Solidarités Nouvelles face au chômage (SNC) a 20 ans. L’association a soufflé ses bougies le 22 septembre dernier, au Café de la musique à Paris. L’occasion pour elle de présenter une exposition inédite d' »objets-chômages » choisis ou fabriqués par des chômeurs. Le livre de l’exposition est vendu au profit de SNC.

Face au fléau qu’est le chômage, Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) ne s’est pas fixé comme unique objectif d’aider au quotidien les personnes en recherche d’emploi (voir encadré). Faire comprendre ce que les chômeurs vivent, sensibiliser le public sur les dégâts psychologiques et sociaux qu’engendre leur « statut » fait aussi partie de la mission de l’association. Celle-ci, pour ses 20 ans, a même décidé d’en faire un livre photographique dans lequel elle présente des objets sélectionnés ou fabriqués par des chômeurs afin d’illustrer leur réalité quotidienne (présente ou passée). Morceaux choisis.


Une abeille dans un bocal


En couverture, un texte rédigé sur un papier « miroir » nous renvoie notre propre reflet parce que le chômage peut frapper chacun de nous. A l’intérieur, 35 hommes et femmes, âgés de 24 à 67 ans, exposent un objet pour dire leur chômage présent ou passé. Chacun est photographié : l’objet sur une page, le chômeur sur une autre. Un commentaire explique le choix de l’objet et sa symbolique.


Christine, 56 ans, a mis une abeille dans un bocal et écrit : « Vivre le chômage, pour moi, c’est comme être une abeille dans un bocal. Je me débats, j’essaie par tous les moyens de trouver la sortie : c’est-à-dire un travail (…). Je ne veux pas finir comme cette abeille qui, si on n’ouvre pas rapidement le couvercle, va s’asphyxier ».

Plus loin, Jean-Pierre décrit son téléphone, l’objet-chômage qu’il a choisi : « Sa forme et sa couleur, d’abord, qui l’apparentent à un vieil os humain. C’est tout ce qui semble rester de l’effort pour prendre contact, prendre rendez-vous, prendre date, quand personne ne répond ou, ce qui revient au même, après des milliers de discours qui transmettent, mais ne communiquent pas ».

Une lueur d’espoir apparaît sous les traits de Pierre, 49 ans. Son choix s’est porté sur un ticket de métro sur lequel est griffonné un numéro de téléphone. Il relate : « La recherche d’emploi est une aventure de tous les instants. Ce ticket de métro sur lequel mon futur employeur a noté son téléphone représente la recherche d’emploi sous toutes ses formes : la rencontre fortuite, une situation d’empressement ».

De son côté, Alexis, 66 ans, présente un appareil-photo jetable, allégorie d’une société qui s’ampute volontairement de sa propre richesse : « J’ai laissé dedans une pellicule à demi utilisée, comme le chômeur, mis sur la touche, alors que demeure en lui tout un potentiel qu’il ne pourra ni développer ni donner à l’humanité. Quel gâchis ! ! ! ».



Se reconnaître

« Le chômeur “as an artist” ». Tel est le parti pris de cet ouvrage, joliment résumé par Jean-Baptiste de Foucauld, président fondateur de SNC qui dénonce une société « aveugle ». La photographe du livre, Karine Lhémon, lui emboîte le pas : « Au-delà des émotions qui nous traversent, chaque portrait désigne ce que nous sommes, entre autres le produit d’une société et de son histoire. Et notre société évolue dans un paradoxe : elle réclame du sens, tout en se protégeant de ses effets. Ces diptyques questionnent les masques de notre humanité. Nous pouvons alors sans doute nous reconnaître ».

Objets-chômages, SNC, édité par Le bec en l’air, 18 euros, Manosque

Pour commander le livre : www.snc.asso.fr/association/livres.htm

A noter : le livre est également vendu en librairies et la FNAC en a fait un produit-partage.





Les actions de SNC

L’activité de SNC se décompose en deux actions phares : d’abord, chaque demandeur d’emploi est accompagné par deux membres bénévoles qui le rencontrent régulièrement, gratuitement et sans limite de temps. Les membres accompagnateurs se rassemblent dans un groupe local de solidarité – il existe à ce jour 88 groupes locaux dans toute la France – composé d’une dizaine de personnes en moyenne. Ces groupes permettent aux uns et aux autres d’échanger des idées et de mettre en commun des pistes de recherche pour mieux aider les chômeurs.

Puis, grâce au réseau de donateurs développé parmi les membres et autour d’eux, SNC crée des emplois temporaires dans des associations pour des demandeurs d’emploi accompagnés par la structure. Ces « emplois de développement », qui s’appuient sur le secteur associatif et l’économie solidaire, constituent un tremplin vers « l’emploi ordinaire ». En vingt ans, l’association a accompagné 13 000 personnes et financé 1 000 emplois.

Elle s’est professionnalisée en mettant en place un dispositif de formation interne dédié aux accompagnateurs, afin de les sensibiliser à la relation d’aide, à l’écoute, aux techniques de recherche d’emploi…

Pour en savoir plus, voir l’article dédié à SNC publié dans le magazine de janvier 2004 de Place Publique.



Site : www.snc.asso.fr

Au sujet de Anne Dhoquois

Anne Dhoquois est journaliste indépendante, spécialisée dans les sujets "société". Elle travaille aussi bien en presse magazine que dans le domaine de l'édition (elle est l'auteur de plusieurs livres sur la banlieue, l'emploi des jeunes, la démocratie participative). Elle fut rédactrice en chef du site Internet Place Publique durant onze ans et assure aujourd'hui la coordination éditoriale de la plateforme web Banlieues Créatives.

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