Les dirigeants associatifs gardent le moral malgré de réelles difficultés
Les responsables de grosses associations, confrontés à des enjeux plus lourds en matière de ressources humaines et de financement, se montrent les plus préoccupés.
Les responsables associatifs gardent le moral. Le collectif Recherches & Solidarités, qui sonde depuis plusieurs années les dirigeants d’associations, révèle dans sa dernière vague d’enquête (*) que, malgré la crise, le dynamisme continue a toujours voix au chapitre dans le secteur associatif. En mai 2012, les responsables sont même plus nombreux que six mois auparavant (+ 3 points) à indiquer que la situation générale de leur association est bonne, voire très bonne.
Ce, malgré une très légère dégradation de leur situation financière et un recul, plus net celui-là (-4 points) en matière de ressources humaines bénévoles. Il semble donc que face à la crise, ils ont su adapter leurs modes de fonctionnement ainsi que le financement de leurs actions. Reste que 7% des personnes interrogées évoquent une situation “très difficile”, ce qui en projection nationale, représente 90 000 structures.
Le constat est plutôt meilleur au sein des structures de taille moyenne, que dans les grandes associations (souvent employeurs) et dans les plus petites. L’étude constate également un important écart entre le secteur du sport, où près de 80% des responsables expriment un sentiment positif, et celui des loisirs, de la jeunesse et de l’éducation populaire, où la situation semble plus critique.
150 000 associations en grande difficulté financière
Lorsque l’on les interroge sur les aspects financiers, les responsables d’associations montent plus de motifs d’inquiétude à mesure que la taille des structures s’accroît. Le secteur est également un critère discriminant : 70% d’opinions positives dans le sport, et très peu de situations très difficiles (3%) ; peu de très bonnes situations (6%) dans le secteur sanitaire et social, et un bilan des réponses positives au-dessous de la moyenne (56% contre 60%) ; un cumul faible de réponses positives dans la culture (45%), assorti d’une importante proportion de situations jugées très difficiles (18%).
«Les projections nationales permettent de dire que près de 150 000 associations connaissent des situations financières très difficiles. Parmi elles, on trouve près de 14 000 associations employant jusqu’à 5 salariés, et environ 7 000 employant plus de 5 salariés», précise l’étude de Recherches & Solidarités.
Côté ressources humaines, le bilan n’est pas bon pour près de 60% des responsables. 15% d’entre eux (200 000 associations en projection nationale) indiquent devoir composera avec de grandes difficultés. Si tous les secteurs sont ici touchés, c’est la taille qui creuse les écarts: les petites associations, le plus souvent sans salarié et ne pouvant compter que sur leurs bénévoles, se trouvent logiquement plus affectées. Recherches & Solidarités rappelle à cet égard que le nombre de Français engagés dans une association n’a pratiquement pas évolué entre 2002 et 2010 (entre 11 et 12 millions de personnes), alors que, sur la période, le nombre des structures a progressé de 20%.
Lorsqu’on leur demande de se projeter dans les mois qui viennent, la moitié des responsables d’association se montrent optimistes. Les pronostics se font de plus en plus négatifs à mesure que la taille des entités augmente : 47% des personnes interrogées au sein des associations employant entre 1 et 5 salariés se disent optimistes, ils ne sont plus que 39% dans ce cas au sein des structures de plus de 5 salariés.
La question des ressources bénévoles au cœur des préoccupations
Quels sont les sujets de préoccupation majeurs des responsables associatifs ? Trois éléments émergent : la disponibilité de la ressource humaine bénévole (64%), le renouvellement des dirigeants bénévoles (54%) et la motivation et l’investissement des dirigeants (34%). Ces sujets d’inquiétude sont plus forts parmi les associations ne disposant pas de salariés, et nettement plus importants dans le secteur sportif.
Si les questions financières restent un peu en retrait au plan général (39%), elles arrivent en tête des sujets d’inquiétude dans les plus grandes associations, le plus souvent employeurs, ainsi que dans le secteur de la culture. Dans les associations culturelles, la question des relations avec les collectivités locales soucie près d’un tiers des responsables, de même que dans le secteur sanitaire et social, où la concurrence avec le secteur privé lucratif apparaît en outre comme un vrai sujet de préoccupation, a fortiori dans les grandes associations, notamment dans l’aide à domicile, la petite enfance et le secteur des personnes âgées.
Autre sujet critique : l’évolution des politiques publiques, mentionnée par un quart des répondants en moyenne, avec des scores supérieurs dans le secteur sanitaire et social, et très supérieurs dans les plus grandes associations employeurs (47%).
(*) Enquête réalisée en ligne du 10 au 31 mai 2012 auprès de 985 responsables associatifs.
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