L’échec est un sujet tabou ! Or c’est une donnée omni-présente dans notre vie professionnelle. La France est un des pays au monde où l’échec est le plus mal vécu. C’est ce que semblent indiquer les résultats d’une enquête réalisée par Opinion Way pour l’Association Progrès du Management (APM) , auprès des chefs d’entreprises sur le thème : »L’échec peut-il être constructif en France ? »

La moitié des managers interrogés trouve qu’il est difficile d’être chef d’entreprise aujourd’hui tant les pressions liées à leurs missions et responsabilités sont nombreuses. Ils sont 60% à déclarer « se sentir seuls au quotidien pour prendre des décisions stratégiques ». Ils sont 48% à estimer que l’échec professionnel est « moins bien perçu en France qu’ailleurs» et 57% à juger que le « rebond professionnel après l’échec est particulièrement difficile dans l’hexagone ».

Invité à commenter ces données , Charles Pépin, expert de l’APM, professeur de philosophie , explique que loin de sanctionner cette situation difficile que représente l’échec, on devrait en reconnaître les vertus positives. « L’humain, dit-il, c’est quelqu’un qui échoue. Le moteur de l’évolution, c’est l’échec ». Quand on n’éprouve pas l’échec et qu’on n’a pas de symptôme, on ne sait pas qui on est. L’échec est une ouverture vers le réel. Ce qui nous permet d’accéder à notre vérité, c’est l’échec. »

Selon cet expert, la réussite d’un individu, d’une famille, d’une entreprise, d’une nation… est probablement davantage une succession d’échecs que de succès – au sens où elle est une succession d’échecs rectifiés, analysés, et où le succès souvent aveugle, éblouit, obscurcit la prise en compte des enjeux de l’avenir dans l’ivresse du présent. Dans d’autres cultures, un homme qui a échoué est surtout un homme qui a tenté quelque chose. Il n’a pas « échoué » : il n’a pas encore réussi. C’est ce que l’on appelle la sagesse enfantée des échecs rectifiés… »

« En recueillant le point de vue de chefs d’entreprise sur l’échec, l’APM dont la vocation, depuis plus de 20 ans, est d’éveiller la curiosité des dirigeant et de les former à acquérir une vision ouverte et dynamique des modes managériaux.souhaite faire progresser une réflexion de fond sur des sujets sociétaux dont elle perçoit l’émergence au sein des clubs APM», souligne Xavier Ouvrard, le Président de l’APM . « Dans un Club APM on ne parle pas seulement d’économie ou de management, mais on repense la culture, la société, les différences, le monde, les relations humaines. Une vision sensible et humaniste émerge, qui aide à mieux comprendre les enjeux de l’entreprise d’aujourd’hui…/… Organisée en réseau depuis sa conception, l’APM s’est développée par propagation autour de clubs au sein desquels chacun peut ainsi s’exercer à voir plus loin pour faire avancer son entreprise, dans le respect des valeurs humanistes et entrepreneuriales qui ont guidé sa création. »

L’objectif du sondage est également de recueillir le point de vue des dirigeants sur la santé de leur entreprise et la perception de leur rôle de manager dans le contexte économique actuel avec un focus sur « l’échec ». Puis de comparer la situation des managers avec celle des managers membres de l’APM. Ainsi 1 chef d’entreprise sur 3 déclare une croissance normale. 6 chefs d’entreprises sur 10 déclarent par ailleurs avoir embauché en 2011, signe positif dans un climat économique pourtant tendu. Pour 2012, les intentions s’inversent : 7 chefs d’entreprises sur 10 déclarent ne pas avoir l’intention d’embaucher. Seuls 12% déclarent « être sûrs d’embaucher » et 14% « en avoir probablement l’intention », avec un recrutement moyen de 3 personnes par chef d’entreprise.

Pour faire face et rebondir, 2/3 des chefs d’entreprises déclarent avoir trouvé du soutien auprès du « réseau professionnel », 74% auprès de leurs « salariés/cadres dirigeants » et enfin 72% auprès de « l’entourage personnel ». Les réseaux professionnels occupent donc une place de plus en plus importante dans la vie du chef d’entreprise. Ils sont ainsi 1/3 à déclarer « appartenir à un réseau ou un club de professionnels », qui leur permet en priorité « d’échanger sur leurs difficultés, d’innover, de donner du sens à leurs
activités ». Les opportunités de « faire du business » sont citées en dernier.

Si l’on compare cette situation générale avec les adhérents Apm, ces derniers ont une perception plus positive de leur statut. 64% des chefs d’entreprises adhérents à l’APMconsidèrent le fait d’être chef d’entreprise comme « une grande satisfaction ». Le fait d’être soutenu par réseau professionnel est source de plus grande sérénité. Près de 9 adhérents sur 10 déclarent que l’appartenance à un réseau ou un club comme l’APM leur permet d’affronter plus sereinement les difficultés . Ainsi ur le plan du recrutement, les indicateurs sont plutôt au vert. Près de 9 chefs d’entreprises sur 10 adhérents à l’APM déclarent avoir embauché en 2011. Ils sont 75% à en avoir l’intention en 2012 avec une moyenne de 13 recrutements envisagés. 55% d’entre eux déclarent par ailleurs être en bonne santé économique. Ceux-ci sont également plus sensibles aux questions de formation que la moyenne des chefs d’entreprises : 84% d’entre eux (vs 37% pour l’ensemble de l’échantillon) déclarent avoir mis en place un plan de formation des salariés dans leur entreprise.

Étude réalisée auprès d’un échantillon de 301 chefs d’entreprise représentatif de l’ensemble des chefs d’entreprise français à l’exception des auto-entrepreneurs au regard des critères de taille d’entreprise et de secteurs d’activités.
Étude réalisée auprès d’un échantillon de 655 adhérents de l’Association Progrès Management représentatif de l’ensemble des adhérents de l’association au regard des critères de tailles d’entreprise.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ECONOMIE, ETUDE

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