Le billet de Paul Hermant. RTBF

Certains matins, voyez-vous Pascal, le monde vous tombe des mains. C’est comme si on avait déjà lu les titres en première page des journaux, mais que simplement, ils étaient écrits différemment.

Et donc, par exemple, je vous le demande, est-ce que l’on doit encore s’émouvoir ou se scandaliser de la répétition du même ? Regardez : cette nouvelle histoire de Wall Street, 50 milliards de dollars escroqués par un de ses gourous mêmes, Bernie Maddof qui régna sur le Nasdaq. Certains appellent cela une randonnée, d’autres une pyramide, d’autres encore le « système de Ponzi », du nom d’un immigrant italien fauché des années 20, aux Etats-Unis, premier escroc du genre, il arnaqua pas moins de 17.000 personnes. Charles Ponzi, c’était un type très postmoderne en fait, il fit métier de la banque véreuse mais aussi d’immigrés clandestins, il faisait de la traite d’être humains : c’était un passeur, comme on dit, et on dirait bien, de fait, que d’aucuns en ont hérité.

Le système de Ponzi est fort simple, on a connu ça aussi sous le nom de jeu de l’avion, l’Albanie en fut largement victime il y a une dizaine d’années et, victime, on dit cela littéralement car il y eut plusieurs centaines de morts, une fois les gens ruinés et les émeutes déclenchées. S’en souvient-on ? Non, on ne s’en souvient pas. Et, en tout cas, on ne s’en est pas souvenu.

Cet avion, il vole tant que de nouveaux investisseurs couvrent les bénéfices offerts aux anciens, mais il s’écrase et il s’écrase toujours, dès lors qu’il n’y a plus suffisamment de nouveaux apports pour éponger les anciens. Et l’on se dit ici qu’à force de larguer des parachutes dorés, il fallait bien qu’un jour quelqu’un pense à se construire un avion, voilà, c’est fait, et c’est comme les subprimes : les ondes de choc vont se multiplier et l’on va une nouvelle fois s’apercevoir que ce n’est pas parce que monde est rond qu’on évite pour autant les faux rebonds. Les Suisses font savoir qu’ils sont touchés de plein fouet, BNP Paribas minimise, les Espagnols sont inquiets et nous, on fait comme d’habitude, on ne dit rien tant qu’on ne sait pas et on ne sait pas tant qu’on ne dit rien.

Alors aujourd’hui, on a une pensée émue pour ces pirates informatiques, ces gens de peu, qui ont détourné quelques centaines d’euros sur les comptes en ligne de clients de chez Dexia, ces derniers jours. On les embrasserait presque, d’être des voleurs aussi honnêtes. Allez, belle journée et puis aussi bonne chance.

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