Depuis plusieurs années, une grande plaque de déchets grande comme 1/3 de la superficie de l’Europe flotte sur l’océan pacifique. La faute à qui? A notre hyperconsommation!
On pense généralement que la pollution des mers est le fait du dégazage massif des porte containers ou bien des marées noires ou encore de l’exploitation industrielle des océans. Les pollutions d’origine terriennes sont aussi largement en cause. Eaux usées, sacs et bouteilles en plastique, ordures ménagères et pesticides agricoles, pullulent et mettent en péril les écosystèmes marins, faisant de nos océans une véritable déchetterie. Bref, la mer court le risque de devenir une gigantesque poubelle à ciel ouvert.
Une étude menée par des chercheurs de l’université de Californie, vient de révéler que la concentration de déchets plastiques flottant à la surface du Pacifique nord a été multipliée par cent en quarante ans.
Chaque année l’océan reçoit près de 7 millions de tonnes de débris venant de la terre, transportés par le vent et les cours d’eau. 90 % de notre pollution finirait dans les océans ! 80% de la pollution marine est d’origine terrestre. (L’OMI estime que la contribution du secteur maritime à la production de gaz à effet de serre est de 843 millions de tonnes.
Dans l’hexagone, l’urbanisation du front de mer pose d’importants problèmes de gestion des eaux usées. Pour se mettre en conformité avec la directive européenne sur les déchets, les ports français doivent être en mesure de réceptionner les ordures ménagères, les eaux sanitaires, les huiles de fond de cale et les orienter vers des stations d’épuration. Au début, cette alimentation nourrit les algues qui prolifèrent. Mais plus elles sont nombreuses, plus elles consomment l’oxygène dissout dans l’eau. Elles sont ensuite dégradées par des microbes qui eux aussi ont besoin d’oxygène. Coquillages, crustacés, poissons, meurent asphyxiés.
La pollution intervient en général en période estivale lorsque les eaux se réchauffent. Qu’il s’agisse des métaux industriels précipités par les pluies, des engrais et pesticides charriés par les cours d’eau, des déchets portuaires, des détergents, des produits chimiques variés, des huiles diverses, des plastiques, la mer est obligée d’en avaler des quantités incroyables. Sur les 100 millions de tonnes de plastique produits chaque année, près de 10% finissent à l’eau. Les emballages, sacs ou bouteilles en plastique forment 90% des immondices. Ils mettent entre 500 et 1000 ans à se décomposer totalement.
Une étude de l’IFREMER a tenté d’estimer le nombre de déchets gisant au fond des mers (30 campagnes océanographiques ont été effectuées, complétées par des observations par submersibles habités Cyana et Nautile). Résultat: c’est près de 150 millions de tonnes qui se trouveraient actuellement dans la mer du Nord, 50 millions dans le golfe de Gascogne et 40 millions dans la mer Adriatique.
Le bassin méditerranéen décroche la timbale avec près de 300 millions de tonnes. Là encore, ce sont les emballages plastiques (sacs remis aux caisses des supermarchés, bouteilles, etc.) qui représentent la principale source de pollution, 60 à 95% selon les sites. Ces plastiques, matières synthétiques, et composants chimiques qu’ils contiennent, ont des effets désastreux sur de nombreuses espèces marines comme les albatros, les phoques, les baleines et les poissons, soit parce qu’ils s’y enchevêtrent soit parce qu’ils les prennent pour des proies et les avalent. 267 espèces différentes seraient affectés.( « Les débris plastiques et pollution des océans ». Rapport Greenpeace. 2006 ).
Depuis une vingtaine d’années, le monstre boulimique de déchets déversés dans les océans, observé par les chercheurs californiens, bâtit son empire sur 3,43 millions de km2, entre Hawaï et la Californie, soit un tiers de la superficie de l’Europe. Flottant entre deux eaux, bloqués là par les grands courants marins, cette gabegie gigantesque s’accumulerait autour du « grand vortex nord-pacifique ». Les gens de mer parlent de la « Grande plaque de déchets du Pacifique » comme on parle la « Grande barrière de corail ». Les micro-organismes qui nettoient l’océan ne les absorbent pas. Dans certains endroits, l’amas de plastiques est six fois supérieur à celle du plancton. Toute la chaine alimentaire s’en trouve perturbée. La tortue qui prend ces plastiques pour des méduses en est la première victime. Greenpeace estime à environ 100 000 mammifères marins et à un million d’oiseaux le nombre de victimes de ce monstre polymérisé. Le drame est que personne n’a encore trouvé le moyen de résoudre ce problème. Autre incidence, au bout de quelque temps, les micro-organismes se fixent sur les plastiques, les alourdissent et les font couler. Les fonds sous marins deviennent de gigantesques décharges.
Dernière menace en date: cette gigantesque plaque de déchets qui dérive sur le Pacifique représente un incubateur de rêve pour l’Halobates sericeus. Cette espèce d’araignée d’eau est un prédateur, qui se nourrit de zooplancton et d’oeufs de poisson. « Si la densité de ces micro-plastiques continue à augmenter, les espèces qui leur sont associées, comme l’Halobates sericeus, pourraient elles aussi continuer à se multiplier, peut-être au détriment de leurs proies », expliquent les chercheurs de l’université de Californie. Et cela au risque de menacer fortement le fragile équilibre de l’écosystème du Pacifique
Plusieurs milliards de déchets gisent aussi au fond du bassin méditerranéen. Toutes ces pollutions sont aggravées par le rejet massif des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Plus de 6 milliards de tonnes de carbone sont rejetés chaque année dans l’atmosphère. Une partie importante est absorbée par les océans et les plantes mais la quantité de C02 rejetée par les activités humaines est aujourd’hui trop importante pour que ces puits naturels de carbone continuent à jouer leur rôle.