Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie :Quand la persécution nourrit l’épidémie de sida
Alors que la France connaît une recrudescence inquiétante des actes homophobes, les gays sont victimes dans de nombreux pays d’une véritable homophobie d’Etat. Pénalisation, persécution et rejet accentuent la vulnérabilité des minorités sexuelles et les exposent particulièrement au risque VIH.
Voilà plus de 20 ans que l’OMS a supprimé l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Pourtant, plus de 80 Etats continuent aujourd’hui la chasse aux gays. En Afrique, la situation fait froid dans le dos : sur les 53 pays que compte ce continent, 39 pénalisent encore l’homosexualité, et 3 appliquent même la peine de mort. L’Ouganda, qui punit déjà les relations homosexuelles de la prison à vie, tente aujourd’hui d’envoyer les homos à la potence. L’Etat ougandais accuse notamment les gays de « propager le sida et de détruire la société ougandaise ». Exemple symptomatique d’une homophobie d’Etat terrifiante, faisant l’amalgame entre homosexualité et VIH. Mais l’Ouganda n’est pas un cas isolé. Aujourd’hui, de nombreux pays persécutent les homos et tententd’empêcher la mise en place de programmes de prévention à destination des minorités sexuelles. Les gays y sont condamnés à la clandestinité et à la peur, victimes quotidiennes d’humiliations, d’exclusion, de délation et de lois moyenâgeuses. Or cette situation totalement incohérente ne fait que nourrirl’épidémie de sida : il est depuis longtemps prouvé que toutes formes de discrimination et de rejet sont autant d’entraves à l’accès aux soins et la prévention, favorisant ainsi la transmission du virus.
Bien que la pénalisation empêche le recueil de données statistiques à l’échelle mondiale, on sait que dans certains pays d’Afrique les communautés gays et trans sont jusqu’à 25 fois plus exposées au risque VIH que la population générale. La pénalisation, qui engendre la stigmatisation, la discrimination et donc la vulnérabilité sociale des minorités sexuelles, est en grande partie responsable de cette situation. A quelques semaines de l’Assemblée Générale des Nations Unies, qui doit accoucher d’une nouvelle stratégie internationale de lutte contre le sida, seuls 18% (1) des pays du monde ont mis en place des programmes de prévention VIH spécifiques en direction des minorités sexuelles, alors que ces dernières sont les plus touchées par l’épidémie.
La dépénalisation de l’homosexualité reste un enjeu majeur de santé publique.
Lors du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies le 22 mars dernier à Genève, 85 pays ont ratifié la Déclaration pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité. Pour en finir avec la criminalisation des gays, AIDES encourage la France àfranchir une nouvelle étape, et à porter devant les Nations Unies une Résolution pour la Dépénalisation Universelle de l’Homosexualité, au caractère plus contraignant et faisant force de loi au sein de l’ONU.
Dans son plaidoyer permanent pour l’accès de TOUS les malades à une prise en charge de qualité, AIDES demande également que le respect universel des droits humains et la lutte contre l’homophobie soient inscrits dans la déclaration finale de l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 10 juin prochain à New-York.
La persécution des gays est une insulte à la dignité humaine et continue de faire le terreau de l’épidémie, en France et partout dans le monde.