L’enseignement à distance a toujours été très sensible à l’environnement économique, social et psychologique du pays où il s’exerce.
De 1850 à 1940, l’enseignement à distance est resté dans une position minoritaire par rapport à l’ensemble du système éducatif. Mais, très rapidement, l’enseignement à distance a dû s’adapter aux grands événements mondiaux qu’a connus le monde. Deux révolutions l’ont marqué. La 4ème mutation s’annonce et se précise pour 2017.
1. La 1ère révolution de 1940-1944
La 2nde guerre mondiale a secoué gravement le monde et l’Europe en particulier qui a vu naître ce grand cataclysme. Le monde scolaire et universitaire n’a pas bien sûr échappé à ce cataclysme. Les structures pédagogiques se sont dissoutes, les écoles occupées, les enseignants impuissants à assurer leur fonction, les élèves dispersés sur tout le territoire et notamment dans les campagnes où l’on se croyait plus à l’abri. 1ère révolution de l’enseignement à distance : s’adapter en allant vers les élèves plutôt que de faire venir ces derniers dans les écoles. Les cours par correspondance ont connu alors un fort développement grâce au fonctionnement cahin-caha de la poste.
2) 2ème révolution : les trente glorieuses – 1944-1974
Dans la foulée, il n’a plus été question de supprimer l’enseignement à distance qui avait été dopé par les circonstances de la guerre. Non, le succès était tel que les pouvoirs publics ont dû maintenir et même développer cette méthode pédagogique. Avec une cible prioritaire : les malades, les militaires (nombreux blessés), les expatriés et tous ceux qui veulent profiter du développement économique de reconstruction pour acquérir rapidement des compétences professionnelles.
3) 3ème révolution : de 1975 à 2015, l’enseignement à distance ou l’école de la seconde chance
Les crises économiques, après l’euphorie des années précédentes, se succèdent. Le plein emploi disparait et laisse apparaître du chômage de plus en plus accentué. Les ruptures d’emplois proviennent en partie de tous ceux qui ont quitté le système scolaire sans véritablement avoir acquis un métier. Les « petits boulots » sans compétence particulière peuvent apporter une certaine satisfaction en périodes de plein emploi car on les sait passagers. Pas en temps de difficultés économiques où les « petits boulots » risquent de perdurer. D’où l’appel à l’enseignement à distance pour acquérir un véritable 1er emploi. Elèves plutôt jeunes (22-26 ans) et sans formations professionnelles attestées.
4) 4ème révolution : année 2017 et suivantes : vers l’explosion du numérique
Le développement a commencé dès l’année 2016. Mais il sera beaucoup plus significatif dès l’année 2017 et les périodes suivantes. Conséquences : des nouveaux métiers apparaissent et des méthodes de travail qui laissent tout un pan de professionnels déjà insérés dans la vie économique en plein désarroi. Comment hisser son degré de compétence ? En cours du soir ? Très difficile après une journée de travail et les déplacements parfois lointains qu’ils génèrent.
En formation présentielle ? Difficile aussi de quitter son emploi pour plusieurs semaines (voire plusieurs mois) pour se former ! Reste la solution du mix-pédagogique : l’enseignement à distance avec e-learning et périodes courtes de présentiel. Voilà la 4ème révolution de l’enseignement à distance ! Cette forme pédagogique se doit alors de satisfaire une clientèle plus mûre (30-35 ans), plus diplômée (mais les connaissances de base deviennent vite obsolètes) et plus citadines.
Le grand défi de la FOAD (Formation Ouverte A Distance) est de gérer toutes ces révolutions en même temps ! En effet, les cibles des révolutions précédentes existent toujours et il faut les satisfaire, tout en s’adaptant aux évolutions numériques des années prochaines ! Sa souplesse, sa dynamique, son bras séculier qui peut atteindre n’importe quelle partie du monde permettent à l’enseignement à distance de relever avec succès ces défis. C’est l’objectif des véritables professionnels de cette pédagogie moderne qui fera que la France restera le 1er pays européen en matière d’enseignement à distance.
* Président Directeur Général du CNFDI.
Expert en Enseignement à Distance et auteur des ouvrages : « Enseignement à distance, droit et pratique », « L’enseignement à distance » Collection Que sais-je / PUF, « Enseignement à distance et formation professionnelle continue » Ed. ESF / Ed. d’organisation