Avec un million de structures, le tissu associatif constitue le troisième pilier de la vie démocratique, affirme le président de la Conférence permanente des coordinations associatives.

Commet se porte le secteur associatif en France ?

Il est extrêmement dynamique : 14 millions de bénévoles actifs, 1,8 million de salariés, un million d’associations, 190 associations qui se créent chaque jour, soit plus de 50 000 nouvelles structures chaque année. Les associations constituent le troisième pilier de la vie démocratique, à côté du pouvoir politique et du pouvoir syndical.

Comment fonctionne la CPCA ?

Nous coordonnons 16 coordinations associatives. Chacune d’elles a son propre rôle à jouer face aux interlocuteurs institutionnels, du ou des ministères auprès desquels elle est en relation privilégiée. La CPCA, qui fédère près de 60% des associations françaises, joue le rôle d’organe transversal de représentation politique, en exprimant l’intérêt commun du monde associatif, dans un souci de défense et de promotion du secteur. La posture et le modèle se déclinent au niveau territorial, via les CPAC régionales, qui regroupent les échelons régionaux des coordinations membres. La CPCA représente également le monde associatif au sein de l’économie sociale. C’est à ce titre que nous siégeons au Conseil des entreprises et groupements de l’économie sociale (CEGS).

Quels succès peut-on mettre à l’actif de la CPCA

Citons la charte des engagements réciproques signée en 2001, dont on retrouve le modèle aujourd’hui dans plus de 40 pays et qui vise l’institution d’un partenariat suivi régulier entre pouvoirs publics et associations. On peut également évoquer la charte de l’égalité entre hommes et femmes signée en 2004. La CPCA est aussi à l’origine en 2006 de la première conférence nationale de la vie associative, à l’occasion de laquelle a été signé le texte sur l’égalité des chances. Nous avons récemment, lors de la deuxième conférence nationale, réaffirmé nos exigences.

Par exemple ?

Lors de la première conférence nationale de la vie associative, 25 mesures furent annoncées par le Premier ministre. Peu furent suivies d’effets. Aujourd’hui, nous demandons l’évaluation de la charte des engagements réciproques signée en 2001 et son actualisation en 2010, une analyse fine et rigoureuse de la contribution des associations à la richesse produite en France. Nous soutenons également la création en 2010 d’un observatoire du monde associatif, en lien avec l’Insee, afin de permettre une vision statistique pérenne du secteur.

Le tissu associatif constitue un levier de cohésion sociale…

Un levier capital. C’est pourquoi, dans une logique de reconsolidation du lien social, de reconnaissance et de valorisation de l’engagement citoyen au service de causes d’intérêt général, nous demandons la création d’un Centre national de développement de la vie associative doté de 30 millions d’euros pour répondre aux besoins des 14 millions de bénévoles. Il faudrait également développer un service civique volontaire centré sur les missions d’intérêt général des associations et clairement distingué du bénévolat. Enfin, la CPCA milite pour
un renforcement de l’accompagnement des associations qui développent des activités et emplois d’utilité sociale.

Les citoyens doutent de plus en plus de l’action publique. Ils placent davantage leur confiance dans l’action associative

L’action publique, à tous les niveaux du territoire, doit être menée avec la population. Elle doit s’appuyer sur l’action des associations, c’est-à-dire de la société qui s’organise par elle-même. Ce qui induit une relation partenariale entre associations et pouvoirs publics. Nous demandons donc une mise à jour des règlements et outils sur les relations contractuelles entre associations, Etat et collectivités territoriales. La CPCA milite également pour l’animation, le suivi et l’évaluation par les pouvoirs publics des nouveaux modes de financements publics. Si l’on veut que le tissu associatif soit structurant, il faut sécuriser les modalités de financement, en créant des conventions pluriannuelles, sur trois-quatre ans. Les associations ne peuvent plus rester suspendues chaque année à une décision d’octroi ou de refus de subventions. Autre chantier prioritaire : la prise en compte de l’impact sur les associations et les services locaux de la réforme territoriale, notamment en termes de compétences et de moyens financiers.

N’êtes-vous pas également confrontés à la maigreur du dispositif et des moyens de formation des bénévoles ?

Si nous voulons assurer le maintien et le recrutement des dirigeants d’associations, il est en effet urgent de dégager des moyens supplémentaires. Le budget actuel est de 8,7 millions d’euros, alors qu’il devrait être a minima de 50 millions d’euros.

Au sujet de Muriel Jaouën

Journaliste de formation (ESJ Lille, 1990), Muriel Jaouën publie régulièrement dans le magazine de Place-Publique. Ses spécialités : économie sociale, développement durable, marketing, communication, organisations, management.

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ECONOMIE

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