Zopa, Donjoy, Paltrust, Prosper, Friendsclear, Kiva sont quelques uns des 30 acteurs qui forment le marché des prêts de « peer to peer » sur internet, qu’on appelle aussi « banques 2.0 ».
Le mouvement est apparu en 2005 en Corée du Sud, puis en Angleterre, aux Etats-Unis et en Chine. Mêlant l’internet social et le prêt entre particuliers. Il représente la version moderne des systèmes coopératifs apparus aux XVIIIe siècle, comme la tontine.
Prêteurs et emprunteurs se retrouvent sur une plateforme internet pour y concrétiser un accord. Cette plate-forme offrant une palette de services qui vont de la fourniture d’un cadre juridique pour sécuriser la transaction, à la répartition de l’argent des préteurs sur plusieurs emprunteurs afin de moyenner les risques.
Basé sur le modèle des sites d’enchères tels que eBay, les emprunteurs estiment le taux d’intérêt maximum qu’ils sont prêts à payer. Aux prêteurs ensuite de faire la meilleure offre et de choisir les profils qui leur semblent digne de confiance. Comme les emprunteurs, les prêteurs sont en général des particuliers qui n’ont rien à voir avec le monde bancaire.
Les utilisateurs de ces réseaux peuvent emprunter ou prêter jusqu’à 25.000 dollars maximum. Ces plateformes permettent de s’affranchir de toute intermédiation bancaire et viennent concurrencer les banques et les sociétés de crédit qui avaient, jusqu’ici, le monopole du marché du prêt aux particuliers.
Les particuliers qui s’adonnent à ce « banking social » sont le plus souvent animés par l’idée de rendre service le plus souvent dans le cadre d’un réseau social, donc de gens qui « se reconnaissent » ou sont animés par les mêmes principes. Qui pour permette à un ami de rembourser des soins médicaux, qui pour aider un jeune à monter un projet, qui pour épauler un proche face à une dépense non prévue ou bien tout simplement aider un inconnu qui partage certaines valeurs.
Le présupposé susceptible de rendre le système pérenne est que les pauvres payent mieux leurs dettes que les riches. Et que dans un système de confiance où la dimension sociale est forte, les choses marchent mieux. Cela a été prouvé par le micro-crédit. Plus de 95% des emprunteurs qui les utilisent les fonds remboursent rubis sur l’ongle. C’est aussi vrai pour le taux de risque du prêt de pair à pair qui est beaucoup plus faible qu’un emprunt classique (entre 0,6% et 3% de taux de défaut de paiement contre 5,8% dans le secteur bancaire). A la différence des investissements anonymes que des particuliers font à travers leurs banques, là au moins, on sait à qui on prête. Tout repose sur la réputation. Un mauvais payeur est vite sorti du système comme pour c’est le cas dans le site eBay. L’identité des mauvais payeurs est communiquée.
« Nous avons l’ambition de permettre au plus grand nombre de réaliser avec facilité leurs prêts familiaux et amicaux » souligne Jean-Christophe Capelli, un jeune entrepreneur qui vient de se lancer dans l’aventure. Pas facile ! La législation en France ne facilite pas vraiment le développement du banking social. C’est l’un des derniers pays dans lequel apparaissent les plateformes d’emprunts entre particuliers en Europe, après le Danemark, les Pays Bas, l’Italie et l’Allemagne.
Selon la dimension ‘sociale’ de la plateforme, elles s’adressent à des cibles différentes. Il existe aussi des plateformes purement sociales, proposant le financement de projets solidaires, triés par des institutions de micro finance. On fait appel à des prêteurs solidfaires qui souhaitent prêter leur argent pour aider au développement de projets qui sont susceptibles de les toucher, dans leur propre pays ou dans des pays en voie de développement.
Un autre groupe du banking social est constitué de structures à vocation financière, qui offrent aux prêteurs des placements avec des taux attractifs et un risque calculé, et aux emprunteurs des prêts à un taux intéressant et plus facile à obtenir que dans un organisme financier classique.
Selon une version optimiste du Gartner Group, les plateformes de P2P lending pourraient conquérir 10% du marché du crédit d’ici 2010.