C. Boscher et T. Corbillé, présidents et co-fondateurs de Tikeasy, mettent en évidence l’importance d’intégrer les générations aînées à l’usage des nouvelles technologies.

Les chiffres le démontrent ! Pour les plus de 70 ans, la fracture du numérique est bien réelle. En 2011, seul un quart d’entre eux (1) pouvait se connecter sur Internet à la maison. Ce chiffre a quasiment stagné par rapport à 2010 contrairement aux autres tranches d’âge.

Même si la génération précédente (les 60-70 ans) s’y met de plus en plus, et les plus jeunes sont férus de produits high tech (ordinateurs, smartphones ou tablettes), les grands-parents restent encore trop souvent tenus à l’écart de ces moyens modernes de communication et de partage d’information.

Des enjeux sociétaux

Tous ces outils ne remplaceront certes jamais les contacts humains « de visu ». Mais, force est de constater que, de plus en plus, des contenus en tout genre (texte, photos, vidéo, …) sont échangés via les canaux numériques. Et le phénomène s’amplifie avec les jeunes générations et les réseaux sociaux. Dans la famille, les échanges de données tangibles (photo papier, carte postale, …) se font de plus en plus rares.

Ainsi, l’adoption progressive des nouvelles technologies par les aînés doit permettre, comme le souligne Joel de Rosnay dans son dernier ouvrage « Surfer la vie » (2) une co-éducation intergénérationnelle. La nouvelle génération maîtrise la créativité, le web et les réseaux sociaux tandis que les seniors ont eux une grande expérience à faire partager, renforçant ainsi le lien intergénérationnel.

Dans ce contexte de vieillissement de la population, et d’isolement progressif des personnes les plus âgées, il est primordial de trouver rapidement les moyens de renforcer ce lien entre les générations. Comment faire pour permettre le maintien et le renforcement de ce lien ? Comment faire bénéficier à nos aînés des bienfaits des nouvelles technologies en termes de partage, d’informations, etc… tout en protégeant ce public fragile des travers des NTIC ?

Quels outils pour ces générations ?

Ces dernières années, on est passé de l’ordinateur omniprésent (avec son écran, ses câbles…) à l’ordinateur « invisible » et accessible par l’avènement du tactile. Ces évolutions ont eu pour effet de réduire les interfaces entre l’homme et l’ordinateur. Mêmes novices, les seniors n’ont pas du tout la même appréhension quant à l’utilisation d’une tablette ou d’un ordinateur. L’action du bout des doigts a fait tomber une barrière essentielle et permis le succès généralisé des tablettes.

La simplicité reste un des éléments les plus importants pour lever les freins d’accès aux nouvelles technologies. Il est important de proposer des solutions adaptées aux seniors en se focalisant sur les applications essentielles et en simplifiant les bijoux de technologies destinés aux plus jeunes. Ainsi, l’accès aux messages sous toutes leurs formes, leur lecture facilitée (gros caractères, lecture en synthèse vocale), les outils simples pour répondre (texte, vocal, vidéo, …), etc… sont autant d’atouts pour initier nos aînés.

Il reste, pour finir, à lever tous les petits tracas habituels de l’Internet comme les virus, les messages publicitaires indésirables, la protection et la sécurisation des données, etc…. Cela permettra d’offrir un environnement d’exécution serein pouvant enfin laisser place au plaisir simple de communiquer et de s’informer sur le web.

Une tablette intégrant autant d’éléments positifs pourrait faire tomber les derniers obstacles et donner un accès au numérique en toute quiétude à nos parents et grands-parents pour plus de lien familial et social.

La France a donc aujourd’hui tous les atouts pour rompre avec l’exclusion numérique, en particulier en ce qui concerne le fossé intergénérationnel, mais, pour cela il faut que chacun d’entre nous, enfant, parent, grands-parents, y soit associé.

1 Selon le rapport du Credoc d’octobre 2011 sur la « diffusion des TIC dans la société française »

2 « Surfer la vie : comment sur-vivre dans la société fluide » Joël de Rosnay, édition LLL, 2012