Le vol de l’or bleu
Pour la première fois, un rapport pointe et dénonce l’impact de la corruption sur le secteur de l’eau et au-delà sur l’environnement. Dans son rapport mondial 2008, l’association Transparency International a choisi de mettre l’accent sur ce secteur qui attire les convoitises avec ses 210 milliards de dollars annuels rien qu’en Europe de l’Ouest, en Amérique du Nord et au Japon. Le constat de départ : plus d’un milliard d’êtres humains ne disposent pas d’un accès garanti à l’eau. Une situation expliquée ou aggravée dans de nombreux pays par la présence de la corruption.
Au Malawi, la moitié des nouveaux points de collecte d’eau ont été construits dans des zones déjà suffisamment couvertes. Pourquoi ? Parce que les emplacements ont été choisis en fonction des affiliations politiques. Aux Philippines, la corruption a entravé la construction de canaux d’irrigation et des barrages qui irriguent désormais mal les terres. Selon les experts, le coût pour mettre en place un simple raccordement au réseau de distribution d’eau peut ainsi bondir de 30% si les autorités locales sont corrompues. L’impact pour l’environnement est direct dans certains cas. En Chine, en raison de la corruption, les réglementations censées protéger l’environnement ont été mal appliquées. Conséquence : 90% des nappes phréatiques des villes sont polluées, plus de 75% des fleuves urbains sont impropres à la consommation ou à la pêche.
Mais la corruption ne menace pas que les pays les plus pauvres. Selon Transparency International, les pays industrialisés sont aussi concernés. Principaux risques : des appels d’offres tronqués et des ententes sur les prix lors de la construction de certaines infrastructures liées à l’eau. A Chicago, les budgets alloués à l’eau ont été détournés au profit de campagnes électorales. Corinne Lepage, l’ancienne ministre et administrateur de Transparency International en France, pointe elle du doigt le sponsoring de certains colloques ou l’embauche de proches des décideurs publics qui « portent en germe des décisions non justifiées en termes d’intérêt général ».
Pour en savoir plus : le site de la section française de Transparency International