Grippe porcine H1N1 : Le conseil de l’Europe dénonce les « peurs injustifiées »
Selon un rapport, la pandémie H1N1 n’a jamais existé. Le programme de vaccination n’a été qu’un «traitement placebo à grande échelle »
La gestion de la pandémie H1N1 par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), par les institutions de l’UE et par les gouvernements nationaux a conduit à un « gaspillage de fonds publics importants » et à des « peurs injustifiées relatives aux risques de santé encourus par la population européenne », rapporte une étude menée par la Commission sur les questions sociales, de la santé et de la famille de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), rendu public début juin, à Paris.
Ce rapport, établi par Paul Flynn (Royaume-Uni) fait état de « l’évidence écrasante que la gravité de la pandémie a été largement surestimée par l’OMS », ce qui a provoqué une distorsion des priorités en matière de santé publique.
«Cette pandémie n’a jamais vraiment existé », a déclaré M. Flynn à la commission lors de la présentation de son rapport, qualifiant le programme de vaccination de «traitement placebo à grande échelle ».
Dans son texte adopté, la commission constate « un grave manque de transparence » dans les processus décisionnels, qui amène à se demander quelle influence l’industrie pharmaceutique a pu exercer sur les décisions prises. La commission craint que la perte de confiance des citoyens dans les avis des grands organismes de santé publique ne se révèle « désastreuse » en cas de pandémie grave.
En particulier, l’OMS et les institutions sanitaires européennes se sont montrées réticentes à publier les noms et les déclarations d’intérêts des membres du Comité d’urgence de l’OMS et des organes consultatifs européens directement responsables des recommandations relatives à la pandémie, soulignent les parlementaires.
Toutefois, Fiona Godlee, rédactrice en chef du British Medical Journal, qui participait à la réunion, a précisé aux parlementaires que, selon une enquête menée par sa revue, les scientifiques qui ont élaboré des lignes directrices clés de l’OMS sur le stockage des vaccins contre la grippe avaient été payés par des groupes pharmaceutiques susceptibles d’en tirer profit.
L’OMS a eu une attitude « défensive », estime la commission, et n’était pas disposée à reconnaître que la définition de la notion de pandémie avait été modifiée ni à revoir son pronostic concernant l’ampleur de l’épidémie de grippe porcine.
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La commission formule une série de recommandations urgentes, en faveur d’une plus grande transparence et d’une meilleure gouvernance en matière de santé publique. Elle préconise aussi de mettre en place des garanties contre « l’influence d’intérêts particuliers » et d’envisager l’établissement d’un fonds public pour soutenir des études, des essais et des avis d’experts indépendants, qui pourraient être financés par le biais d’une contribution obligatoire de l’industrie pharmaceutique. Elle appelle à collaborer étroitement avec les médias pour éviter « le sensationnel et les discours alarmistes » dans le domaine de la santé publique.
Le rapport doit être examiné dans la perspective de la discussion plénière qui se tiendra fin juin par les parlementaires des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe le jeudi 24 juin, lors de la session d’été de l’APCE à Strasbourg (21-25 juin 2010).