S’engager pour la Hongrie, s’engager pour l’Europe
Cette pétition a été lancée le 13 janvier 2012 de Bruxelles, Budapest, et Paris par Jean-Michel De Waele, professeur de sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles, Ildikó Szabó, Professeur retraité de sociologie à l’Université de Debrecen, et Paul Gradvohl, maître de conférences à l’Université de Lorraine.
S’engager pour la Hongrie, s’engager pour l’Europe
En des temps où, face à un endettement largement hérité et des craintes existentielles partagées par une population de plus en plus pessimiste, le gouvernement de Viktor Orbán présente des remises en causes patentes des droits fondamentaux comme les armes nécessaires au maintien de la souveraineté nationale, tous les Européens, Hongrois compris, sont mis en demeure de sortir de la logique de la peur et de l’enfermement « entre soi ».
Si le respect de la séparation des pouvoirs dans le domaine économique est un point sensible aujourd’hui pour les élites européennes, c’est l’élan de solidarité civique européenne qui seul peut sortir l’Union de l’impasse. Il se doit de regrouper toutes les forces du spectre politique et culturel européen qui acceptent de ne pas recourir à la peur de l’Autre pour se légitimer. Les Hongrois et tous les Européens doivent savoir que l’Europe n’est pas une machine à éradiquer les minorités, à briser les solidarités, à détruire les « petites » langues et cultures.
Au contraire, après une phase de construction où les élites ont longtemps prétendu faire l’Europe par contrainte économique, mais en revenant toujours au graal national pour se légitimer, il est maintenant l’heure de passer à la solidarité sociale et à la solidarité civique.
La presse hongroise se faisait l’écho, début janvier, de positions qui justifiaient le gouvernement en place au nom de la défense de la souveraineté nationale et du droit de chaque État à stigmatiser les menaces étrangères, à limiter l’espace de la critique dans les médias publics et autres. Et l’argumentaire très officiel de défense de la loi sur les médias relève tous les cas douteux d’empiètements des exécutifs sur la liberté des médias (France, Portugal, Italie, contrôle accru de la BBC, et autres) pour justifier les choix officiels hongrois.
L’enjeu hongrois est donc bien européen. Nous appelons, en tant que citoyens européens, les lecteurs de cet appel pour une Europe de la concitoyenneté, à le signer afin de manifester clairement leur soutien à une Europe fondée sur une perspective de solidarité citoyenne, à l’heure où le Parlement, la Commission et le Conseil (en dernier lieu) européens entament l’étude des mesures prises par le gouvernement hongrois. Il s’agit d’encourager tous ceux qui le désirent à montrer aux autorités européennes et hongroises que le désir de vivre ensemble harmonieusement est bien le plus fort.
Actuellement, la poussée des extrêmes-droites dont la Hongrie fournit un exemple frappant, repose sur les angoisses liées à la sécurité de la famille et du pays et sur le refus d’un monde de paix, d’égalité et d’absence de préjugés.
Il est important que toutes les autres forces de la société européenne aient le courage d’affirmer qu’il est possible de vivre ensemble, de coopérer, de s’appuyer sur les droits fondamentaux formulés dans la Charte entrée en vigueur en décembre 2009, et de poursuivre des débats politiques en acceptant alternance, critique, transparence à l’échelle de toute l’Union européenne. Le test hongrois des mois à venir sera très important. Il porte sur toutes les lois liberticides de l’Union, mais aussi sur l’horizon européen d’après la guerre froide, autrement dit sur la possibilité d’une nouvelle culture politique européenne. Le choix est simple, égoïsme nationaux et disparition économique et culturelle d’un côté, création d’un nouvel espace politique et culturel de l’autre. La peur du changement est bien sûr fort présente, surtout chez les élites en place et chez tous ceux qui craignent pour leur sécurité personnelle. Sachons la surmonter ! À tous les concitoyens de l’Union de se manifester maintenant.
Les versions dans les diverses langues européennes seront publiées sur le groupe Facebook ouvert « S’engager pour la Hongrie, s’engager pour l’Europe »: http://www.facebook.com/groups/219837941434084/