Un an et demi après : GNIAC, quels enseignements ?
Je vous livre ici quelques impressions et réflexions personnelles, pour en débattre avec vous. Je me félicite d’avoir lancé ce réseau, dont le développement ne faiblit pas, preuve que l’idée de départ, enrichie des contributions des quelques pionniers de mars 2014, était juste. Le besoin de décloisonnement et d’échanges dans un cadre libre, ouvert et bienveillant est confirmé.
Au départ, je connaissais une cinquantaine d’acteurs motivés, à peu près autant d’initiatives porteuses de changements positifs, et aujourd’hui, grâce à GNIAC, j’en connais presque 6 fois plus ! Chaque semaine, ce sont plusieurs nouvelles rencontres passionnantes d’acteurs engagés : des entrepreneurs, des fonctionnaires, des responsables associatifs, beaucoup de jeunes, quelques retraités…Quelle richesse humaine ! Quel enrichissement personnel ! Pas de risque d’encroutement avec ça ! Nos plénières trimestrielles en sont la démonstration vivante : on se regarde, on s’écoute, on se découvre, on se respecte et on a soif de construire ensemble un monde nouveau. Ne boudons pas notre plaisir !
L’animation quotidienne du réseau, dans lequel il se passe toujours quelque chose, apporte la confirmation de l’extraordinaire vitalité de la société française, notamment de nombreux jeunes branchés numérique, fonctionnement transversal et réseaux sociaux, qui revisitent/réinventent le vivre ensemble, le lien social, voire certaines politiques publiques, en créant directement des activités socialement utiles à côté des dispositifs et services traditionnels, dont ils ignorent parfois l’existence même. C’est un peu fouillis, pas forcément très pro, parfois maladroit, mais ça bouillonne !
Cette vitalité inventive contraste singulièrement avec la pesanteur du monde traditionnel des institutions en tout genre qui reste engoncé dans le costume empesé des procédures, règlementations et dispositifs dont la prolifération semble impossible à maîtriser. Et qui, hélas, conservent l’essentiel des financements publics. Un système figé qui ne parvient pas à sortir du cadre rigide dans lequel il s’est lui-même enfermé, multipliant les promesses et les annonces auxquels plus personne ne croit, pas même ceux qui les préparent, un système qui semble de plus en plus mouliner dans le vide, gaspiller les moyens et les énergies, dans lequel s’activent pourtant de nombreuses personnes qui ne demandent qu’à le faire évoluer, et qui viennent respirer un peu d’air frais chez nous …
Enjeu intéressant pour GNIAC : comment raccrocher ces deux mondes, créer des passerelles, inventer de nouveaux modes de travail plus coopératifs, éviter ce gaspillage ?
Notre fonctionnement totalement décloisonné nous qualifie pour tenter l’opération: nous avons les vieux fonctionnaires expérimentés et les jeunes entrepreneurs sociaux ! C’est bien l’objectif de la démarche du Pôle citoyen pour l’emploi et du Collectif pour la transformation publique que nous venons d’initier avec d’autres associations.
Démarches basées sur une conviction : n’attendons plus, agissons tout de suite, directement, en mobilisant le capital d’énergies et de compétences qui ne demande qu’à s’exprimer. Nul besoin d’être adoubés par les institutions en place. Faisons jouer notre droit ou plutôt notre devoir d’ingérence dans les affaires publiques !
A condition bien sûr d’agir avec un certain professionnalisme, ce que Gniac peut permettre, fort de ses presque 300 experts citoyens, à la manœuvre quotidiennement
Alors oui ! Tout ceci nous incite à continuer dans la voie de la mobilisation citoyenne décloisonnée et décoincée, à continuer à agréger et fédérer de nouvelles compétences, de nouvelles initiatives, au plus près des territoires, à inventer et mettre en œuvre des modes de faire différents.
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L’initiative « Pour une mobilisation citoyenne en faveur de l’emploi »
Nous sommes des militants de l’emploi et de l’insertion, responsables associatifs, chefs d’entreprises, fonctionnaires , élus, chercheurs d’emploi…Nous ne nous résignons pas à la persistance d’un chômage de masse. Nous avons décidé d’unir nos efforts, de fédérer nos compétences et nos initiatives dans les territoires pour faciliter la création d’activités, le rapprochement offres-demandes d’emplois et le recrutement de personnes éloignées de l’emploi.
Un système à bout de souffle
Les politiques de l’emploi souffrent d’un éparpillement de dispositifs, de structures et d’initiatives, difficilement lisibles et compréhensibles par les chercheurs et offreurs d’emplois. Les multiples opérateurs sont par ailleurs très insuffisamment connectés au monde économique, aux entreprises, aux employeurs en général. Enfin, des offres de services proposées notamment par des associations peinent à se déployer ou sont sous-utilisées. A titre d’exemple, en Ile de France, NQT a plus de 900 parrains disponibles qui ne trouvent pas de filleuls alors qu’il y a plus de 10 000 demandeurs d’emplois potentiellement concernés. Chez Papa Charlie, qui loue à prix réduit des véhicules aux chercheurs d’emploi ayant des problèmes de mobilité, la moitié des 120 véhicules disponibles ne sont pas utilisés.
Les cloisonnements multiples et les logiques de dispositifs et de structures favorisent le syndrome du « touche pas à mon pauvre » et engendrent beaucoup de pertes en ligne qui obèrent sérieusement l’efficacité des dispositifs, notamment au regard des moyens engagés.
S’engager autrement : le Pôle citoyen pour l’emploi
Convaincus qu’il est possible de faire mieux collectivement, nous avons décidé d’engager une mobilisation coordonnée d’acteurs de la société civile (associations, entrepreneurs, entreprises, réseaux…) engagés dans la lutte pour l’emploi et de promouvoir sur les territoires des bouquets d’initiatives opérationnelles favorables à l’emploi. Il ne s’agit pas de « faire à la place de » mais d’abord de faire « en plus » et surtout différemment, en partenariat étroit avec les structures emploi/insertion/création d’entreprises déjà à l’œuvre sur le territoire, en y agrégeant d’autres initiatives expérimentées ailleurs et en recherchant les articulations, synergies, mutualisations possibles.
Nous pensons qu’il est possible d’être beaucoup plus efficace en articulant mieux, dans la proximité, les moyens existant. C’est l’idée du Pôle citoyen pour l’emploi (PCPE) qui sera expérimenté en Seine-Saint-Denis dans les prochains mois à l’initiative et avec l’appui du réseau GNIAC (www.gniac.fr), en partenariat avec BBZ (www.bleublanczebre.fr).
Ce Pôle fédérateur et accélérateur d’initiatives et de partenariats sera basé sur les principes d’action suivants :
une approche de l’accès à l’emploi partant d’abord des compétences et capacités des personnes plutôt que des dispositifs, structures ou procédures. Il ne s’agit pas de placer telle ou telle mesure, contrats ou autres mais de les utiliser si nécessaire dans le cadre de projets de création d’activités ou d’accès à l’emploi
une logique de circuits courts et de recherche de qualité dans la relation et les services proposés tant aux chercheurs qu’aux offreurs d’emplois :
pour les chercheurs d’emploi : information, écoute, implication dans le programme, accompagnement renforcé (via un vaste réseau de collaborateurs bénévoles du territoire, impliquant notamment les cadres d’entreprises proposant des emplois)
pour les offreurs d’emploi (entreprises, associations, services publics…) qui s’inscriront dans la démarche: ils seront parties prenantes du programme : travail en commun sur la qualification et l’adaptation des offres, les parcours de formation/adaptation, volonté de recruter » autrement » (diversité, quartiers, empathie, communication) attention portée aux personnes et à leurs potentialités
avec les organismes emploi/insertion et les collectivités publiques associés au programme: une posture ouverte et collaborative: partage d’infos, visibilité, mutualisation, décloisonnement, dépassement des limites géographiques…
En appui du Pôle, un outil de mobilisation et de soutien aux personnes et aux initiatives sera créé à travers une fondation territoriale citoyenne ouverte à tous ceux qui souhaitent s’impliquer : entreprises, associations, collectivités, citoyens.
Premiers signataires : Thierry du Bouëtiez, Gilles Verdure, Haykal Soltani, Anne-Céline Ribadeau-Dumas, Olivier Fournier, Ahmed Bouzouaid, Patrice Bony, Mohamed Gnabaly, Denis Sabardine, Paul Landowski, Tarik Ghezali, Judicael Benet, Adel Nedja, Olivier Gilbert, Sébastien Poulet-Goffard, Soufiane Iquioussen, Chantal Monvois, Isabelle de Montgolfier