Muriel Jaouën
Le 3ème Baromètre de la concertation et de la décision publique Res Publica – Harris Interactive confirme l’attachement revendiqué des citoyens à la démocratie participative.
Plus que jamais, les Français aspirent à être associés aux ressorts de la décision publique. C’est que que révèle le troisième Baromètre de la concertation et de la décision publique Res Publica – Harris Interactive (*), qui consolide les résultats des précédentes éditions, à un certain nombre de nuances près.
Si la connaissance de la notion de “démocratie participative” reste stable (62%), l’écart se creuse entre ceux qui discernent bien ce qu’elle recouvre (28%) et ceux qui en ont une compréhension plus floue (34%). Cette opacité tient peut-être à une utilisation tous azimuts de cette idée dans la chronique médiatique et les débats sociaux. La référence à la “démocratie participative” recouvrant en effet des réalités assez diverses.
Pour autant, au-delà de ces écarts initiaux de compréhension, la dimension participative est perçue positivement par 87% des Français dès lors qu’on leur en donne une définition précise.
Suspicion d’instrumentalisation
Les effets attendus de la démocratie participative restent les mêmes et dans les mêmes proportions que lors des précédentes éditions du Baromètre. Pour 78 % des personnes interrogées, elle permet d’associer les citoyens à la vie locale, pour 64% de faire en sorte que les élus tiennent compte de l’avis des citoyens avant de décider et pour 60% de renforcer la transparence des décisions et de l’action publique. Cependant, Res Publica et Harris Interactive pointent une tendance à la circonspection chez les Français, qui sont 69 % (+ 4 points) à estiment que la démocratie participative a aussi pour effet de faire croire qu’on écoute les citoyens tout en décidant sans eux et 65% à juger qu’elle est un moyen de renforcer l’adhésion des citoyens aux décisions déjà prises.
Si à peu près un tiers des personnes interrogées par Harris Interactive savent que leur ville a déjà organisé des démarches de concertation (proportion stable par rapport aux éditions précédentes), elles sont moins nombreux qu’en 2013 (43% contre 50%) à considérer que, dans leur commune, il n’y a pas assez de démarche de participation. L’étude décrit en outre une augmentation de huit points (31%) de la participation aux initiatives communales.
A noter : les motifs de participation évoluent significativement. Plus de la moitié des Français (52%, +11% vs 2013) ayant participé à une démarche de concertation l’ont fait parce que le sujet les concernait directement. En revanche, ils ne sont plus que 39% (8%) à attendre simplement de l’information.
La concertation, l’essayer, c’est l’approuver
Ceux qui participent sont plus nombreux à avoir une opinion très positive de leur expérience. Ainsi, 87% (+ 8 points) considèrent qu’ils ont appris des choses au cours de la concertation. Ils sont également 71 % (+ 6 points) à juger que les organisateurs (élus et techniciens) étaient à l’écoute des participants, 69% (+ 7%) à avoir pris plaisir à débattre avec d’autres personnes et 65% (+8%) à avoir pu exprimer leur point de vue.
Quant aux sujets sur lesquels les citoyens souhaitent donner leur avis, il s’agit au premier chef (46%) des questions relatives au budget et aux dépenses publiques. Res Publica note sur ce champ une progression de 8 points depuis 2012 et de 25% depuis 2011. Sans doute faut-il voir dans cet intérêt porté à la gestion des ressources financières une diminution de la tolérance collective aux défauts de transparence pointés régulièrement par les médias. Parmi les autres sujets sur lesquels les Français souhaitent donner leur avis en priorité : la sécurité (43%, +7%), les transports, déplacement et stationnement (40%, +2%) et l’aménagement (39%, -1%).
La concertation a davantage la côte que les enceintes instituées de communication mises en place et animées par les communes. Effet, si seulement un tiers des Français pensent participer à des conseils de quartiers ou institutions similaires qui seront créés ou prorogées dans le cadre des nouvelle mandatures municipales , ils sont deux fois plus nombreux (65 %), à envisager de rejoindre des dispositifs de concertation et de débat sur internet.
(*) Enquête réalisée en ligne du 18 au 26 septembre et du 2 au 9 octobre 2013 auprès d’un échantillon de 1 382 personnes représentatif des personnes de 18 ans et plus résidant dans une commune française d’au moins 3 500 habitants.