Le billet de Paul Hermant. RTBF
Avec le sentiment que le « circuit court » vaut mieux que le « court-circuit », je reviens sur ce qui s’est dit hier sur cette antenne, vous savez bien, ce débat entre les camionneurs et les environnementalistes. Et si la rencontre a été mouchetée, les réactions des auditeurs, elles, le furent un peu moins, agacés qu’ils étaient par le congestionnement des routes sans doute mais surtout par l’embourbement écologique et économique à quoi tout cette mobilité mène.
On lut donc sur le blog une sorte de plaidoyer pour la décroissance, le désembouteillage, les flux détendus, enfin bref : si l’on savait déjà que ce sont des camions qui acheminent les produits à la moyenne surface du quartier, on avait compris aussi qu’ils pourraient à tout prendre transporter des choses qui viennent de moins loin et donc, nous y venons, fonctionner en circuit court plutôt qu’en court-circuit.
Et justement, un auditeur m’avait fait parvenir, quelques jours avant ce débat, son projet de labellisation de produits locaux, avec transport réduit donc, au coût environnemental faible, avec économie locale et pollution minimale. C’est une idée toute simple. De celles qu’on aime bien par ici. Il a appelé cela PlanAid, voudrait en faire un label européen et privilégier ainsi les produits réalisés à distance raisonnable.
J’en parle parce que je me demande s’il ne faudrait pas envisager de développer cette idée à l’échelle de la planète, justement. Un journal télévisé montrait l’autre jour des paysans riziculteurs sénégalais largement dumpés, comme l’on dit, par du riz d’importation et s’échinant malgré tout à produire local : à vivre et travailler au pays, aurait-on dit en d’autres temps.
Je ne sais pas mais je me dis que ce type de labellisation pourrait servir aussi à indiquer par défaut, allez savoir, quels sont les produits alimentaires dont nous abreuvons les marchés du sud et expliquer comment en cultivant ici, nous parvenons à créer des déserts africains. Vous allez me dire, et le commerce mondial dans tout ça ?
J’appelle sur cette question Jacques Chirac. Cet homme retraité et retiré des voitures vient de créer une fondation qui porte son nom et qu’il destine à la promotion du développement durable et au dialogue des cultures. Il dit ceci notamment : « La crise alimentaire ou l’ébranlement des finances mondiales nous rappellent que notre monde est confronté à des périls sans précédent ». Il appelle à « fonder un nouveau mode de gouvernance mondiale ». Il va travailler en Afrique. Au développement. On dira, c’est malin d’avoir attendu après douze ans de mandat et une vie politique pleine… Pourquoi faut-il toujours que la sagesse arrive avec la fin de la vie, hein, Pascal. Et d’ailleurs, est-ce qu’il ne faudrait pas non plus songer à raccourcir le circuit qui va de la politique au politique ? Allez, belle journée et puis aussi bonne chance.