Les 18 carnets de guerre de Mladic rendus publics
AMSTERDAM (AP) — Les carnets de guerre du général Ratko Mladic, commandant des forces bosno-serbes et recherché par la justice internationale pour le massacre de Srebrenica en 1995, ont révélé la conclusion d’accords secrets avec les Croates pour se partager la Bosnie-Herzégovine et en chasser les musulmans au début des années 1990.
Des extraits de ces carnets, notes prises par le général pendant la guerre (1992-95), saisis en février lors d’une opération des forces de l’ordre au domicile de son épouse à Belgrade, ont été rendus publics vendredi: ils ont été cités devant le Tribunal pénal international de La Haye pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) dans une motion des procureurs du tribunal qui cherchent à rouvrir le procès de six dirigeants croates de Bosnie.
L’accusation souligne que les quelque 3.500 pages manuscrites soutiennent sa thèse d’une conspiration serbo-croate afin de déloger des musulmans de régions en Bosnie pour créer une « Grande Croatie ».
Inculpé de génocide par le TPIY, Mladic est en fuite depuis 1995.
Selon les procureurs, ces carnets ainsi que des cassettes audio viennent appuyer leur thèse d’un complot entre Serbes et Croates de Bosnie pour nettoyer le pays de sa population musulmane, dans la foulée de la désintégration de la Yougoslavie, et permettre la création d’une « Grande Serbie » et d’une « Grande Croatie ».
« Nous devons nous mettre d’accord sur deux, trois choses aujourd’hui. Les musulmans sont l’ennemi commun », peut-on lire dans les carnets du général, des propos qu’il attribue à Jadranko Prlic, l’un des cinq dirigeants politiques ou militaires croates de Bosnie que les procureurs du TPIY cherchent à poursuivre. Ces déclarations remontent à une réunion à laquelle participait aussi le chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, jugé par ailleurs par le TPIY.
Ces extraits en question sont les premiers à être rendus publics des 18 carnets, totalisant quelque 3.500 pages, rédigés à la main par Mladic, chronique de ses activités pendant ce conflit qui a coûté la vie à quelque 100.000 personnes.
Seules quelques notes directement liées à la position des dirigeants croates de Bosnie ont été diffusées, comme « nouvelles preuves » à l’appui de la réouverture de leur procès.
Les six sont poursuivis pour l’internement dans des conditions inhumaines de milliers de musulmans bosniaques dans des camps. Les carnets de Mladic apportent les preuves, selon la motion de l’accusation, de leur collusion avec les dirigeants bosno-serbes « responsables de nombreux crimes » et de leur « intention » d’en commettre eux-mêmes.
Au-delà de ces éléments impliquant les dirigeants croates, les carnets de Mladic recèlent la promesse de trésors d’informations sur les contacts secrets des dirigeants serbes de Bosnie, Mladic ayant joué un rôle central dans la planification et l’exécution des aspects militaires du conflit.
Ces carnets, que les procureurs veulent également utiliser dans le cadre du procès de Karadzic, contiennent également des notes sur les entretiens avec Slobodan Milosevic, mort en 2006 avant la fin de son propre procès devant le TPIY, ainsi qu’avec les médiateurs internationaux, comme Cyrus Vance, ancien secrétaire d’Etat américain, ou l’ancien secrétaire britannique au Foreign Office David Owen.
On y trouve enfin des indications sur le traitement des civils dans l’enclave de Srebrenica à la veille