Manifeste pour une société positive de l’économie.

Depuis les années 1970, des économistes tentent de définir des outils de mesure alternatifs au PIB afin de contribuer à la construction d’une société positive. Un tel indice a été proposé lors de la remise du rapport Pour une économie positive par Jacques Attali au président de la République en septembre 2013: l’indice de positivité.
Il vise à mesurer la positivité des économies nationales en analysant la capacité d’un pays à placer l’altruisme au cœur de ses priorités : altruisme entre les générations, entre les territoires, entres les acteurs de la société. C’est le premier indice utilisant l’altruisme pour évaluer la prise en compte de l’intérêt des générations futures.

Présentation officielle de l’indice de positivité de l’économie et des résultats comparés 2014 des 34 pays membres de l’OCDE.

Une initiative pionnière du positive economy Forum

La mesure de la performance positive constitue une dimension essentielle des travaux Initiés par le Groupe PlaNet Finance depuis 2012 dans le cadre du Positive Economy Forum. Ce dernier a pour objectif en effet de nourrir les idées et incuber des approches innovantes qui participent au développement de l’économie positive, une économie au service des générations futures, qui favorise une croissance responsable, durable et inclusive, respectueuse de l’environnement et au service de la société. L’économie positive est une économie qui réoriente le capitalisme vers la prise en compte des enjeux du long terme. L’altruisme envers les générations futures y est un moteur plus puissant que l’individualisme animant aujourd’hui l’économie de marché.

Dans sa volonté d’influencer et de sensibiliser à la fois les politiques, les entreprises et les individus, à l’échelle locale, nationale et internationale, le Positive Economy Forum met en œuvre différents leviers d’actions pour produire de la réflexion, influer sur les grandes décisions politiques, promouvoir des initiatives positives, partager des points de vue et sensibiliser le plus grand nombre.

Organisé au Havre au mois de septembre depuis 2012, le LHFORUM / Positive Economy Forum rassemble les acteurs de cette nouvelle économie. La prochaine édition se tiendra au Havre pour la troisième année consécutive du 24 au 26 septembre 2014 : 5 000 participants attendus découvriront des projets durables et innovants et les parcours remarquables de près de 150 intervenants de renommée internationale (dirigeants d’associations et d’ONG, chefs d’entreprises, chercheurs, entrepreneurs sociaux, responsables politiques etc.).

Pour une meilleure intégration de l’altruisme dans le fonctionnement de l’économie

L’indice de positivité de l’économie a pour objectif de mettre la performance positive au cœur du débat. Il se donne pour ambition de fournir une « photographie » du degré de positivité des économies nationales, de les comparer entre elles et de créer à terme un historique permettant de mesurer les progrès accomplis. Cet indice constitue un repère de l’économie positive, un nouveau référentiel permettant d’orienter l’action de toutes les parties prenantes autour de valeurs, d’objectifs et de feuilles de route partagés. Il vise ainsi à encourager une meilleure intégration de l’altruisme et du long terme dans le fonctionnement

L’indice repose sur l’application du principe central de l’économie positive : l’altruisme rationnel. Celui-ci intervient essentiellement à trois niveaux :

 l’altruisme entre générations (repère temporel),

 l’altruisme entre territoires (repère spatial)

 et l’altruisme entre acteurs (repère relationnel).

L’indice de positivité de l’économie se donne pour ambition de fournir une « photographie » du degré de positivité des économies nationales, de les comparer entre elles et de créer à terme un historique permettant de mesurer les progrès accomplis. Cet indice constitue un repère de l’économie positive.

Un indice innovant dans la façon de mesurer la performance globale

L’indice repose sur vingt-neuf indicateurs. Par exemple, pour mesurer l’altruisme rationnel entre les générations, il est nécessaire d’observer les ressources qui seront transmises aux générations suivantes, ce qui implique de tenir compte des investissements réalisés et de la soutenabilité de la dette, mais aussi la façon dont on transmet les savoirs par l’éducation (qui occupe une place très importante dans l’indice avec plus de 5 indicateurs sur 29), l’emploi des jeunes, etc. Pour mesurer l’altruisme rationnel entre les territoires, l’indice s’interroge sur la qualité des infrastructures, les déséquilibres liés à l’urbanisation, l’ampleur de la fracture numérique, ou encore la solidarité internationale. Enfin, pour étudier l’altruisme entre les acteurs, il est indispensable de mesurer la gouvernance positive (qualité des institutions, liberté de la presse…), mais aussi les inégalités de revenus, le sentiment de liberté, la confiance et la tolérance aux autres (acceptabilité d’avoir pour voisins des personnes affichant des origines, des préférences sexuelles ou une religion différentes).

Parmi ces 29 critères, 2/3 sont objectifs et 1/3 subjectifs (i.e. mesurés par sondage).Certains indicateurs ont été créés spécifiquement, par exemple le niveau de reproduction des inégalités par l’éducation (impact du revenu des parents sur la réussite scolaire des

Les premiers résultats de l’indice de positivité

A l’issue des calculs menés par le Positive Economy Forum avec cette nouvelle version de l’indice, le classement 2014 des nations s’est révélé légèrement différent de celui de 2013. Le classement de la positivité obtenu en 2013 faisait figurer la Suède en première place. Venaient ensuite la Norvège, le Danemark, la Finlande et les Pays-Bas. Ces cinq nations affichaient une forte prise en compte de l’intérêt des générations futures.

La France : un bonne élève de l’économie positive qui doit relever des défis.

Parmi les 34 pays de l’OCDE, la France se situait pour sa part au 19ème rang du classement 2013. Malgré une 3ème place pour la qualité de nos infrastructures, elle souffrait d’un certain nombre de handicaps : une mobilité sociale en panne et, de ce fait, une 28ème place pour la reproduction des inégalités ; une 26ème place pour notre manque de confiance ; une position dans le dernier tiers pour ce qui est de la parité. Sur le terrain environnemental, le pays se doit aussi de relever un défi : bien que notre empreinte carbone soit relativement faible, la part des énergies renouvelables dans le total de la production annuelle ne représentait que 8% en 2010, contre plus de 25 % en Finlande ou en Autriche.

Si, dans le classement des nations 2014, les pays du nord de l’Europe demeurent en tête et la Hongrie, la Turquie et la Grèce à la fin du classement, la France gagne une place en prenant la 18ème position. Le pays marque des progrès encourageants sur les indicateurs qui reflètent le sentiment de liberté, la qualité des infrastructures, ou encore, plus modestement, le dynamisme économique. Parmi ses autres points forts, on note l’attractivité auprès des étudiants étrangers. En revanche, ses résultats se dégradent dans les domaines de l’éducation et de la solidarité et l’un des plus mauvais scores des pays de l’OCDE est atteint en 2014 pour un indicateur crucial : celui qui mesure le caractère reproductif des inégalités. Ainsi, chez nous plus qu’ailleurs, le niveau scolaire est nettement corrélé au revenu des parents. Déjà observable en 2013, ce phénomène tend à s’accentuer. Ces nouveaux résultats appellent à une prise en compte renforcée du long terme dans les politiques publiques pour éviter une dégradation de la positivité de la France au cours des prochaines années.

Un indice conçu pour évoluer pour mesurer la performance positive des collectivités, des entreprises, et de la société civile.

Initialement pensé pour s’appliquer à l’échelle d’un pays, l’indice doit désormais pouvoir servir toute entreprise et toute collectivité locale désireuse de mieux comprendre, évaluer et renforcer sa contribution à l’économie positive. Des pistes concrètes ont aussi été identifiées pour élargir le champ de l’indice et renforcer sa pertinence, notamment en intégrant de nouveaux indicateurs spécifiques.

Des mesures pour bâtir une France et une Europe positive

Suite au classement 2014 des nations selon l’indice de positivité de l’économie, un plan d’action est proposé dans le Manifeste pour une société positive et sera mis en débat à l’occasion du prochain LHFORUM Positive Economy Forum, du 24 au 26 septembre 2014 au Havre.

1. Au niveau de l’état

 Modifier l’éducation maternelle et primaire pour y inclure l’enseignement de la
positivité et de l’altruisme rationnel.

 Maîtriser la dette publique, faire des économies budgétaires en protégeant les
investissements positifs.

 Réformer la formation permanente au profit des chômeurs.

 Créer une Banque d’Expérimentation sociale pour financer les projets novateurs
d’économie positive et les généraliser en cas de succès.

 Donner au Conseil économique social et environnemental (CESE) la mission unique de
parler au nom des générations suivantes et d’émettre son avis sur tous les projets de loi
avant qu’ils ne soient soumis au Parlement.

 Créer un ministère de l’économie positive incluant l’économie sociale et solidaire et
l’environnement.

2. Dans les entreprises

 Changer le statut des entreprises en leur assignant pour mission de servir l’intérêt des générations à venir (pas seulement celui de leurs actionnaires).

 Augmenter les droits de vote des actionnaires en fonction de la durée de détention de

 Créer un statut d’« entreprise positive » avec les mêmes avantages que les associations
reconnues d’utilité publique.

 Créer un « livret positif », avec les mêmes avantages fiscaux que le livret A, pour
financer les projets des entreprises positives.

 Créer une série d’incitations en faveur des entreprises positives : accès aux marchés publics, avantages fiscaux, etc.

 Créer des « Zones franches positives » où les entreprises positives pourront s’installer et croître

3. Dans les territoires

 Regrouper les communes autour des communautés de communes pour créer des
« communautés positives ».

 Indexer progressivement la dotation de l’Etat aux collectivités territoriales sur la base
de leurs progrès en matière d’économie positive.

 Réformer le Code de l’urbanisme pour exiger la prise en compte des principes de
l’économie positive dans tous les documents structurants.

 Lancer dans les régions des assises locales de l’économie positive et organiser dans
chaque collège, lycée, université une journée sur le sujet.

 Faire de la coopération internationale des collectivités un vecteur de diffusion de l’économie positive à l’international.

4. En Europe

 Proposer un grand programme d’investissement dans les secteurs de l’économie
positive par l’Union européenne (UE) et la Banque européenne d’investissement.

 Créer une agence de rating européenne pour noter les entreprises positives et juger
celles qui créent le plus de valeur pour les générations futures.

 Créer un label « Territoire d’Economie positive » et l’étendre à l’UE pour constituer un
réseau des Territoires d’Economie Positive.

 Positionner l’UE comme leader mondial en matière d’efficacité énergétique et la lutte
contre le changement climatique.

Bien que l’indice de positivité de l’économie révèle le maintien de la France en milieu de
tableau, l’orientation du pays n’est pas particulièrement favorable. Trop de dimensions
témoignent en effet d’un risque de dégradation à venir de la positivité de l’économie. Ce
risque ne se manifeste pas encore, mais il appelle à pendre mieux en compte le long-terme dans les politiques publiques.

* A propos du Groupe PlaNet Finance

Le Groupe PlaNet Finance est un des leaders mondiaux de l’économie positive et responsable. Depuis presque quinze ans, il œuvre pour favoriser l’accès des populations défavorisées aux services financiers, améliorant ainsi leurs conditions de vie de manière durable par leur inclusion dans le système économique. Le Groupe PlaNet Finance contribue ainsi au développement du secteur de la micro-finance par la mise en place de produits et de services spécifiques pour répondre aux besoins de ces populations qui souffrent de leur exclusion du système. Il agit dans les pays en développement, mais aussi dans les banlieues françaises. Avec une présence internationale dans plus de 80 pays, le Groupe PlaNet Finance est aujourd’hui reconnu comme un acteur majeur de la lutte contre la pauvreté. Il a été fondé par Jacques Attali et Arnaud Ventura en 1998.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

Catégorie(s)

ECONOMIE

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