Sociétale démocratie : un nouvel horizon. L’adjectif en premier dans le titre de cet ouvrage, met en avant la transformation du jeu des acteurs et sa part sociétale, à côté du modèle de la démocratie représentative.

Ce petit livre est-il un autre de ces multiples cris qui s’amortissent dans le coton de nos oreilles fatalistes ? L’attaque des premiers chapitres sur les limites des modèles actuels le fait craindre. Ces messages, aussi pertinents soient-ils, sont l’écho d’innombrables plaintes et analyses, reformulées tous les jours au coin de chaque éditorial. Ils laissent derrière eux une longue trace de découragement. Au-delà de ces morceaux convenus, se détachent cependant trois idées dont le rassemblement produit une force crédible.

D’abord, il faut explorer d’autres modèles économiques, le faire en s’adossant à l’architecture robuste de la société civile et y définir une autre gouvernance de la cité. La seconde idée est de mettre à profit cette opportunité étonnante du « numérique sociétal » (appelons-le comme ça !) et singulièrement des réseaux sociaux. Le troisième axe n’est guère original sur le fond, mais a parfaitement sa place dans le sillage des deux précédents et son intention est intéressante. La formulation d’indicateurs qui traduisent ces volontés et la lecture nouvelle des réalités est essentielle.

Elle emprunte à l’économiste Joseph Stiglitz une parallaxe, sociétale justement : « Les activités socialement utiles se trouvent dévalorisées par nos systèmes comptables. » C’est sur la réalité pervertie d’un mauvais tableau de bord que buttent nos feuilles de route. Si l’écosystème se transforme, alors son thermomètre relève d’autres mesures. Evidente à énoncer, l’idée a du mal à franchir certains obstacles. Soulignons-en un à l’aune d’un exemple récent.

Une étude anglaise (du lobbying pour les centres d’affaires très en vogue au Royaume-Uni) mesure qu’une autre organisation du travail (hypothèse de deux jours de travail à distance par semaine pour un travailleur sur deux) produirait quelques 40 milliards d’économies conjointement pour les ménages, les entreprises et la collectivité. Cette idée s’inscrit dans le sens d’une histoire en train de se faire (des internautes français interrogés en ligne déclarent 37% du temps de travail hors siège). Mais face à ce réalisme, que vaut un résultat, certes bénéfique en termes « sociétaux », mais qui se traduit in fine, par une réduction du PIB dans une acception classique de l’économie ? Peu entendable !

Ces axes que développent Thierry Jeantet et Yan de Kerorguen pour explorer ce « nouvel horizon » témoignent d’un pragmatisme à l’anglo-saxonne. D’où peut-être la construction inversée, à l’anglo-saxonne justement, du titre ? Peu importe, c’est bien d’une logique de l’expérience, celle dont la société civile ou la démocratie sociétale (est-ce différent ?) témoigne. A la fois l’expérience des composantes de la société aujourd’hui peu impliquées dans les gouvernances et l’accompagnement de leurs capacités (empowerment).

Les idées sont dans l’air. Voir par exemple ici, une initiative indépendante partie des Pays-Bas qui entend œuvrer à l’échelle européenne sur le concept de l’économie de l’expérience, produisant par ailleurs un ouvrage sur ce thème.

Au-delà, ces réflexions percutent sur le « crowdfunding », terme d’émergence récente mais qui incarne bien dans l’opérationnalité cette conjonction d’une implication des « organisations sociétales » et la recherche d’une nouvelle économie. En témoignent quelques publications très récentes pour éclairer la lanterne de ceux qui découvrent ce mouvement et pour consolider les thèses des auteurs de Sociétale Démocratie.

L’Atelier – Le « crowdfunding » des PME : une source de croissance économique ?
L’idée est de capter les investissements de particuliers pour générer du capital vers les start-up, quitte à concurrencer les sommes dévolues aux jeux de hasard !

InternetActu – Le crowdfunding, nouvelle source de production de projets urbains ?
Il existe 452 plateformes en ligne (comme KickStarter) dédiées au « crowdfunding » (financement de projets par les micro-investissements d’internautes). Ce concept s’exporte désormais dans le champ de l’urbanisme pour proposer aux habitants d’investir dans la réalisation de nouveaux services urbains.

InternetActu.net – Le financement participatif peut-il bâtir des villes ?
L’utilisation du concept de crowfunding rapporté à l’urbanisme est en train de créer un nouveau mouvement participatif. Cependant, cette pratique soulève bon nombre de questions, notamment dans la pertinence de pallier aux manques des services publics.

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