Le rapport de suivi de l’éducation et de la formation met en exergue les conséquences des restrictions budgétaires et de l’inadéquation des qualifications dans certains pays d’Europe.

Selon le dernier rapport de suivi de l’éducation et de la formation publié aujourd’hui par la Commission européenne, 16 États membres IE, UK, ES, PT, DK, EE, LV, LT, PL, SK, RO, BG, EL, IT, CY, HU ont réduit leurs dépenses en matière d’éducation entre 2008 et 2011, et 6 d’entre eux UK, PT, LV, EL, CY, IT ont continué à appliquer des restrictions budgétaires importantes en 2012.

Ce rapport 2013 donne un aperçu des progrès de chaque pays mesurés à l’aune de critères de référence et d’indicateurs spécifiques et met en lumière l’évolution récente des politiques et des analyses dans le domaine de l’éducation et de la formation. Avec les 28 rapports nationaux et l’outil de visualisation en ligne qui l’accompagnent, il fournit une abondance de données qui facilitent l’élaboration de politiques à partir d’éléments concrets dans l’ensemble de l’Europe.

Pour Androulla Vassiliou, commissaire européenne chargée de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse, « les données fournies par le rapport de suivi annuel de l’éducation et de la formation sont très précieuses car elles permettent aux États membres de se comparer les uns aux autres et incitent les décideurs à investir de manière efficiente dans la modernisation de leurs systèmes éducatifs afin d’en améliorer la qualité et les résultats. Cet aspect est d’une importance vitale si l’on veut que les jeunes disposent des qualifications nécessaires pour réussir dans la vie».

Le rapport de suivi de cette année confirme la baisse du taux d’emploi des jeunes diplômés ayant décroché au moins un diplôme du second cycle de l’enseignement secondaire: seuls 76 % d’entre eux ont trouvé un emploi, alors qu’ils étaient 82 % en 2008. Si un diplôme universitaire procure encore un avantage évident sur le marché du travail dans tous les États membres, il n’en reste pas moins qu’un diplômé de l’enseignement supérieur sur cinq occupe un poste correspondant à un niveau de qualification inférieur. Malgré des taux de chômage élevés, ceci semble indiquer une asymétrie inquiétante entre les compétences acquises grâce au système éducatif et celles demandées sur le marché du travail.

Le taux de jeunes en décrochage scolaire ou abandonnant une formation, qui s’élève à 12,7 %, continue de baisser. L’objectif de l’UE pour 2020 est de 10 % au maximum. Avec un taux de chômage de plus de 40 % chez les jeunes en décrochage scolaire, le principal défi réside dans le passage de l’école au marché du travail.

Cette transition est facilitée par des stages et des apprentissages de qualité et des modèles de formation en alternance, qui associent enseignement et expérience pratique. Les étudiants ayant bénéficié de programmes d’enseignement et de formation professionnels vivent mieux le passage du système éducatif vers le marché du travail dans les États membres ayant mis en place un système élaboré de formation par le travail. Par ailleurs, il convient d’examiner plus attentivement le retour des jeunes du marché du travail vers l’enseignement: moins de 1 % des 18-24 ans entament un apprentissage non formel après avoir quitté l’enseignement formel.

Avec la lente augmentation du taux de diplômés de l’enseignement supérieur, qui s’élève désormais à 35,7 % alors que l’objectif d’Europe 2020 est de 40 %, la priorité des politiques menées évolue vers la réduction du taux de décrochage scolaire, l’augmentation de la qualité et de la pertinence des programmes et la promotion de la mobilité internationale des étudiants. La mobilité internationale dans l’enseignement supérieur accroît la probabilité de la mobilité après l’obtention du diplôme et peut contribuer à lutter contre l’inadéquation des qualifications et les goulets d’étranglement qui en résultent sur le marché du travail européen.

Le rapport met en évidence d’autres conclusions:

• L’inégalité reste l’une des principales caractéristiques de nombreux systèmes d’éducation et de formation en Europe. En témoignent les lacunes marquées en matière de compétences et de qualifications de certains groupes tels que les jeunes issus de l’immigration. Alors que ces inégalités ont de graves conséquences pour les particuliers ainsi que pour les progrès économiques et la cohésion sociale, la capacité à faire face à ce problème varie fortement d’un État membre à l’autre.

• L’évolution démographique a des répercussions considérables sur le corps enseignant: dans de nombreux États membres, la plupart des enseignants font partie de la tranche d’âge la plus élevée et rares sont ceux qui ont moins de 30 ans. Il convient de repenser la manière d’attirer, de recruter et de former les meilleurs candidats et de veiller en outre à ce qu’ils soient soutenus dans leur évolution professionnelle tout au long de leur carrière.

• L’Europe accuse un certain retard dans la mise à disposition de ressources éducatives libres et de cours en ligne ouverts et massifs (MOOC). Bien que le recours aux technologies numériques soit pleinement ancré dans les usages en ce qui concerne les relations interpersonnelles, le monde du travail et le commerce, ces technologies ne sont pas exploitées au maximum dans l’éducation et la formation en Europe. Si 70 % des enseignants de l’UE reconnaissent qu’il importe d’utiliser des méthodes d’enseignement s’appuyant sur les TIC, seuls 20 % des étudiants sont formés par des enseignants qui se sentent à l’aise avec les technologies numériques qui et sont favorables à leur utilisation.

Les nouvelles données provenant de la récente étude de l’OCDE sur les compétences des adultes (IP/13/922) permettent de se faire une meilleure idée des niveaux de compétence de la population européenne en âge de travailler. Dans l’Union européenne, un adulte sur cinq ne dépasse pas le niveau de base en lecture et en écriture. En calcul, ce chiffre est proche d’un sur quatre.

Ces résultats mettent en évidence la nécessité de renforcer les possibilités offertes en matière d’apprentissage tout au long de la vie. La participation des adultes à ce type de programmes s’élève à moins de 10 % et concerne avant tout des personnes jeunes et possédant un niveau d’instruction élevé plutôt que ceux qui en ont le plus besoin.
Seule la moitié de la population de l’UE âgée d’au moins quinze ans est d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’enseignement reçu à l’école lui a permis d’acquérir, outre les compétences de base, des compétences entrepreneuriales. Des efforts visant à développer ce type de compétences sont nécessaires pour stimuler la création de nouvelles entreprises et l’innovation participative et renforcer l’aptitude à l’emploi des jeunes. La formation à l’esprit d’entreprise est un outil indispensable pour augmenter les avantages économiques de l’enseignement.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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ETUDE, Le Magazine

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