Ecopolis ou écoquartiers, la ville de demain doit réduire son empreinte carbone
A quoi ressembleront les villes de demain? Géantes, concentrées ou au contraire diffuses, étalées, ou encore en grappes…? De multiples variantes sont envisageables. Alors que 75% de la population mondiale devrait vivre en ville en 2050, il est nécessaire d’envisager dès aujourd’hui de réduire au maximum l’impact sur l’environnement.
Selon les experts, les zones urbaines du monde utiliseront d’ici trente ans environ trois fois plus d’énergie que les métropoles actuelles qui couvrent environ 2 % de la surface de la terre mais rassemblent déjà environ 75% de la demande mondiale d’énergie. Bonne nouvelle toutefois, des rapports récents ont montré le rôle que peut jouer le développement durable face à la crise économique actuelle, permettant d’accélérer les changements de comportements en matière d’environnement, en commençant par mesurer le « prix de la pollution ».
Le concept d’Ecopolis développé depuis plusieurs années par l’architecte australien Paul F Downton – promoteur de l’architecture durable et de l’écologie urbaine, sur le principe d’une ville dont les habitants ont l’empreinte carbone la plus basse possible, respectant les principes écologiques et autonome en termes d’alimentation et d’énergie- gagne de plus en plus les esprits. D’ailleurs, dans son dernier ouvrage, « Architecture and cities for a changing climat » (1) il rappelle la nécessité d’associer toutes les disciplines concernées pour concevoir des villes du future spontanément durables en phase avec la biosphère les entourant.
Trois quarts de la population mondiale installée dans des zones urbaines d’ici trente ou quarante ans, autant de problèmes, pour transporter, nourrir, habiller leurs habitants. Daniel Kammen, professeur à l’université de Berkeley aux Etats-Unis, qui dirige le laboratoire des énergies renouvelables estime nécessaire – au risque sinon d’avoir une empreinte carbone si importante qu’elle s’avèrerait insupportable pour la planète- d’utiliser les meilleures “green” technologies dès aujourd’hui afin d’arriver à concevoir et mettre en place une expérience urbaine « durable » demain.
Premier exemple, nourrir les habitants des écopolis grâce à des jardins urbains pour limiter les transports polluants, de même explorer la capture de méthane liée aux exploitations agricoles classiques, et les techniques de réfrigération et le recyclage de l’eau par ultrason ; ensuite, équiper les bâtiments d’au moins quatre technologies efficientes en matière d’énergie comme les toitures végétales, l’électricité solaire hybride, les nano cellules photovoltaïque, l’aérogel comme isolant qui est 37 fois plus efficace que la laine de verre; repenser les transports à travers les biocarburants, recycler les ordures autrement, utiliser l’énergie du gaz dégagé par le plasma ou les eaux usées pour le chauffage , promouvoir le biochar, qui en plus de fertiliser les terres, séquestre dans le sol le CO2 de l’atmosphère.
Sans attendre une Ecopolis « clef en main » sortie de terre (à l’instar du projet mené Chine, voir infra) certains écoquartiers ont pris les devants comme ce fut le cas en Grande-Bretagne, en Allemagne ou en suède, notamment. Le quartier de BedZed, au sud de Londres a réduit de 50 % son empreinte écologique et n’utilise aucune énergie fossile ! Fort de ce résultat le projet d’ « Ecotowns » -villes vertes qui produisent plus d’énergie qu’elles en consomment et affichent un bilan carbone positif a été relancé par Gordon Brown, dix » ecotowns » de 5000 à 20000 habitants devant être construites.
C’est aussi le cas de la zone de « Hammerdy Sjöstat » en Suède quartier durable de Stockholm en Suède issu de la reconversion d’une zone industrielle ; ou en Allemagne, de l’écoquartier Vauban à Fribourg, qui est depuis dix ans un véritable laboratoire du développement durable. La ville de Francfort a aussi systématisé son action, avec comme objectif de réduire ses émissions de 10% tous les cinq ans grâce à des mesures axées sur l’efficacité énergétique des bâtiments (tant en matière de construction que de rénovation).
Car le logement contribue à 20 % des émissions de gaz à effet de serre et représente 46 % de la consommation d’énergie devant le transport (30 %) et l’industrie (25 %). En France, le rapport Attali recommande la construction d’une dizaine de villes ou quartiers écologiques appelés aussi « Ecopolis » avant 2012 en France, « laboratoires de la modernité urbaine, avec un souci permanent d’équilibre financier, écologique, technologique et social ». Il s’agit d’associer haute qualité environnementale et technologies de pointe, en matière de transport, de communication, de développement des énergies renouvelables. Car le développement de vrais moyens de communication accessibles à tous participe aussi à faire baisser l’empreinte carbone de chacun. Aussi la dimension 2.0 de la ville de demain (voir papier) doit être évidemment prise en compte.
En mars dernier, les huit premiers écoquartiers d’Ile de France ont été lancés dans le cadre du Grenelle de l’Environnement et du contrat de projets 2007-2013 partagé par l’Etat et la région. Ils sont caractérisés par une mixité entre logements, activités, équipements et espaces publics, avec des bâtiments répondant aux normes basse consommation (maximum 50 kWh/m2/an), proposant des modes de déplacements alternatifs à la voiture. De son coté la Ville de Strasbourg lance son second projet d’écoquartier, »Quartier de la Brasserie » à Cronenbourg qui devrait voir le jour en 2012 , et accueillera notamment des bâtiments répondant à différentes normes de performance énergétique ( label de très haute performance énergétique ou label basse consommation). La place de la voiture sera, là aussi, limitée avec une offre de service pour l’auto-partage ou moins de places de stationnement des véhicules. Car là est bien le point sensible.
Au-delà de l’écoquartier « vertueux », il faut bien évidemment penser le réseau de transports et le territoire dans lequel il s’insérera souligne Jean-Pierre Gautry, président de la Société française des urbanistes qui souligne que construire des habitations écologiques ne suffit pas à créer une ville verte ! Et comme le rappelle Paul F Downton, l’ Ecopolis passe par la compréhension et le respect de l’ensemble de l’écosystème environnant, une évidence pas toujours assimilée.
(1) en anglais, édition Springer, avril 2009
La Chine, première sur les rangs?
La Chine sera-t-elle le premier pays à construire la première ville verte – ou Ecopolis au monde, à travers le projet de Dongtan. Un véritable défi dans un pays qui compte 20 villes parmi les 30 premières du classement mondial des plus polluées
Vantée comme une ville répondant aux enjeux du développement durable, Dongtan devrait accueillir 500 000 habitants en 2050. Une première partie devrait être prêt pour en 2010 à l’occasion de l’exposition universelle de Shanghai. Dongtan se devra d’être énergétiquement autonome grâce à l’installation de nombreux panneaux photovoltaïques et mini- éoliennes. Le transport collectif sera alimenté par l’énergie solaire, la biomasse ou des piles à combustibles. Les immeubles seront équipés de toitures végétalisées. Les deux tiers de la ville seront consacrés aux espaces verts et notamment à l’agriculture biologique.Reste que la ville verte sera construite en zone humide sur un écosystème très riche en matière de biodiversité. Que penser alors de la perte de la biodiversité que risque d’entraîner ce projet…… ?
En Corée, une île artificielle pour une ville ultra connectée
New Sondgo City (www.sondgo.com), est un projet coréen de ville dédiée aux nouvelles technologies construite sur une île artificielle à 60 km de Séoul Cette une U-ville, U pour « ubiquitous computing » qui devrait voir le jour en 2014: une ville informatique qui autorisera tous les systèmes d’information à partager leurs données. Tout sera connecté et suivi en temps réel. Des cartes-clefs de maison qui permettront de louer un vélo, de prendre le bus ou d’emprunter un livre à la bibliothèque, d’aller à l’opéra jusqu’aux poubelles intelligentes qui créditeront le compte de celui qui trie correctement ses ordures. Sans oublier une surveillance médicale 24h/24…. Bref, « big brother » veille, grâce à une technologie poussée à outrance, à coup notamment de RFID. « Une expérience, une façon de vivre» explique la présentation. Songdo accueillera 500 000 personnes travaillant sur place en 2020, dont la moitié de résidents à temps plein : bureaux, appartements, hotels, musées, écoles…tout est prévu.