Vers une europe politique
Pas d’Europe politique, on connaît l’histoire : deux guerres mondiales et des millions de morts sur le continent.
Pas d’Europe politique, souvenons-nous des événements en Yougoslavie : la purification ethnique, 260 000 morts en Bosnie.
Pas d’Europe politique, et c’est le risque que les nations d’Europe se trouvent prisent en étau entre la puissance hégémonique américaine de la valeur pour l’actionnaire et la puissance émergente chinoise du dumping social.
Une Europe politique ? C’est donner une cohésion à l’action de 25 pays et leur donner les moyens solidaires d’action pour mieux faire face aux conflits, au terrorisme, à l’injustice sociale. La constitution européenne est cet outil. Ne nous trompons pas de débat! Nous ne parlons pas de la France mais de l’Europe, de son avenir.
Dire non à la Constitution européenne : un recul
Dire non serait moins une condamnation contre la politique désastreuse de Raffarin qu’une sanction contre cette Europe politique qui nous fait tant défaut.
Dire non, c’est faire semblant de croire que nous ne sommes pas dans un marché de libre échange alors que l’Europe, au-delà de son message de paix, a aussi été créée dans cette intention : un marché commun. L’aurait-on oublié?
Dire non, c’est pour la première fois après 50 ans de projets communs reculer dans la construction européenne, c’est affaiblir l’Europe, c’est affaiblir la France.
Dire non, c’est offrir à Bush et aux ultralibéraux la division de l’Europe sur un plateau.
Dire non, c’est prendre le risque d’une crise, dont certains pensent, comme les républicains à Valmy qu’elle est régénératrice de nouveauté. En réalité, c’est s’illusionner sur l’arrogance de la France à vouloir imposer une ligne égocentrée ou à prétendre renegocier le traité, par dessus la jambe de 24 autres pays.
Et comment demain, si le non l’emporte, les voix dissonantes et contre nature qui l’animent (souverainistes, fascistes, ultralibéraux, communistes, nostalgiques des grands soirs, seront-elles capables de proposer une alternative crédible ? Les non de gauche pourront-ils sabler leur victoire en chantant sachant qu’à côté d’eux de Villiers et Le Pen font de même?
Dire non, c’est mépriser les pays de l’ex-bloc de l’Est qui aspirent, malgré les défauts de nos systèmes, au bien être équivalent à celui que nous possédons. Ils ne comprendraient pas que la France leur claque la porte au nez et reconstruise un mur de Berlin au moment où ils entrent dans l’Europe.
Dire non, c’est faire de la France qui a toujours été à l’avant-garde des avancées européennes, le pays qui aura la responsabilité historique de la régression. Je le dis comme je le pense. Il y a un vieux fond poujadiste, xénophobe et chauvin à dire non.
Dire non, c’est la voie de la facilité et des humeurs passagères, alors que dire oui, c’est reconnaître le patient et exigeant travail de construction qui a permis à l’Europe d’être un contre-pouvoir et un modèle pour le Brésil de Lula comme pour celui des nouveaux entrants.
Dire oui à la constitution européenne : un cadre pour avancer en commun
Dire oui, c’est reconnaître l’historique prouesse qui consiste à mettre d’accord 25 pays, 60 millions de syndicalistes, et plusieurs dizaines de partis d’opinions diverses.
Dire oui, c’est accepter la diversité des opinions qui fondent l’Europe et reconnaître le jeu de la représentation démocratique des élus des peuples.
Dire oui, c’est reconnaître la portée de l’enjeu. De même que la constitution française, la constitution européenne est un cadre de travail en commun, perfectible, et non un programme de gouvernement partisan , qu’il soit libéral ou socialiste ou autre.
Dire oui, c’est mieux, car on passe de l’Europe de l’acte unique, de celle de Maastricht et de Nice à un cran de plus, l’Europe des droits fondamentaux.
Dire oui, c’est enfin et surtout se donner une Europe politique avec un parlement européen renforcé qui a un réel pouvoir, des citoyens qui pourront faire valoir leur opinion avec un référendum d’initiative populaire, et une véritable maîtrise européenne de la diplomatie avec un ministre européen des affaires étrangères.
Avec un cadre constitutionnel européen, jamais la guerre en ex-Yougoslavie n’aurait été possible. C’est au moins une bonne raison de dire oui.