En décembre 2015, la France accueille à Paris la conférence des Nations Unies sur le climat, dite « COP 21 ». Cet événement est capital car la planète vit désormais à crédit sur le compte de l’environnement. Et les conséquences prévisibles sont incommensurables. Les associations se mobilisent pour exiger des mesures solides

Le climat : un enjeu prioritaire

La COP21 exige d’importants efforts aux 195 États qui vont participer aux négociations. Il faut relever des défis pratiques comme celui de trouver des solutions efficaces de réduction des émissions de gaz à effet de serre et des mesures urgentes pour aider les populations les plus démunies qui subissent durement les conséquences des changements climatiques.

Personne ne peut plus le contester : le climat change et les phénomènes extrêmes vont se multiplier. Presque chaque jour dans le monde survient une catastrophe d’ampleur local ou national dont les implications sur la vie des gens, la santé, l’habitat, l’éducation, l’emploi sont énormes. Le réchauffement climatique est bien là et l’Arctique en est la première victime avec la fonte de la banquise à vitesse V. Selon l’OMM, les années venant de s’écouler sont les plus chaudes jamais enregistrées depuis le début des mesures en 1861. Les mesures terrestres de températures réalisées au cours du XXe siècle montrent une élévation générale des températures moyennes. Les rapports réguliers du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) attestent avec un degré de fiabilité de 90% la réalité du changement de climat. Les chercheurs constatent une amplification nette du taux de certains gaz à effet de serre dans l’atmosphère et notoirement le dioxyde de carbone (CO2). (Le C02 plus connu sous le nom de gaz carbonique, provient essentiellement de la combustion du charbon et du pétrole. Il met environ 125 ans pour disparaître de l’atmosphère). Les épisodes de chaleur comme ceux que nous avons connu en juillet en France, deviendront de plus en plus fréquents et meurtriers comme en Inde, au mois de mai, où l’on a enregistré des pointes à 45°C et plus de 2200 morts. Ne parlons pas de la hausse du niveau de la mer et des risques pour le littoral. Sans oublier les cyclones, la sècheresse, avec ce que cela coûte en termes humains, ( destructions d’habitats, augmentation des victimes, réfugiés climatiques.

Jusqu’à présent, les gouvernements ont échoué à s’entendre sur un accord à la hauteur des défis de la crise climatique. La France a une responsabilité particulière en tant que président et hôte de la COP21. Cette responsabilité ne s’arrête pas à sa capacité à faciliter des négociations internationales. Pour être crédible auprès de ses partenaires internationaux, le gouvernement français doit prendre des mesures exemplaires au niveau national. Avant la tenue de la conférence, chaque pays est tenu d’annoncer une « contribution nationale », c’est à dire un plan de transition énergétique, déterminé au niveau de chaque pays, pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre notamment. L’ambition doit être au rendez-vous pour que la hausse de la température moyenne globale ne dépasse par le seuil de 2°C.

Des associations se mobilisent

Du côté des associations, l’heure est à la mobilisation. A l’occasion de la Conférence sur le climat de Paris (COP21), de nombreuses organisations ont décidé de se réunir pour lancer une dynamique exigeante. C’est le cas de Coalition Climat 21. Cette Coalition regroupe plus de 130 d’organisations et de mouvements, et continue de grandir : syndicats, ONGs environnementalistes et de solidarité internationale, mouvements sociaux, féministes, groupes de foi ou de jeunesse. « Toutes ces organisations ont leur propre histoire et ne sont pas d’accord sur tout, mais se rassemblent autour d’une certitude : la crise climatique nous concerne toutes et tous. Elle affecte déjà les plus démunis d’entre nous et menace ce que nous avons de plus cher : notre environnement, nos vies et les saisons qui les rythment. Face à l’inertie des décideurs, ces organisations ont fait le choix de s’organiser afin d’amplifier le mouvement pour la justice climatique, qu’il ne soit pas celui d’un seul Sommet mais bien celui par lequel le changement nécessaire s’imposera durablement » précise ce réseau.

En France, plusieurs associations de sensibilité écologique, font part de leurs préoccupations, en guise d’alertes aux gouvernements qui vont se réunir. Et chacune d’entre elles de mettre l’accent sur un enjeu essentiel à leurs yeux.

Enjeu de santé publique

« En cette rentrée des classes, je vous lance un appel d’urgence pour la santé de vos enfants, souligne pour sa part Nicolas Hulot, au nom de sa fondation. L’urgence climatique est aujourd’hui une urgence médicale. Chaque année en France, 45 000 personnes meurent prématurément des maladies causées ou aggravées par les principaux polluants dont le diesel. 600 000 décès liés à la pollution en Europe. Le nombre de cas d’asthme liés à la pollution a doublé en vingt ans chez les enfants. La pollution est aussi une aberration économique qui coûte chaque année plus de 100 milliards d’euros à la France.
Nous ne sommes plus qu’à trois mois de l’ouverture de la COP21 qui réunira à Paris 195 pays pour décider de l’avenir de notre planète. Obtenir un accord international limitant à 2°C le réchauffement climatique est aussi un enjeu de santé publique. Pour la santé de nos enfants, nous ne pouvons rester sans agir. En faisant un don dès maintenant, vous devenez véritablement acteur de la COP21 – ECOPACTEUR – et nous permettez de peser efficacement sur les décisions. Plus nous serons nombreux, plus nous ferons pression sur les décideurs.

La Fondation Nicolas Hulot promeut à tous les niveaux des solutions susceptibles de favoriser l’émergence d’un nouveau modèle de société basé sur une économie de coopération et de protection, une mondialisation de juste échange et sur un modèle énergétique abondant ayant un impact positif pour l’humanité et la planète. Dans le cadre de la Conférence climat de Paris (COP21), nous portons notamment 3 mesures importantes pour contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C en cours de siècle. Financer la transition énergétique et l’adaptation aux changements climatiques ; réduire les subventions aux énergies fossiles ; faire émerger de nouveaux standards en termes de production d’énergie.

Enjeu de justice et de solidarité

En route pour la justice climatique, soutient le CCFD-Terre Solidaire . « Climat, faim, inégalités : mêmes causes, mêmes combats ». Membre fondateur de la Coalition Climat21, le CCFD-Terre Solidaire invite, à travers son réseau de bénévoles, à la mobilisation sur les enjeux de la justice climatique et l’urgence d’une transition écologique et sociale. « Parce que nos sociétés sont demandeuses d’un changement radical, elles attendent un engagement des responsables politiques à la hauteur de l’enjeu que représentent les modifications climatiques ».

Enjeu énergétique

Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, assortie d’une pétition, Greenpeace demande au gouvernement français de « renouveler l’énergie » pour sauver le climat.
« Nul ne songe plus à remettre en cause la réalité du dérèglement climatique et son impact catastrophique sur les civilisations humaines si rien n’est fait dès aujourd’hui. Les scientifiques sont unanimes : il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre mondiales de 40 % à 70 % d’ici 2050, et les ramener à un niveau proche de zéro d’ici la fin du siècle. Sans quoi nous exposerons l’espèce humaine à de plus en plus de phénomènes naturels extrêmes et incontrôlables. Face à cette situation, nous n’avons qu’une solution, vous le savez : promouvoir massivement les énergies renouvelables. Elles sont aujourd’hui prêtes à prendre la relève des énergies fossiles et du nucléaire ‒ de nombreux scénarios montrent que c’est techniquement faisable et économiquement rentable. Mais cela ne se fera pas sans une volonté politique inébranlable. La COP21 vous donne l’occasion d’assumer le rôle de défenseur du climat auquel vous prétendez. La loi sur la transition énergétique et la programmation pluriannuelle de l’énergie sont vos outils. Pour arriver à 100 % d’énergies renouvelables pour tous d’ici 2050 et tenir vos promesses de campagne sur la réduction du nucléaire, votre feuille de route est simple : doubler dès maintenant le rythme de développement des énergies renouvelables ! Concrètement, cela signifie : raccorder 720 éoliennes par an, soit 60 par mois, au réseau électrique ; raccorder 8 km²/an de panneaux solaires photovoltaïques

Enjeu pour l’emploi

Dans un livre qui vient de paraître « Stop au dérèglement climatique », le Collectif Roosevelt pose une question « emploi ou climat, faut-il choisir ? »
« Il est vrai que la transition énergétique provoquera des destructions d’emplois dans les secteurs polluants : énergie, transport, élevage industriel… Mais elle en créera davantage dans les secteurs du futur : efficacité énergétique, économies d’énergie, énergies renouvelables, adaptation nécessaire des territoires au changement climatique…

La place de l’État devrait être déterminante dans cette transition pour anticiper ce grand bouleversement. Il devra faire preuve de pédagogie, pour expliquer, accompagner et aider les entreprises et les salariés à se réinventer. C’est le rôle essentiel qu’il n’a pas su tenir au moment du renoncement à l’écotaxe.
Impossible de ne pas évoquer la Grèce. Au nom d’une idéologie mortifère, la Troïka méprise tout un peuple, terrorise la population. L’emploi des jeunes en particulier devient totalement secondaire, et la transition énergétique attendra les calendes grecques. Elle est pourtant si nécessaire, quand on sait que 80% de l’électricité grecque est produite à base de lignite. Absurde.
Y arriverons-nous ? Nous assistons à un combat qui semble bien inégal entre des forces puissantes et structurées et une mobilisation citoyenne plurielle et foisonnante. Partout en France, des groupes agissent sur des questions générales ou spécialisées : emploi, climat, eau, logement, santé, alimentation… en apparence déconnectées. Faisons confiance à ce fourmillement qui évoque profondément la vie, avec ce qu’elle a de désordonné en apparence. Profitons aussi de quelques moments de repos de cet été pour observer la nature, rencontrer les amis, pour nous ressourcer et retrouver le sens de nos combats

Enjeu politique

À partir d’aujourd’hui la planète vit à crédit rappelle Europe Ecologie Les Verts (EELV). « Tout ce que nous consommerons à partir de ce jour est pris sur le stock et au-delà des capacités de renouvellement de nos ressources naturelles. C’est ce que montre l’empreinte écologique, cet indicateur met en exergue la pression que nous faisons subir à notre environnement. Et cette pression ne cesse d’augmenter. À force de couper les arbres, consommer de l’eau, bétonner les terres arables, les ressources renouvelables n’ont plus le temps de se renouveler et nous vivons à crédit.
Depuis 1970, le “jour du dépassement“ avance en moyenne de 3 jours par an : il y a 40 ans, on l’estimait au mois de novembre. Et la dette écologique que nous contractons est bien plus dangereuse pour notre avenir que les dettes financières dont pourtant, les dirigeants font bien plus de cas. À quand un sommet européen de la dette environnementale ? À quand une véritable prise de conscience de l’insoutenabilité de notre modèle de développement ? Il y eut et il y aura encore de beaux et longs discours mais il est urgent de s’alarmer et de prendre des mesures contraignantes. La Conférence internationale sur le climat qui aura lieu en décembre à Paris – Le Bourget sera l’occasion d’avancer mais il va falloir faire un grand pas, les dirigeants politiques devront alors montrer leur véritable capacité à gérer et gouverner … sur le long terme.
Une solution existe pour ne plus vivre à crédit vis-à-vis de la planète : la transition écologique de la société et du développement économique. Pour que nous puissions renverser la tendance, chacun et chacune d’entre nous doit agir dans ce sens, en prêtant attention à son environnement, son mode de consommation et son mode de vie. Il n’est pas trop tard pour agir.

Enjeu bancaire

Pour l’association Oxfam, les banques ne sont pas au rendez-vous du climat. « Les grandes banques françaises soutiennent massivement l’énergie fossile la plus polluante : le charbon. Entre 2005 et 2014, elles y ont ainsi investi plus de 30 milliards d’euros, faisant de la France son 5ème financeur mondial ! Elles affirment pourtant toutes se préoccuper de l’impact de leurs activités sur le changement climatique. Des contradictions qui ne font pas bon effet alors que la France accueille le Sommet sur le climat (COP21) en décembre. Par ailleurs, aucune banque ne calcule les émissions de CO2 induites par les projets et les entreprises qu’elle soutient, biaisant ainsi le calcul de leur empreinte carbone. Seul le Crédit Agricole fait des efforts notables mais incomplets dans ce sens. Conséquence logique de cet « oubli » coupable : jusqu’ici aucune banque ne s’est fixé d’objectif de réduction de CO2 cohérent avec un maintien du réchauffement en dessous de 2°C. « En cette année particulièrement cruciale pour le climat, il est temps pour les grandes banques françaises de se montrer à la hauteur des enjeux, et de prendre dès maintenant des engagements concrets et ambitieux. Elles doivent évaluer par un calcul honnête et complet les émissions de CO2 dont elles sont responsables, et mettre fin à leur soutien aux énergies les plus polluantes, à commencer par le charbon  »

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ENVIRONNEMENT

Etiquette(s)

, , , , ,