La presse malade d’elle même (2)
Cet article est le second d’une série de trois articles qui fait le point sur l’avenir de la presse, papier et internet.
L’auteur fait ici état du déficit de prise en compte des atouts de la numérisation
Rendre payant la presse en ligne nécessite de véritables innovations dans les produits proposés
Pour contrer la baisse des revenus publicitaires, on observe un foisonnement de nouvelles publications qui naissent souvent des cendres de titres n’ayant pas su trouver leurs publics. Mais cela ne marche pas compte tenu de la crise.
Aux Etats-Unis, certains comme John Kent Cooke en Caroline du Nord, parie sur l’ancrage local et ses ressources d’annonceurs traditionnels. Il a racheté plusieurs petits journaux, considérant que les titres locaux et leurs annonceurs traditionnels étaient ceux qui s’en sortaient le mieux.
De son côté, confronté à une baisse comprise entre 14 et 18% de ses revenus publicitaires sur ses sites d’information et une chute de son chiffre d’affaires (perte de 2,36 milliards d’euros) le groupe News Corp. envisage de rendre payant l’accès à ses contenus en ligne dès l’été prochain. « Le journalisme de qualité n’est pas gratuit », a déclaré Murdoch en prenant l’exemple de la version électronique du Wall Street Journal dont une grosse partie des articles du site sont payants.
De même pour limiter la diminution de ses revenus publicitaires, Libération compte les abonnements payants de ses presque 3 millions de visiteurs uniques par mois. Leurs recherches de nouveaux revenus passent le plus souvent pas un péage que contournent la plupart des internautes faute d’une véritable valeur ajoutée. Les dirigeants de presse semblent n’avoir pas compris que ces contraintes ne sont pas d’ordre conjoncturel mais structurel, qu’elles perdureraient et qu’ils devaient modifier leur stratégie en conséquence. Je ne donne pas cher, en dehors des lettres spécifiques ou confidentielles, des accès payants comme se propose de le faire le Wall Street Journal ou l’Express, avec la mise en place d’un système de micro-paiements.
Un déficit de compréhension des inconvénients et des atouts de l’économie du lien.
L’autre difficulté de la presse en ligne est celle de « l’économie du lien ». La presse confrontée aux moteurs d’agrégation du type des news de Google (le plus connu avec celui de Yahoo) se braque inconsidérément contre une application qui pourrait au contraire devenir un atout. La presse traditionnelle en avait une idée lorsqu’elle étudiait le taux de relecture de ses titres, c’est-à-dire la différence entre le nombre des exemplaires vendus et le nombre réel de lecteurs. Dans leur marché des « années papier » ce taux de relecture était plutôt bien vu dans la mesure où il pouvait justifier une meilleure position de négociation avec les annonceurs. Cela a changé avec l’explosion des liens hypertextes
La Presse française tigre de papier sur son marché européen
La presse française, qui doit faire face à des mastodontes, tente l’Intégration verticale pour les uns ou la construction méthodique de groupes de presse de poids international, pour d’autres. On se moque parfois du Tycoon italien, Sylvio Berlusconi, pourtant ce dernier aura réussit malgré les difficultés à constituer un groupe de presse multimédias bien plus solide que nombre de ses concurrents européens.
Une des conditions de la résistance aux évolutions des modèles économiques engendrés par la netéconomie se trouve dans la constitution de groupes de presse multimédias capables de faire des économies d’échelles sur le plan rédactionnel en amont et de jouer sur les ordre de grandeur croissants par la diffusion multivecteurs. Cette stratégie leur permet de préserver un bassin important de lecteurs, ce qui leur offre une notoriété internationale toujours favorable pour les contrats de publicités croisés.
Retrouvez les deux autres volets de « La Presse malade d’elle-même »
Premier volet à lire sur place-publique
Troisième volet et dernier volet à lire sur place-publique