Télétravail, la France en panne. 7% des entreprises seulement l’encouragent
Selon une récente enquête réalisée par IDC*, la France compte 8,4% de télétravailleurs. La Finlande en dénombre 32 %, les États-Unis 28 %, la Suède 27 % et l’Allemagne 19%.
Les entreprises et les salariés sont de mieux en mieux équipés en solutions de mobilité mais le télétravail ne progresse pas
Avec la diffusion des outils de mobilité, la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle devient de plus en plus floue. Les salariés sont de plus en plus nombreux à pouvoir accéder à leurs dossiers et à leurs données depuis leur domicile. Toutefois, malgré le développement et la diffusion des solutions de travail collaboratives, le télétravail ne semble pas progresser. C’est un des résultats que montre l’Observatoire de l’informatique et des télécoms au service de nouvelles organisations du travail réalisé par IDC en partenariat avec Bouygues Telecom Entreprises.
Les directions perçoivent bien les bénéfices des outils collaboratifs et des solutions de mobilité (meilleure productivité individuelle, meilleure efficacité des processus…) : 87% des entreprises en moyenne équipent certains salariés sédentaires de solutions mobiles (PC portables, smartphones…) et 26% ont des projets d’équipement en outils de collaboration.
Paradoxalement, le télétravail a encore du mal à se faire une place dans les nouvelles organisations et à être reconnu par le management : seules 7% des directions générales encouragent cette pratique. Actuellement, le télétravail est pratiqué par 24 % des entreprises interrogées et ne concerne que 10% des effectifs.
La frontière entre le monde professionnel et le monde personnel est de plus en plus floue
Les salariés n’hésitent plus à faire tomber les barrières entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle : 80% des salariés qui emmènent leur PC portable chez eux, l’utilisent à la fois pour un usage professionnel et personnel.
De leur côté, pressées par la hausse des ventes de smartphones en grand public, 42% des entreprises permettent à leurs salariés de se connecter aux systèmes d’informations depuis leur équipement personnel.
Les entreprises vont devoir faire face à de nouveaux enjeux individuels et sociétaux
L’arrivée de la génération Y, en quête de travail collaboratif et de travail en réseau ; le développement du Web2.0 en entreprise ainsi que la hausse constante des ventes de smartphones (en 2014, 67% des mobiles vendus seront des smartphones) vont contraindre les entreprises à repenser leur organisation.
Une nouvelle organisation du travail
L’informatique et les télécommunications font naître des usages en entreprise permettant de favoriser une nouvelle organisation du travail. Ces usages s’inscrivent dans un contexte particulier, celui de l’évolution vers la constitution d’équipes virtuelles dont les différents membres sont physiquement distants les uns des autres, et vers une place plus importante du télétravail.
Les salariés sortent désormais des frontières de l’entreprise : la mobilité s’étend à des populations historiquement sédentaires, ces dernières étant de plus en plus équipées par leurs entreprises de solutions informatiques mobiles telles que des PC portables, des smartphones ou des tablettes PC. L’enjeu est alors pour les entreprises de renforcer la productivité des équipes et d’insuffler une nouvelle donne en matière de flexibilité du travail.
Même si les nouvelles organisations du travail – reposant sur la mise en place d’équipes virtuelles – ne sont présentes que dans une structure sur trois, les bénéfices que les entreprises peuvent en tirer sont plutôt bien identifiés.
Les bénéfices du télétravail
Au-delà de la réduction des coûts liée à une diminution des dépenses de déplacement, les principaux bénéfices identifiés tournent autour du thème de la productivité et de l’efficacité :
Proximité avec le client ou partenaire, aussi bien pour une meilleure satisfaction de ceux-ci que pour une meilleure qualité des projets réalisés en commun.
Accès aux compétences où qu’elles soient. Aujourd’hui, les nouveaux modes de travail rendus possibles grâce aux technologies permettent aux entreprises de pouvoir intégrer à leurs équipes les meilleurs experts, même s’ils sont de l’autre côté du globe. Cela a un impact direct sur la qualité, l’efficacité et la satisfaction client, donc indirectement sur les revenus de l’entreprise.
Amélioration de la productivité des équipes. Celle-ci provient notamment de la réduction des déplacements pour se réunir avec d’autres membres de l’équipe virtuelle.
Le respect de l’environnement, la diminution de l’impact environnemental est également un sujet qui touche les entreprises interrogées. Elles sont 28% à associer la mise en place d’équipes virtuelles et/ou de télétravail à la réduction de leur empreinte carbone. Ce sont souvent d’ailleurs des entreprises de grande taille ayant pris des engagements importants en matière de développement durable dans le cadre de leur politique de responsabilité sociétale.
La France moins avancée
La France est moins avancée en ce qui concerne la pratique du télétravail que les pays anglo-saxons, nordiques ou même l’Allemagne. En effet, d’après une étude de la Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (DARES) réalisée fin 2009 sur « le Développement du Télétravail dans la société numérique de demain », la France comptait en 2007 8,4% de télétravailleurs. A la même époque, la Finlande en dénombrait 32 %, les États-Unis 28 %, la Suède 27 % et l’Allemagne 19%.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce retard d’adoption de ces modes de travail, notamment la forte culture de présentiel en France et la difficulté de piloter l’activité des salariés distants tout en respectant les réglementations. Les salariés étant encore, pour beaucoup, jugés sur les moyens et non sur les résultats, les entreprises doivent faire évoluer leur mode de management des équipes et favoriser le management par objectifs.
* Réalisé par IDC en partenariat avec Bouygues Telecom Entreprises, cet observatoire analyse les enjeux associés à la mise en place de nouvelles formes d’organisations du travail, et notamment la contribution que peuvent représenter les solutions IT et télécoms de mobilité et de travail collaboratif. Il repose sur une enquête effectuée fin 2010 auprès de 240 entreprises de plus de 50 salariés appartenant au secteur privé.