Forces et faiblesses de l’économie sociale en Ile-de-France
Bilan contrasté pour l’économie sociale et solidaire en Ile-de-France. Si la région capitale est la première en termes d’emplois, elle est très à la traîne en ce qui concerne le poids relatif du secteur dans l’économie globale.
Pas de surprise. Avec 374 000 salariés recensés en 2007, l’Ile-de-France est la première région en termes d’emploi dans l’économie sociale. Pourtant, selon L’INSEE Ile-de-France, la CRESS (Chambre régionnale de l’économie sociale et solidaire) et l’Atelier, le poids relatif du secteur dans l’emploi (7%) y reste plus faible que dans les autres régions. Et l’écart se creuse.
Alors que dans la plupart des régions, la part des salariés de l’économie sociale augmente, elle accuse une légère baisse en Ile-de-France. Ce relatif retrait de l’ESS en termes d’emploi s’explique par la structure de l’emploi régional. Sur le plan national, l’économie sociale est sur-représentée en milieu rural. D’où cette décote dans une région capitale qui concentre un emploi plutôt lié au développement économique, où les activités centrales et de services dominent largement.
Paris bénéficie de l’“effet fondations”
Un bémol toute fois à cet état des lieux régional : Paris, où l’économie sociale représente 9% de l’emploi total, soit 150 000 emplois. En poids relatif, l’emploi lié au secteur est deux fois plus important dans la capitale que dans l’ensemble de la région. Pourquoi cette forte implantation parisienne de l’économie sociale ? Deux facteurs d’explication. D’une part la forte concentration des fondations. Celles-ci génèrent à elles seules 10% des emplois de l’économie sociale à Paris, contre 4% dans les autres départements de la région. D’autre part, le poids des activités financières et, mécaniquement, une surpondération des activités mutualistes et coopératives.
Paris est le département d’Ile-de-France qui accueille la plus grande part de sièges sociaux d’organismes de l’économie sociale (41 %), en particulier ceux des fondations (84 %) et des mutuelles (71 %).
Action sociale, éducation et santé
En Ile-de-France, comme d’ailleurs en province, la moitié des salariés de l’économie sociale travaille dans les secteurs de l’éducation (16 %), de la santé (11 %) et de l’action sociale (29 %). Le poids de ces trois secteurs s’avère particulièrement important en Grande couronne, beaucoup moins à Paris – sur-représentation des mutuelles et des fondations oblige.
Premier employeur : le tissu associatif
Les associations constituent le principal employeur de l’économie sociale en Ile-de-France, avec 295 000 salariés, soit 79 % de l’emploi. A noter : la forte féminisation du tissu associatif, où huit emplois sur dix sont occupés par des femmes.
De manière plus générale, les femmes représentent 63% (+1,6% vs 2004) des effectifs de l’économie sociale en Ile-de-France (45% de l’emploi global).
Les femmes en mal de promotion sociale
En revanche, la promotion sociale des femmes semble particulièrement à la peine. Surreprésentées parmi les professions intermédiaires et les employés au sein des associations, les femmes y sont sous-représentées dès que l’on entre dans les postes d’encadrement : dans les associations d’Ile-de-France, seulement 16 % des femmes sont cadres. C’est quatre points de moins que dans l’économie globale. Les femmes sont également moins bien payées que les hommes. En moyenne, le salaire horaire net d’une femme exerçant dans une association est 17 % plus faible que celui d’un homme.
Salaires nettement inférieurs à ceux du marché dominant
Les salariés des associations gagnent en moyenne 18% de moins que ceux des autres familles de l’économie sociale (12,5 euros net/ heure en 2007 contre 15,2 euros). Les salariés les mieux payés travaillent dans les mutuelles (15,5 euros net/heure) et les coopératives (15,6 euros net/heure). Si elles sont supérieures au SMIC (7 euros net/heure), ces rémunérations restent nettement en dessous des pratiques de l’économie marchande (- 21%).