Dans une classe moscovite, un élève très particulier participe aux leçons: Stepan, un robot en plastique monté sur roues, est à l’école pour aider un petit garçon atteint de leucémie en suivant les cours à sa place.

Equipé d’une caméra web, d’un micro et d’enceintes, le robot Stepan retransmet en temps réel tout ce qui se passe dans la classe vers l’ordinateur à domicile du vrai Stepan, un enfant de 12 ans qui n’a pas le droit de quitter son domicile, son système immunitaire étant trop affaibli.

A l’insu souvent du grand public, des communautés savantes et des fanas de robotique, imaginent et découvrent à longueur de temps des applications parfois amusantes, parfois révolutionnaires, mais toujours surprenantes pour un non initié. Ces chercheurs font vivre l’univers des Robots imaginé par Isaac Asimov, doué d’une créativité débordante qui en fit sans doute le plus grand penseur du siècle dernier sur les applications de la robotique dans notre quotidien.

Depuis les progrès de la robotique, les avancées en matière de télémanipulation et de rétroactions tactiles ont amené l’homme à multiplier les applications de la téléprésence. Les premières expériences de téléchirurgie ont déjà quelques années. La NASA étudie les applications de la téléprésence robotique pour ses cosmonautes. Des entreprises développent des robots de surveillance pouvant être asservis à des gardiens installés à distance, à l’abri du danger. Même démarche pour les opérateurs dans les centrales nucléaires qui pourront sans risque opérer dans des espaces radioactifs.

Ainsi de part le monde, des assistances télécommandées en direct par des opérateurs humains pourront se livrer à des activités très spécialisées dans des environnement hostiles, dans les grands froids des pôles, sous la mer, sous terre, en se glissant dans des éboulements de tremblement de terre ou tout autre catastrophe qui semblent se multiplier de par le monde.

Des unités robotiques multi spécialisées seront installées un peu partout dans les grands centres de secours afin de pouvoir être mobilisées en quelques instant sans qu’il soit nécessaire d’attendre des jours pour les secours de premier échelon. Mieux encore des robots asservis spécialement à des personnes souffrant d’handicaps spécifiques pourront suppléer partiellement ou totalement à leurs limitations.

Voyageurs immobiles, les uns et les autres iront, nouveaux télétravailleurs, nouveaux et étranges touristes, fréquenter des lieux autrement inaccessibles ou dangereux. Déjà l’industrie des loisirs s’empare des capacités en développement des « sensations à distance » pour enrichir encore les applications de la téléprésence. Aussi, s’il n’est guère difficile de se convaincre que le siècle en cours verra l’explosion de la téléprésence robotique, comment ne pas s’interroger sur la faible visibilité des programmes de recherche et d’application de cette discipline en France. L’industrie française avait pris du retard dans la mise en œuvre robotique dans ses usines, devancée par le Japon, la Corée du Sud, l’Allemagne. Saura-t-elle se ressaisir en reprenant un leadership encore possible dans les applications de la téléprésence robotique aux multiples ouvertures sur des marchés d’une grande diversité.

Chaque nation a le pouvoir de se fixer de grands objectifs industriels. Aujourd’hui, l’urgence n’est pas de rallumer les fours d’Arcelor Mittal à Florange mais d’y développer une branche de la téléprésence robotique où les français peuvent encore, grâce aux travaux de quelques précurseurs, dominer un marché prometteur. Les défis sont nombreux, la concurrence déjà rude, et la dotation du grand emprunt prévue pour le développement des robots humanoïdes français une excellente nouvelle. La création du premier fonds d’investissement européen dédié à la robotique en est une seconde.

Le marché des applications de la robotique de service est estimé à près de 100 milliards de dollars à horizon 2020. C’est à dire demain. Alors que la France dispose d’indéniables compétences en robotique industrielle et en R&D dans ce secteur, me croirez-vous, je n’ai pas trouvé un seul pole de compétitivité, pas un seul cluster dédié à la robotique en France ! Pour en savoir plus

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Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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