Alarmé par la faiblesse d’un contre lobbying crédible et audible dans le domaine de l’industrie financière, Finance Watch, créé en juin 2011 juge nécessaire de créer un contrepouvoir indépendant pour alerter les citoyens sur les dérives d’un système qui impose ses normes, ses chiffres, ses analyses, ses propres outils de contrôle et de notation.
Ils n’étaient que quelques uns à faire face aux lobbys de la finance et ils ne chômaient pas. Transparency International sensibilise depuis longtemps l’opinion publique aux effets dévastateurs de la corruption. Sherpa défend les victimes du crime économique. GFI (Global Financial Integrity) un think tank fondé par Raymond W Baker, a produit de nombreux rapports documentés sur les fuites de capitaux des pays en développements liés à des combines de la finance. Sans oublier le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde.
Un nouveau venu vient leur prêter main forte. Cela fait maintenant trois mois que Finance Watch, l’ONG qui se veut le « Greenpeace de la finance », a rejoint les quelques rares organismes qui se consacrent à la transparence et à l’intégrité de la vie publique et économique.
Finance Watch a été créée à l’initiative de parlementaires européens, réunis autour de Pascal Canfin, écologiste, Pervenche Berès, socialiste et Jean-Paul Gauzès (UMP). Alarmés par la faiblesse d’un contre lobbying crédible et audible dans le domaine de l’industrie financière, ces derniers ont jugé nécessaire de créer un contrepouvoir indépendant pour alerter les citoyens sur les ravages d’un système qui met l’économie par terre.
« La mission de Finance Watch est principalement de renforcer la voix de la société et de la faire peser dans les réformes nécessaires de la réglementation financière. Il s’agit de médiatiser les arguments découlant de l’intérêt général auprès des politiques et des citoyens, et de les mobiliser comme contrepoids aux intérêts privés des lobbies de l’industrie financière » explique l’organisation.
A ce jour, Finance Watch compte 57 membres, dont 17 personnes physiques possédant une compétence ou une expérience spécifique en matière de finance, de réglementation financière, de plaidoyer ou de gestion des organisations, souvent des anciens financiers ou des universitaires ayant pris conscience de l’impasse grave dans laquelle se trouvait la finance mondiale. L’association s’appuie sur une quarantaine d’organisations non-gouvernementales, originaires de douze pays, des syndicats, des associations de défense des épargnants individuels, des associations de consommateurs ou des instituts de recherche, engagées dans un plaidoyer en faveur d’une finance prenant en compte les intérêts de la société.
Plusieurs principes animent les membres de l’association.
1. L’industrie financière possède un rôle important d’allocation du capital et de fourniture de services financiers et ce rôle possède une dimension d’intérêt général fort.
2. Le rôle essentiel du système financier est d’allouer le capital à un usage productif de manière transparente et durable.
3. L’objet de la finance est de servir l’économie réelle. La situation où l’économie devient subordonnée à la fonction financière doit être rejetée car destructrice des structures économiques et sociales.
4. La rentabilité constitue à la fois un objectif légitime et une condition nécessaire à la pérennité des institutions financières mais la recherche de cette rentabilité ne doit pas être conduite au détriment de l’intérêt général.
5. Le transfert du risque de crédit à l’ensemble de la société n’est pas acceptable.
6. L’objectif général de Finance Watch est une organisation économique de la société où le besoin de l’économie réelle d’accéder au capital et aux services financiers serait satisfait de façon durable, équitable et transparente.
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