Revoir globalement la question de la richesse
Le « Produit intérieur doux » un indicateur de richesse socialement responsable
Alors qu’une commission (présidée par le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz) va s’interroger sur nos indicateurs de richesse et qu’une autre (présidée par Jacques Attali) propose des mesures pour avoir toujours plus de croissance, une manifestation organisée par le « Collectif Richesse » propose en Ile de France une série de rendez-vous (conférences/débats, projections de films, spectacles vivants, expositions, ateliers pédagogiques), sur le thème de la richesse.
Le Collectif richesses, qui rassemble plus de 200 personnes et associations actives dans les milieux de l’art, de la culture, de l’écologie, de la santé, de l’éducation populaire, de l’action humanitaire et de l’économie solidaire s’est mobilisé autour du rapport « Reconsidérer la richesse » publiée en 2002 par Patrick Viveret, philosophe et conseiller à la cour des comptes (Editions de l’Aube)*.
L’idée de ces Rencontres publiques est d’inviter à reconsidérer l’idée même de richesse et de contribuer à inscrire ce questionnement dans le débat public. L’enjeu est de faire reconnaître la valeur de différentes formes de richesses, en particulier culturelles, écologiques et sociales, qui ne sont pas reconnues comme telles par un instrument de mesure comme le Produit intérieur brut (PIB).
Le PIB se révèle en effet être un instrument discutable qui comptabilise sans aucune distinction toutes les activités génératrices de flux monétaires. Des catastrophes, des accidents, écologiquement ou humainement destructeurs dés lors qu’ils génèrent des flux monétaires de réparation, de remplacement, d’indemnisations sont intégrés positivement dans le calcul du taux de croissance. En revanche, des activités socialement utiles se trouvent dévalorisées par nos systèmes comptables.
« Produit intérieur Doux », collection de printemps Cette manifestation qui durera du 19 au 29 mars se déroulera à Mains d’oeuvres, lieu de création artistique et sociale, situé à Saint-Ouen – dans le quartier du Marché aux puces. Dans ce cadre, un débat sur les indicateurs de richesse réunira D.Méda, D.Mitterrand, P.Viveret, J.Gadrey, et J.Fabre autour de la question : comment construire une nouvelle représentation de la richesse et les outils et indicateurs qui l’accompagnent ? |
* Le rapport « Reconsidérer la richesse » propose sept axes de transformation :
1/ Créer les conditions d’un autre regard sur la richesse, ouvrir notre imaginaire en donnant prioritairement la parole aux victimes de nos modes actuels de comptabili-sation
2/ Construire un débat démocratique sur la nature de la richesse, son calcul et sa cir-culation
3/ Élaborer un rapport français sur le développement humain durable intégrant des indicateurs de destruction et de dissociation
4/ Prendre une initiative européenne en vue d’un rapport européen sur le développe-ment humain et oeuvrer au niveau mondial dans la même direction
5/ Créer des mécanismes d’incitation, tant sur le plan fiscal que par la mobilisation d’expertise et de temps, au profit des produits, services, et comportements contri-buant à la prévention ou la limitation des destructions écologiques, sociales et sani-taires
6/ Favoriser l’échange et l’activité par une politique audacieuse des temps sociaux et l’expérimentation d’une monnaie sociale incitatrice de comportements civiques, solidaires et écologiquement responsables
7/ Recenser puis mettre en oeuvre les conditions d’un État (et de pouvoirs publics) socialement et écologiquement responsable