Lire : « Ce jour-là sur la planète jazz »* : un petit swing bien enlevé
Notre collaborateur Jean-Louis Lemarchand cache bien son jeu et ses passions. Fan de jazz, il écrit la nuit, sans rien dire, et nous surprend un beau matin en arrivant avec un livre qui vibre encore du son des saxos.
Les différents chapitres qui composent ce petit livre sont comme des bons morceaux de jazz. Un peu comme des vinyls, ils vous embarquent en 33 tours dans les airs du Village Vanguard au New Morning. Et puis là, avec un petit verre de whisky, il suffit d’imaginer tous ces petits évènements et grandes anecdotes qui ont jalonnés l’histoire du jazz. Pour peu, vous rencontrerez l’auteur, Jean-Louis Lemarchand, un amoureux du jazz, non pas un exégète, mais un amateur au sens noble du terme qui se balade en sifflotant. Comme l’indique l’auteur, « le jazz est riche en évènements tout aussi imprévus qu’imprévisibles ». Il y a les dates majeures comme le concert de Charlie Parker et de Dizzy Gillespie au Massey Hall de Toronto ou encore Coltrane à l’Olympia, mais les évènements modestes sont annonciateurs de succès futurs ».
Dans son livre « Ce jour-là sur la planète Jazz », on rencontre « comme si on y était », comme si on les entendait, Billie Holiday, Charlie Mingus, Archie Shepp, et bien d’autres. Toutes les légendes du siècle ( le XXème) sont là. On les suit « en zig zag » dans leurs aventures de scène et d’avant-scène, en direct.
C’est tout le talent de Lemarchand que de nous passer le disque, modestement, et sans rayures. On apprend que le premier talent d’Ella Fitzgerald était de danser. C’est dans les coulisses de la salle de bal du Claridge, sur les Champs-Elysées que naquit le tandem Django Reinhardt et Stéphane Grapelli nous raconte l’auteur. On saura tout sur la chanson « Strange fruit » de Billie Holiday. Et en réalité peu de chose sur la mort d’Albert Ayler, mort mystérieuse dans l’East River. Assassinat ? Suicide ? Et puis voici John Coltrane qui débarque à l’Olympia, Miles Davis qui enregistre au cœur de la nuit « Ascenseur pour l’échafaud », le film de Louis Malle. On suivra aussi le dernier concert de Thelonius Monk. Jean-Louis Lemarchand achève sa tournée avec le pianiste Ahmad Jamal et le saxophoniste Yusef Lateef ( 172 ans à eux deux) qui se vouent une admiration mutuelle. Cela faisait plus de 50 ans que les deux vieux compères ne s’étaient pas vus. Beaucoup d’émotion et « une bonne leçon de jazz » conclut Lemarchand.
* Ce jour-là sur la planète Jazz… Jean-Louis Lemarchand. Editions Alter ego. Collection Jazz Impressions. Mai 2013. 104 pages. 12€