Construire l’Europe que nous voulons
La Villette, jeudi 13 novembre. Premier jour de débat au FSE. Dès la sortie du
métro, on est dans l’ambiance : dans les couloirs, les publicités disparaissent sous des affiches en tout genre. On peut y lire : « Contre l’Europe du capital et de la guerre ». Ou encore : « Le socialisme sauvera le monde ».
Beaucoup de jeunes Espagnols et Italiens ont investi les lieux. Comme à Florence l’an dernier, les dread locks sont de mise. Le Che, quant à lui, semble indémodable.
Dans la grande halle, les participants se pressent aux plénières. Programme du matin, entre autres débats : l’Europe des citoyens. Sept intervenants et deux modérateurs se passent la parole. Dès la première intervention, le ton est donné. Pierre Khalfa, de l’Union syndicale G10 Solidaires – France, dénonce le mode de construction de l’Union européenne, via le projet de constitution notamment, axé sur le marché et la généralisation de la concurrence. « L’Europe s’est construite par le haut sans participation des peuples. Nous ne pouvons que constater l’absence de légitimité démocratique du cadre institutionnel actuel », s’enflamme-t-il.
Autre raison de la colère : après sa ratification, toute modification de la constitution devra être entérinée par les 25 Etats membres à l’unanimité. Autant parler de « porte blindée », ajoute Pierre Khalfa. Quant à la charte des droits fondamentaux, elle ne peux pas constituer « un contre-pouvoir réel à la libre concurrence, érigée comme dogme, car son application n’est effective que dans un cadre national ».
Bref, pour contrer cette offensive libérale, il n’y a qu’une seule solution : le rejet du texte. Puis, se projette Pierre Barge de la Ligue des droits de l’homme, « construire nous-mêmes l’espace démocratique et l’Europe que nous désirons. Nous acceptons trop souvent la délégation… ».
Pour ce faire, Patrice Cohen-Seat de l’Espace Marx préconise de faire irruption dans le proccessus constituant. « La liberté ne s’octroie pas, elle se conquiert ; cessons de subir l’Europe, prenons-la en main ». La salle applaudit.
A la sortie de la grande salle, des stands associatifs et syndicaux présentent leurs actions et leur vision d’un autre monde possible. Les couleurs verte, rouge et noire prédominent. Tel le slogan de l’affiche du métro, le déficit idéologique nous ménerait-il à revisiter inlassablement les mêmes utopies, qui, si elles ne font pas l’objet d’analyses critiques, pourraient bien ressembler à de vieilles lunes ! A suivre…