SIDA : la France exprime son soutien aux populations clés à l’ONU. A quand des financements supplémentaires ?
Participant à Réunion de Haut niveau de l’ONU consacrée au VIH/sida, AIDES et Coalition PLUS saluent le discours de la Ministre française, Marisol Touraine, en faveur des populations clés. Alors que les Etats-Unis viennent d’annoncer un effort supplémentaire de 100 millions de dollars, les associations encouragent la France à concrétiser son engagement en augmentant ses financements au Fonds mondial de lutte contre le sida, institution internationale qui soutient des programmes de prévention et de soin adaptés aux populations clés.
Dans son discours, la Ministre française Marisol Touraine a reconnu les faiblesses que comporte la déclaration finale sur les populations clés qui sont les plus exposées au VIH (les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les travailleurSes du sexe, les injecteurs de drogues, les trans), et rappelé l’importance de placer ces populations au cœur de la riposte à VIH pour espérer mettre fin au sida d’ici 2030.
Coalition PLUS, union internationale d’associations de lutte contre le sida, et AIDES, son membre français, saluent la prise de position de la Ministre à la tribune des Nations-Unies en faveur de populations clés, alors que la bataille pour renforcer le texte de l’ONU sur les populations clés a été perdue.
Elles appellent désormais la France à concrétiser cet engagement politique en annonçant une augmentation des efforts financiers au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, seule institution internationale qui parvient à soutenir financièrement des programmes de prévention, de soin et d’accès aux droits pour les populations clés, y compris dans les pays où celles-ci sont criminalisées.
Le Canada, qui accueillera en septembre prochain la conférence de reconstitution du Fonds mondial, a déjà annoncé une augmentation de 20% de sa contribution au Fonds le 9 mai dernier. De leur côté, les Etats-Unis viennent d’annoncer à la Réunion de Haut niveau des financements supplémentaires s’élevant à 100 millions de dollars pour développer des programmes spécifiques aux populations clés.
Sans augmentation des financements du Fonds mondial, son soutien aux associations LGBT, d’usagerEs de drogues et de travailleurSEs du sexe sera fortement menacé, notamment dans les pays à revenu intermédiaire comme le Maroc ou l’Ile Maurice. Faute de moyens supplémentaires, le Fonds mondial a déjà dû cesser de soutenir ces programmes en Tunisie en 2016.
Selon l’ONUSIDA, il faut parvenir à déployer des services de prévention et de soin adaptés pour 16 millions de gays, 13 millions de travailleurSEs du sexe, 7,5 millions d’usagerEs de drogue et 1 million de femmes trans d’ici à 2020 pour parvenir à mettre fin au sida. Des projets pilotes ont démontré l’efficacité de programmes dédiés pour réduire drastiquement les nouvelles infections chez ces populations : dépistage démédicalisé, centres de santé sexuelle communautaires, éducation par les pairEs, réduction des risques à l’injection, assistance juridique, campagnes de lutte contre les discriminations…
En amont de la Réunion de Haut niveau, plus de 50 associations de la société civile avaient demandé à tous les Etats progressistes, dont la France, de renforcer les engagements internationaux concernant les populations clés en les mettant au cœur de la riposte mondiale contre le sida. Ils avaient la possibilité d’apporter des améliorations substantielles au texte puisque la Russie avait brisé le silence et que les négociations pouvaient ainsi se prolonger. Mais c’est finalement le même texte qui a été adopté mercredi 8 juin à l’ouverture de la plénière.