques qu’elle doit réaliser un dossier sur les publics dans les musées. Sans grande conviction, elle opte pour les publics handicapés et notamment les déficients visuels. Un domaine pour lequel elle se découvre une passion ; elle réalise, de surcroît, que le champ reste largement à explorer tant la marge de progression est grande.
Elle approfondie donc ce sujet dans deux mémoires de maîtrise : le premier, rédigé en 2001, porte sur l’accueil des personnes handicapées visuelles dans les musées français ; elle mène, sur ce thème, une enquête auprès de 1143 musées français.
Puis, elle récidive en 2003 lors d’une maîtrise de » conception de projets
culturels » axée sur les rapports entre les oeuvres en deux dimensions et les personnes déficientes visuelles. Grâce à ses travaux, elle se fait connaître auprès de nombreuses institutions, et réalise un premier stage en 2002 au château des Ducs de Bretagne. Elle établie un bilan de l’accessibilité du château pour les publics » spécifiques « , et participe à la création d’un parcours de visite adapté.
Enfin, elle suit, pendant huit mois, un stage au prestigieux musée Rodin, à Paris, afin d’apprendre les techniques d’enseignement de la sculpture aux malvoyants. Le poste d’animatrice, en emploi-jeune, qui se crée alors au musée de Chantilly lui donne une réelle opportunité de mettre en pratique ses compétences.
Un mélange d’énergie, d’inventivité et de passion
Depuis juin 2002, Laurence ne gaspille pas son énergie. » Ce qui est passionnant, dit-elle, ce n’est pas de reprendre la suite d’un projet, mais de partir de rien et d’obtenir des résultats prometteurs « .
Elle a déjà opéré de nombreux changements au musée Condé : ses journées se partagent entre l’organisation des visites avec recherche sans cesse de mécènes, création de brochures adaptées à chaque handicap spécifique (gros caractère pour les malvoyants, vocabulaire compréhensible pour les déficients intellectuels…) et invention de nouveaux projets pour améliorer les conditions d’accueil.
Mais ses moments privilégiés restent les visites qu’elle anime pour des groupes d’un genre particulier. » L’échange y est beaucoup plus intime et plus proche que dans un groupe habituel « , confie-t-elle. Laurence entraîne ses visiteurs dans des parcours » sur mesure » qui relèvent de la chasse au trésor culturelle.
Ainsi, elle guide les déficients visuels, par groupe de 30 au maximum, au plus proche des objets, ces derniers étant autorisés à passer les barrières afin de visiter » tactilement » l’histoire qui s’offre à eux. Ils peuvent, par exemple, parcourir des mains certains des plus beaux bustes en marbre du château, les boiseries sculptées des meubles, les objets intimes du Duc d’Aumale, etc.
» Ce que j’aime par-dessus tout, c’est de voir leur regard s’éclairer lorsqu’ils réalisent ce qu’ils ont sous les doigts. Cela m’apprend beaucoup. Du coup, je ne porte plus le même regard sur les oeuvres « . Ces petits moments, Laurence les vit comme une récompense à tous ses efforts. Et ce n’est pas sans tendresse qu’elle évoque son plus beau souvenir : celui d’un vieil ébéniste devenu aveugle, tout ému de poser les mains sur d’aussi vieux meubles…
L’Association « Tourisme et handicap » Cette association, officiellement déclarée le 15 mars 2001, poursuit un double objectif : – sensibiliser les professionnels du tourisme et le grand public à l’accueil des personnes en situation de handicap au sein des équipements de tourisme et de loisirs ; – mettre en oeuvre et gérer des dispositifs permettant la promotion des politiques favorisant cet accueil. Cette association a institué un label national « tourisme & handicap » destiné aux institutions ayant mis en place les équipements nécessaires à l’accueil des personnes handicapées dans leurs locaux. Bilan : 211 structures ont été labellisées au 23 juillet 2003 et 349 équipements ont reçu un avis favorable de la commission nationale. |
Sites sur l’accueil des handicapés :
– www.handica.com
– www.culture-handicap.org
– http://produhandicap.free.fr
– www.gihpnational.org (site sur le label Tourisme et handicap spécialisé dans l’accueil des personnes handicapées).