Miser sur l’agriculture pluviale
D’après les chercheurs, la seule alternative viable et rentable, c’est l’agriculture pluviale. La marge est grande. A condition de s’organiser au niveau mondial. Et ce ne sera pas une mince affaire. Les surface cultivées couvrent aujourd’hui 1240 ha en cultures pluviales et 260 millions en cultures irriguées. Restent 3 milliards cultivables. « La bonne gouvernance de l’eau passe par l’anticipation des difficultés à venir » souligne Ghislain de Marcily, maître d’œuvre d’un ouvrage collectif sur le sujet (« Les eaux continentales ». EDP Sciences.). Il s’agit d’évaluer l’arrivée de crises, la sècheresse, les inondations, mais aussi la détérioration de la qualité de l’eau. L’enjeu de l’agriculture pluviale est de perfectionner l’efficacité de l’utilisation de l’eau de pluie pour avoir plus de récolte par goutte. « Pour assurer l’alimentation mondiale, une augmentation des surfaces cultivées serait souhaitable là où les terres cultivables ne couvrent que 20% de la superficie, explique Paul Caro, chimiste. Cette agriculture pluviale peut fortement se développer en Amérique latine. Notamment au Brésil qui attend avec impatience son heure pour devenir un géant mondial agricole. Cette production nécessitera des échanges d’export-import mondiaux très importants. »
Cette proposition d’étendre les surfaces cultivées et le nombre de récoltes risque cependant de se heurter à de vives critiques écologiques. D’une part, elle sera en conflit avec la production de biocarburants qui représentent la priorité des pays développés. D’autre part, si on exploite les terres, cela risque de se développer aux dépends des forêts, des prairies et des zones humides et donc de porter préjudice à la biodiversité. « Le rôle des scientifiques est dès lors de prévoir l’évolution des écosystèmes afin d’éviter des erreurs fatales » souligne Ghislain de Marsily.
Yan de Kerorguen