« J’ai honte »
La délation érigée en principe à la Préfecture des Hauts de Seine ! Des rafles de 120 Roumains à Alès renvoyés dans leurs pays ! Des fonctionnaires de l’état invités à jouer les auxiliaires de police et à participer à la chasse aux sans papiers ! Voilà l’image dégradante de notre République véhiculée depuis quelques mois par le gouvernement. Elle est révélée, noir sur blanc, par la copie d’une « NOTE aux agents des sections accueil et contrôle du 28 février 2008» ayant pour objet l’ « interpellation au guichet des étrangers faisant l’objet d’une OQTF notifiée ou d’un APRF ».
Le texte est particulièrement pénible à lire car il rappelle de sombres épisodes de l’histoire de France. Place-Publique a pensé qu’à elle seule la lecture de ce document inspirait le dégoût et qu’il n’était point besoin de gloser sur ces procédés répugnants pour dénoncer ces pratiques, comme l’ont fait plusieurs associations dont RESF (réseau d’éducation sans frontières). En voici quelques extraits :
« Afin d’assurer la reconduite effective des étrangers faisant l’objet d’une OQTF notifiée (obligation de quitter le territoire français ) ou d’un APRF (arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) daté de moins d’1 an, il a été décidé de procéder à l’interpellation systématique de ces catégories d’individus lorsqu’ils se présentent spontanément aux guichets du bureau des étrangers. Vous trouverez ci-après la procédure à appliquer pour mener à bien ces interpellations…/… L’interpellation consécutive à la présentation de l’étranger au guichet préaccueil. Lorsqu’un étranger se présente de sa propre initiative pour demander la régularisation de sa situation ou le réexamen de celle-ci, l’agent chargé du pré-accueil consulte Agedref (Gestion informatisée des dossiers de ressortissants étrangers en France)… /…Le schéma chronologique suivant est appliqué : l’étranger remet son passeport à l’agent. L’étranger est invité à prendre place dans la salle d’attente. L’agent saisit le chef de la section Eloignement. Le Chef de la section Eloignement saisit la DDSP et informe le chef de la section Accueil. L’interpellation sera réalisée en cabine fermée…/…Je vous rappelle que l’éloignement des étrangers en situation irrégulière est une mission prioritaire de notre service ; nous avons en ce domaine une obligation de résultat. Je vous demande donc d’appliquer avec un zèle particulier les instructions contenues dans la présente note… » (sic)
Depuis quelques semaines, de plus en plus de sans-papiers sont ainsi « piégés » par les préfectures qui les attirent sur place sous prétexte de « réexaminer leur dossier ». Les arrestations ont augmenté. Les étrangers en situation irrégulière reçoivent d’abord un courrier qui les informe que « les demandes de régularisation ne sont plus reçue par voie postale ». Il précise qu’il appartient aux gens concernés de se présenter le mardi ou le jeudi matin en préfecture ». Les gens qui se présentent doivent d’abord remettre leur passeport. La suite est décrite dans la NOTE .
J’ai honte. Honte d’être citoyen de cette république du soupçon, honte de ces méthodes sarkoziennes qui n’on rien à envier à celles de Berlusconi et de Poutine. Qui sait, peut-être incitera-t-on un jour les citoyens français à devenir des mouchards, comme aux pires temps de l’occupation. Un sentiment de répugnance doit nous envahir face à ces pratiques vichystes qui pourraient se multiplier dans notre pays. RESF a mis en ligne une pétition pour demander à la préfecture de mettre fin à ces pratiques.
http://www.educationsansfrontieres.org/spip.php?article12533