« Une feuille de route déconnectée des réalités » : c’est le jugement de l’Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) à l’issue du Comité interministériel des villes (CIV) qui s’est réuni sous l’autorité du Premier ministre.
L’AMGVF pousse un cri d’alarme : « Il importe de répéter que la situation s’aggrave dans les quartiers prioritaires, avec un sentiment partagé d’abandon chez les habitants. Le risque des replis est là, alors que la stigmatisation des habitants, selon leur origine, voire leur religion réelle ou supposée, renforce l’incompréhension et les violences, notamment chez les plus jeunes. »
Tous les acteurs locaux restent sur leur faim après la réunion du CIV qui était le premier du genre depuis deux ans. L’AMGVF, que préside Michel Destot, maire de Grenoble, estime que « la politique de la ville ne semble pas être une priorité du Gouvernement qui n’a fait que rappeler des mesures connues ou déjà annoncées (internats d’excellence, cordées de la réussite, programmes de réussite éducative, CUCS expérimentaux sur une trentaine de sites, maisons de santé), tout en repoussant le lancement, réclamé par de nombreux élus de grandes villes et de banlieues de toutes sensibilités, d’un programme de rénovation urbaine après 2013 (dit ANRU 2) et d’une géographie prioritaire renouvelée. »
Les associations d’élus locaux qui veulent incarner la France urbaine AMGVF-ACUF-Ville et Banlieue, ont élaboré un Livre vert, « Le Manifeste AMGVF-ACUF-Ville et Banlieue pour une réforme de la politique de la ville ». Elles critiquent les reports successifs des décisions. « De report en report, ces dossiers n’ont pas avancé et les annonces du dernier CIV n’ont guère fait bouger les lignes.
En dépit de l’unanimité qui prévaut sur la rénovation urbaine, le Premier ministre a ainsi demandé au ministère de la Ville de conduire une nouvelle réflexion sur ce dossier, avec des propositions à formuler d’ici à l’automne 2011, sans autre précision », déplore l’AMGVF, « signe du caractère souvent flou ou imprécis de bon nombre d’annonces faites lors de ce CIV, la liste des 33 sites devant faire l’objet de CUCS expérimentaux, dès 2011, n’a pas été diffusée, ceux-ci étant, dit-on, encore l’objet de discussions et d’arbitrages ministériels.
« Pour les maires de grandes villes, « la mobilisation appelée du droit commun, en complément des (modestes) crédits de la politi¬que de la ville, résonne comme une forme d’incan¬tation. Force est de constater qu’aucun engagement ni objectif chiffré n’a été demandé aux ministères et l’on se souvient encore des annonces de programmes triennaux restés sans suite, après le CIV de Meaux, en juin 2008. »