Et si les pays s’engageaient à doubler les déplacements à vélo entre 2015 et 2025 ?
Christophe Milon, fondateur d’Eco-compteur
Compatible avec l’objectif de réduction des émissions de CO2, pratique, agréable, bon pour la santé, et économique pour la société, le développement du vélo en tant que mode de transport devrait être l’une des priorités politiques des années à venir.
Pourtant, en pleine COP 21, la France diffuse un mauvais signal : le plafonnement à 200 euros par an de l’indemnité kilométrique pour inciter les salariés à se rendre au travail à vélo risque de faire désordre.
Alors que tout le monde est tourné vers Paris avec l’objectif des +2°C, le combat semble se focaliser uniquement sur le réchauffement climatique en omettant les enjeux liés à la qualité de l’air. La capitale chinoise tout comme le reste du nord-est de la Chine connait depuis 3 jours un triste record de pollution… le principal enjeu n’est-il pas là ?
Comme le soulignait Barack Obama à l’ouverture de la COP21, « il est presque trop tard », mais nous pouvons y arriver. Pour relever les défis et réduire durablement les émissions de gaz à effet de serre, les gouvernants du monde entier doivent réellement s’engager et prendre des mesures concrètes.
L’une d’entre elles est simple à mettre en œuvre et peut avoir un véritable impact : le vélo !
Et si les Etats s’engageaient à doubler la part modale du vélo dans le monde entre 2015 et 2025 ?
Une étude récente a démontré qu’en passant d’environ 7% des déplacements urbains à vélo (comme aujourd’hui) à un modeste 23% en 2050, nous pourrions économiser 300 mégatonnes de CO2, soit une réduction de 47% du volume des émissions liées au transport par rapport au scénario tendanciel.
Au-delà des paroles et engagements, des actes !
Les engagements sont importants, car ils sont des signaux forts et indiquent bien souvent une marche à suivre, mais ils ne sauraient se suffire. Les outils existent pour atteindre cet objectif. Réduire le trafic routier et favoriser d’autres modes de déplacement, c’est simple et concret. Les vélos en libre-service développés dans plusieurs grandes villes françaises sont des exemples pratiques qui ont démontré leur efficacité, mais il faut désormais aller plus loin.
A travers le monde, des initiatives sont mises en place : nouveaux réseaux, aménagement d’infrastructures multimodales, développement des services dédiés aux vélos, changement de destination d’anciennes routes ou voies ferrées en pistes cyclables, journées sans voitures…
Il ne s’agit pas de promouvoir le tout-vélo et d’interdire les autres modes de transport. Mais il faut se fixer un objectif ambitieux qui permettra une meilleure cohabitation entre tous les modes de transport tout en respectant notre patrimoine le plus précieux : la Terre !
D’ailleurs, on l’a vu lundi, c’est possible : Paris a connu un record de fluidité grâce à la COP21 avec 21 km de bouchons contre 250 km habituellement…
A New York, Sydney, Nantes, Seattle, Auckland, Rio de Janeiro, Portland, Strasbourg, les éco-compteurs ont permis de connaître la fréquentation des artères et de repenser les aménagements.
En Colombie, à Bogota, pendant plus de 72 jours par an, environ 90km du réseau urbain est entièrement dédié aux modes doux, et ceci régulièrement depuis les années 70. Dénommée « ciclovias », ces événements sont des initiatives phares de la ville qui commencent à essaimer dans toute l’Amérique du Sud (à Mexico, et Copa Cabana notamment).
A titre plus symbolique, il apparaît également important de « montrer l’exemple » ! Quoi de plus parlant pour briser le stéréotype selon lequel le vélo est un mode de déplacement réservé à une élite sportive ou « bobo » que d’encourager hommes et femmes politiques, ainsi que dirigeants et responsables de tout poil à enfourcher leur bicyclette pour venir au travail ?
Une balade en vélo plutôt que les voitures blindées aurait eu fière allure à l’ouverture de la COP21.